Accueil | Politique-Société | Drogue au Luxembourg : une prévention à plusieurs niveaux

Drogue au Luxembourg : une prévention à plusieurs niveaux


Un débat de consultation sur la criminalité liée aux drogues devrait avoir lieu à la Chambre la semaine prochaine.  (Photo : archives LQ)

En matière de lutte contre la drogue, la prévention est un volet très important. Les députés ont abordé avec les ministres les différentes stratégies du gouvernement.

Vendredi, cinq ministères (celui de la Police, de la Famille, de la Santé, de l’Éducation et de l’Égalité entre les femmes et les hommes) ont eu un échange de vues avec les députés des commissions parlementaires concernées sur la note interministérielle relative à la criminalité liée aux stupéfiants. Après une première réunion qui a été dédiée au volet répressif, les députés se sont donc penchés sur le volet préventif. Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a rappelé que la prévention était primordiale et cela dès le plus jeune âge. Des programmes ont été élaborés et sont en élaboration pour sensibiliser les jeunes et renforcer leur bien-être afin qu’ils ne soient pas séduits par les drogues. Le bien-être serait également un des points forts du plan d’action national pour la Jeunesse qui couvrira la période 2022-2024.

La ministre de la Famille, Corinne Cahen, a pour sa part abordé devant les députés la problématique du sans-abrisme. Elle a martelé que les sans domicile n’étaient pas des criminels, comme il serait souvent suggéré selon elle. Ils sont par contre plus exposés au risque de consommer de la drogue que d’autres personnes vu leur situation précaire. Pour lutter contre cet isolement et cette précarité, la ministre a relevé, entre autres, l’initiative de «Housing First», qui permettrait aux sans-abri de se réintégrer dans la société. Le projet Housing first permet à des personnes sans abri ou sans logement de longue durée d’accéder à un habitat ordinaire en premier lieu et lui offre ensuite un soutien à sa stabilisation et à sa réinsertion. Il s’agit actuellement d’un projet pilote au Grand-Duché. L’objectif est de sortir des personnes de la rue en évitant les structures traditionnelles puis d’aider ces personnes à se réinsérer. Par exemple, le comité national de défense social encadre 24 personnes à travers ce concept.

Des structures décentralisées

Pendant la réunion entre les ministères et les députés un catalogue de différentes mesures et structures a été énuméré pour donner une idée des concepts actuels et planifiés, des offres de thérapie, des acteurs et des structures qui agissent dans le domaine de la prévention. Un des points récurrents lors de la discussion était celui de la décentralisation des structures. Le débat est ancien. La Ville de Luxembourg a longtemps protesté concernant l’installation uniquement sur son territoire d’une salle de shoot demandant à ce que les autres communes du pays fassent preuve de solidarité et partagent cette aide aux toxicomanes. Une deuxième «piquerie» a ouvert ses portes en septembre 2019 à Esch-sur-Alzette. Devant les députés, le coordinateur national «drogues» a expliqué que la capitale restait le point chaud concernant les stupéfiants, vu que l’offre de drogues y est plus grande. Ainsi, les toxicomanes d’autres régions du Grand-Duché se déplaceraient en ville pour pouvoir acheter de la drogue et ils la consommeraient sur place. Actuellement, un groupe de travail mène une enquête afin de connaître les besoins des toxicomanes au nord du pays et d’adapter les structures, par exemple en créant des structures mobiles. Des conclusions concrètes ne sont pas encore disponibles, selon le coordinateur.

Actuellement, une seule structure au Centre Hospitalier de Luxembourg prévoit le traitement des soi-disant bodypackers (personnes qui transportent des substances illicites dans leur corps). Ainsi, la note interministérielle voit un manque de structures, a expliqué le ministre de la Police, Henri Kox. La police voit une nécessité de créer d’autres structures pour pouvoir traiter les cas de bodypackers de manière plus rapide et efficace.

Une députée a également fait remarquer que la discussion sur la prévention tournerait autour de la prise en charge des toxicomanes ou des personnes présentant un plus grand risque. Cependant, selon la députée, une vraie prévention permettrait d’éviter que des personnes consomment de la drogue, donc d’agir avant que la personne ne soit toxicomane.

Les discussions sur la note interministérielle relative à la criminalité liée aux drogues ont été organisées en vue d’un débat de consultation qui devrait avoir lieu dans la semaine du 12 juillet.

LQ