Les visiteurs étrangers de la capitale thaïlandaise étaient choqués et inquiets pour la Thaïlande après l’explosion d’une bombe dans le centre de Bangkok lundi soir, marquant un terrible retour de la violence au «Pays du Sourire».
20 personnes ont été tuées par l’explosion – y compris huit étrangers – deux Malaisiens, deux Hong-Kongais, un Singapourien, deux Chinois et un Indonésien, d’après la police – et plus de 125 ont été blessées, dont de nombreux touristes qui visitaient le sanctuaire religieux, cible de l’attaque.
Les auteurs de l’attentat ont visé un site très fréquenté par les habitants de la capitale comme par les touristes. Les autorités estiment qu’ils ciblaient les «étrangers» et voulaient «porter atteinte au tourisme», l’un des rares secteurs en bonne santé d’une économie thaïlandaise en berne.
Le sanctuaire touché se trouve au pied du Grand Hyatt, un hôtel cinq étoiles, et il est entouré par plusieurs grands centres commerciaux qui attirent des dizaines de milliers de visiteurs chaque jour.
Lundi soir, après l’explosion, les passerelles pour piétons, construites au-dessus de l’avenue touchée, qui servent à relier le métro aérien et les différents centres commerciaux, étaient exceptionnellement vides. Dans les rues au-dessous, stationnaient des dizaines de policiers et des soldats dans des postes de contrôle.
«Cela ne m’empêchera pas de venir en Thaïlande, mais je suis sûr que cela va nuire à l’économie thaïlandaise parce que les gens auront peur», a affirmé à l’AFP Michael Williams, un Britannique de 69 ans qui a déjà effectué de nombreux voyages en Thaïlande.
«Cela m’attriste énormément», a-t-il ajouté, debout devant un hôtel, à proximité du cordon de police. «Les gens vont certainement réfléchir à deux fois avant de venir en Thaïlande maintenant».
Howard Fenton, Australien et programmeur informatique de 50 ans, est lui aussi un visiteur régulier. Il admet que cela pourrait le dissuader de venir dans la capitale thaïlandaise.
Impact sur le tourisme
«La Thaïlande est un grand pays et il y a beaucoup d’endroits à visiter, mais cela va certainement avoir un effet sur le tourisme», estime-t-il. «J’espère vraiment que le bon sens va l’emporter et que cela ne va pas basculer dans une spirale vraiment choquante, ajoute-t-il.
L’explosion a frappé Bangkok seulement quelques heures après la publication des chiffres de la croissance, qui montrent que l’économie du pays est toujours à la peine au deuxième trimestre, notamment en raison d’une faible demande intérieure et d’exportations en berne.
Mardi, au-lendemain de l’attentat, le cours du baht thaïlandais s’est effondré, touchant un plus bas depuis six ans. La Bourse de Bangkok était également en baisse, inquiète des répercussions que cela pourrait avoir sur le secteur du tourisme qui représente 8% du PIB.
Début août, les autorités ont indiqué que 12,4 millions de touristes avaient visité le pays au cours des cinq premiers mois de cette année, une hausse de 25% par rapport à la même période de l’année dernière.
2014 a été une année sacrifiée pour le tourisme, les manifestations de rue qui se sont poursuivies pendant des mois avant d’aboutir à un coup d’Etat militaire ayant fait fuir les visiteurs.
La sanctuaire Erawan visé est un lieu très populaire dédié au dieu hindou Brahma, mais visité aussi chaque jour par des milliers de fidèles bouddhistes. Il est particulièrement populaire auprès des visiteurs chinois, qui sont de plus en plus nombreux à se rendre en Thaïlande.
Peu après les explosions, la ministre du Tourisme Kobkarn Wattanavrangkul s’est rendue à l’hôpital Chulalongkorn, où de nombreux blessés étaient soignés. «Nous voulions nous assurer qu’il y a bien des traducteurs, savoir s’il y en avait assez parce que beaucoup de Chinois ne peuvent pas parler anglais», a-t-elle expliqué à l’AFP.
«Cette attaque est la pire jamais» commise, a déclaré devant des journalistes Prayut Chan-0-Cha, chef de la junte et Premier ministre depuis le coup d’Etat de mai 2014, ajoutant qu’elle «ciblait directement des personnes innocentes».
D’après ce dernier, un suspect a été identifié grâce aux images des nombreuses caméras de surveillance de la capitale.
Il a ajouté que la police était également en train d’enquêter sur des messages Facebook qui auraient averti d’un danger imminent à Bangkok avant l’explosion de la bombe. Ces messages proviennent d’un «groupe anti-junte» basé dans le nord de la Thaïlande. «Nous sommes à leur recherche maintenant certains d’entre eux sont en Issan (nord-est du pays)», a-t-il ajouté.
AFP
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