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Bilan du DP : «Le ciel n’est pas encore dégagé»


Le DP de Gilles Baum a ouvert lundi le bal des traditionnels bilans de fin de session parlementaire des partis représentés à la Chambre des députés. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le DP a tiré, lundi, un bilan positif d’une deuxième année parlementaire marquée par le Covid. Même si la pandémie a eu raison de la réforme fiscale, le camp libéral veut aller de l’avant.

Le rendez-vous était fixé au Melusina, là où le DP a fêté le 26 mai 2019 un succès fracassant lors des élections européennes. Le camp libéral était ressorti premier des urnes lors de ce scrutin. En janvier 2020, le DP est retourné dans ce haut lieu de la vie nocturne pour sa réception de nouvel an. L’euphorie était toujours aussi grande. Depuis lors, le décor a toutefois changé. La pandémie de coronavirus n’a pas été le seul élément qui est venu freiner le parti du Premier ministre, Xavier Bettel. L’affaire Monica Semedo et les lourdes attaques concernant la gestion de la crise sanitaire par Corinne Cahen, ministre libérale de la Famille, et par Claude Meisch, ministre libéral de l’Éducation nationale, ont plombé le DP sans toutefois le couler, comme le démontrent les récents sondages.

Le président du groupe parlementaire, Gilles Baum, a donc profité de l’occasion pour présenter un bilan positif du travail fourni par les 12 députés du Parti démocratique à la Chambre. Des mentions spéciales ont aussi été adressées aux ministres libéraux, dont Pierre Gramegna (Finances), Lex Delles (Classes moyennes) et aussi Claude Meisch. Gilles Baum a aussi défendu Corinne Cahen, quelques heures après la publication du rapport sur les foyers d’infection survenus dans les structures pour personnes âgées.

Toujours pas question d’euphorie toutefois. «Le ciel n’est pas encore entièrement dégagé», constate ainsi le chef de file du DP à la Chambre. Le rebond des infections au coronavirus «doit être pris au sérieux» sans néanmoins empêcher le retour à davantage «d’optimisme et de confiance». Sans surprise, le camp libéral s’octroie une bonne note pour la maîtrise de la pandémie au Luxembourg. «Je suis particulièrement fier que ce gouvernement ait réussi à continuer à mener une politique sociale-libérale. Malgré ou à cause de la crise», martèle Gilles Baum. Hausse du salaire minimum de 2,8% en janvier, doublement de l’allocation de vie chère pour 2020 et réindexation à partir de 2022 des allocations familiales sont mis en avant. Il en va de même pour les 465 millions d’euros investis afin de soutenir les entreprises. «Le gouvernement n’a pas fait d’économies sur le dos des plus démunis de notre société», estime le président de fraction.

Du neuf pour les indépendants et parents

Le revers de la médaille est que le DP, et avec lui la coalition formée avec le LSAP et déi gréng, doit renoncer à sa «pièce maîtresse» : la grande réforme fiscale ne deviendra pas réalité d’ici 2023. «Le déficit accumulé au niveau des finances publiques fait qu’il serait irresponsable de mener à bien une réforme fiscale. S’endetter pour la réaliser ne correspondrait pas à une politique budgétaire responsable. Ce serait distribuer des cadeaux fiscaux sur le dos des générations futures», développe Gilles Baum, en rappelant que le budget 2020 présente un déficit de 3,3 milliards d’euros et que le budget 2021 risque de se clôturer sur un déficit de 2,1 milliards d’euros.

La devise des libéraux à l’entrée de cette deuxième moitié de législature est la suivante : «Un simple retour à la normalité n’aura pas lieu. Nous souhaitons tirer les bonnes leçons de la crise. Ce qui a bien fonctionné doit être maintenu et développé. Ce qui n’a pas bien fonctionné doit être corrigé.» Dans cet ordre d’idées, le DP vise plus particulièrement à instaurer un droit à un ou deux jours de télétravail par semaine et plaide pour une flexibilisation du temps de travail. Les indépendants doivent, eux, pouvoir profiter d’un véritable revenu de remplacement, à l’image du chômage partiel, et aussi se voir accorder 10 jours de congé de paternité. Toujours dans le même contexte, l’introduction de la prise en charge gratuite des enfants pendant les semaines scolaires (congé parental +) doit devenir une réalité dans les deux ans à venir.

Le DP veut donc aller de l’avant en espérant que la «situation financière permettra à terme de réaliser la réforme fiscale». Toujours avec les libéraux au pouvoir ? On le saura au terme d’une soirée électorale en octobre 2023, peut-être à nouveau au Melusina.

David Marques

Impôt Covid : les Bleus voient rouge

Pour le DP, il est hors de question de toucher au cadre fiscal. «Ce n’est pas le moment de discuter de fiscalité. Ni une hausse ni une baisse des impôts ne sont envisageables. Cela vaut aussi bien pour les ménages que pour les entreprises», souligne Gilles Baum. Le camp libéral oppose donc un non ferme à un impôt Covid. L’idée avait été lancée par le vice-Premier ministre Dan Kersch (LSAP) afin de mettre à contribution les «grands gagnants de la crise». «Les entreprises qui ont bien travaillé durant cette crise paient d’office plus d’impôts», reprend le chef de fraction du DP. L’accord international qui prévoit de taxer à hauteur de 15% minimum les bénéfices des multinationales est par contre accueilli favorablement par le camp libéral.