Dépossédé dans les buts de Tim Kips, passé pro en Allemagne, le F91 a vite et bien réagi en rapatriant la légende locale Jonathan Joubert, dans une impasse au Swift.
C’est, en France, un écueil gravé dans le marbre, auquel les automobilistes ne peuvent pas couper mi-juillet : le fameux week-end de chassé-croisé des départs et retours de vacances. Natif de Metz, le gardien franco-luxembourgeois Jonathan Joubert en a forcément déjà entendu parler, et y a peut-être déjà goûté – quelle idée – mais le sien, de chassé-croisé, ne s’est pas joué sur les routes mais au stade Jos-Nosbaum. Un lieu qu’il connaît bien, pour avoir évolué seize saisons à Dudelange entre 2004 et 2020 (458 matches), et qu’il vient de retrouver après un an du côté d’Hesperange, pour ce qui constitue l’un des transferts les plus inattendus de la dernière ligne droite du mercato luxembourgeois, clos jeudi soir à minuit.
Si voir l’international luxembourgeois (90 sélections entre 2006 et 2017), devancé depuis l’arrivée de Vincent Hognon par Geordan Dupire dans la hiérarchie des portiers hesperangeois, quitter le Swift n’a rien de bien surprenant, dans le sens où la perte de son statut de titulaire en sélection au profit d’Anthony Moris l’avait conduit à prendre à 38 ans du recul vis-à-vis des Roud Léiwen, encore fallait-il trouver une porte de sortie. Au Luxembourg ? Coton, surtout en si peu de temps, Hognon n’ayant réellement intronisé Dupire en numéro 1 que lors de son premier match officiel sur le banc du Swift, le 8 juillet lors du premier tour préliminaire aller de Ligue Europa Conférence (C4) à Domzale (Slovénie).
La porte s’est ouverte, pourtant et c’est Tim Kips (20 ans), son ancienne doublure (en 2019/2020) devenue son successeur dans les buts dudelangeois, qui a actionné la poignée. Auteur d’une saison pleine dans les buts du F91 (24 matches de DN), qui a fini avec la meilleure défense de BGL Ligue (29 buts concédés, à égalité avec le RFCU), l’international U21, parfois appelé mais encore jamais apparu avec les A, a retenu l’attention d’un club pro en Allemagne, où il a déjà évolué en U19 entre 2017 et 2019 (à Trèves puis Magdebourg) : le FC Erzebirge Aue, pensionnaire depuis 2017 de la Bundesliga 2, dont il a terminé 12e en juin dernier.
«S’il est le meilleur, c’est lui qui jouera»
Une opportunité difficile à refuser, y compris pour le F91, «vu la politique du club de former des futurs professionnels», rappelle son directeur sportif Manou Goergen. Mais à laquelle Kips, «un très bon gars», s’est dit prêt à renoncer si Dudelange ne lui trouvait pas de remplaçant, souligne l’entraîneur Carlos Fangueiro : «Il m’a dit qu’il resterait si on ne trouvait pas de solution. Mais moi, je suis là pour le joueur : s’ils ont une opportunité de jouer plus haut, ce n’est pas moi qui vais faire traîner les choses. On est très contents pour lui.»
Les Dudelangeois le sont d’autant plus qu’ils sont parvenus en quelques jours à le remplacer par un joueur «qui connaît le club, le championnat et aussi la ville de Dudelange par cœur» (Goergen). Et, cerise sur le gâteau, par «une première licence» avec «beaucoup d’expérience nationale et internationale». Plutôt utile, à moins d’une semaine du deuxième tour aller de C4, jeudi à 18 h 30 face aux Irlandais du FC Bohemians. Une échéance qui a incité les décideurs du F91 à agir vite, la doublure Miguel Palha ayant été opérée récemment et le jeune Enzo Esposito (22 ans), revenu l’an dernier… du Swift ne comptant que 6 matches de BGL Ligue, 2 la saison dernière et 4 en 2018/2019.
Pour autant, et même s’il «n’a pas réfléchi à deux fois» quand l’opportunité Joubert s’est présentée, Carlos Fangueiro l’assure : l’homme aux 439 matches de DN (dont 357 avec le F91) n’a reçu aucune garantie et sera soumis à la concurrence. «Je ne peux pas dire qu’il sera titulaire indiscutable. Enzo travaille bien. Mais s’il me montre qu’il est le meilleur, même à 41 ans (NDLR : Joubert en aura 42 en septembre), c’est lui qui jouera. Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire qui occupera la place jeudi. C’est la qualité qui fera la décision.» Une certitude : auteur d’une première «très bonne séance» jeudi, Joubert semble débarrassé des soucis aux tendons d’Achille qui l’ont privé d’entraînement au Swift ces derniers jours… et semble donc apte à enfiler jeudi les gants pour la 63e fois de sa carrière sur la scène européenne.
Simon Butel