Départ Mondorf-les-Bains et arrivée à San Nicandro, 1 500 kilomètres plus loin, dans les Pouilles. Voilà le résultat d’un pari qui s’est transformé en une aventure pour la bonne cause.
Ils arrivent après neuf jours d’un voyage «éprouvant» mais tellement «réjouissant» comme ils en témoignent aujourd’hui et comptent venir s’échouer ce dimanche sur une plage des Pouilles. Pas n’importe laquelle. La plage de Torre Mileto sur la commune de San Nicandro Garganico, là où toute l’aventure a commencé il y a deux ans.
Originaires de Mondorf-les-Bains, Mattéo et Vincenzo retournent régulièrement dans cette cité des Pouilles, berceau familial, pour rendre visite aux cousins restés sur place. Cet été 2019, il y a un mariage dans la famille qui se termine sur la plage à une heure avancée de la nuit. Passionnés de vélo, Mattéo et Vincenzo n’ont de cesse d’évoquer leurs sorties si bien qu’un des cousins leur lance un défi : puisqu’ils aiment tant pédaler, ils n’ont qu’à venir de Mondorf à San Nicandro à vélo, soit 1 500 kilomètres et pour une bonne cause. Ils topent et signent même un papier qui les engage à tenir parole.
Cette fois c’est du sérieux. Ce n’est pas la balade du dimanche, même si les parcours sont parfois difficiles. Ici, c’est neuf journées d’effort avec une moyenne de 160 km par jour. Ils ne sont pas allés chercher loin pour trouver les meilleurs conseils en matière de préparation. Originaire comme eux de Mondorf-les-Bains, un certain Frank Schleck, qui est aussi un de leurs amis, s’est chargé de les accompagner.
«Il nous a coachés», explique Vincenzo sur la ligne de départ samedi dernier. Ce jour-là, ils étaient fins prêts sauf qu’ils ne s’attendaient pas à voir autant de monde à 9h30 à l’entrée du Casino 2000. La famille, les amis, des représentants communaux, quelques journalistes et ce qui devait être un départ symbolique s’est transformé en cérémonie officielle avec micro tendu et coupé de ruban.
Même la mascotte de la Fondatioun Kriibskrank Kanner est arrivée au petit trot pour rendre hommage au duo qui allait donner des coups de pédale au profit des enfants malades. Non seulement, le pari consistait à parcourir la distance à vélo mais encore fallait-il que l’effort soit utile. Ils créent la page Matteo et Vinc charity ride sur les réseaux sociaux, commencent à récolter des fonds et laissent le soin à l’Associazione Lussemburgo il Gargano d’organiser tous les contacts, car il fallait trouver une association en Italie pour partager équitablement la cagnotte. Son président, Tommaso Panza, était présent également au départ et comme bon nombre de membres actifs, il sera présent à l’arrivée.
L’association a été créée pour regrouper tous les Italiens du Luxembourg originaires de cette région des Pouilles, «moins développée que les autres régions touristiques», comme l’explique Tommaso Panza, mais dont les beautés naturelles et patrimoniales méritent le détour.
Plein les yeux
Des beautés de ce genre, Mattéo et Vincenzo en prennent plein les yeux depuis samedi dernier. «Le plus dur sera fait après le passage du Gothard», avait prévenu Frank Schleck. Le jour du départ. Pour donner du courage aux deux aventuriers, quelques copains avaient décidé de les accompagner jusque-là. «Le Gothard, c’est magique ! Mais heureusement qu’il y avait les copains pour le franchir ça m’a donné une force supplémentaire et j’en avais besoin quand on m’a dit que l’étape du jour faisait 146 kilomètres dont 40 de montée», avoue Matteo pendant une pause cappuccino, à la moitié du parcours. «Il faut boire un cappuccino tous les 50 kilomètres», conseille vivement Matteo, la voix chargée d’enthousiasme.
Ce trajet Luxembourg-San Nicandro, ils le connaissent par cœur pour l’avoir parcouru depuis des décennies. Mais forcément, quand on prend le tunnel et pas le col, on n’imagine pas le spectacle au sommet. «C’est merveilleux et ça nous encourage à poursuivre», explique encore Matteo.
Sur leur page Facebook, ils postent les photos des paysages qu’ils traversent et leur émerveillement devient évidence. «Les pistes cyclables sont excellentes en France et en Suisse, surtout on a été gâtés», poursuit Matteo. Ces petits villages et mêmes certaines villes moyennes dont ils ne voyaient que les panneaux ne leur sont plus méconnus aujourd’hui. «Bon sang que c’est beau», reprend Vincenzo. Ils s’arrêtent dans les marchés, prennent leur petit cappuccino sur des placettes à l’ombre et reprennent leur périple sans se plaindre.
«On a un moral aussi solide que les rochers du Gothard», affirme Matteo. Les quatre premières étapes étaient très difficiles, mais maintenant «c’est plus plat». En revanche, le facteur qui joue en leur défaveur c’est la chaleur. «Hier on a eu 31°C et là on est à 29°C à 11h. Il faut s’arrêter plus souvent pour remplir les gourdes», conclut-il.
«C’est une aventure, c’est incroyable. Déjà le départ avec tout ce monde, on ne s’attendait pas à ça. Quand j’y pense, j’ai encore la chair de poule», confie Vincenzo. Il ne sait pas encore ce qui l’attend à l’arrivée ce dimanche à San Nicandro, où plus précisément sur la plage de Torre Mileto où tous les villageois se retrouvent ce jour-là. Pour sûr, il y aura déjà la famille, et elle est nombreuse. Soudée aussi. Elle les a accompagnés moralement depuis le début de l’aventure et sera là pour les accueillir. Pour l’heure, ils ont récolté quelque 25 000 euros mais la cagnotte est encore ouverte. RDV sur la page Facebook Matteo et Vinc charity ride.
Geneviève Montaigu