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Luxembourg : comment vont les agents communaux ? 


La FGFC, présidée par Marco Thomé (à g.), est à l’origine de la campagne «Wéi geet et?» activement soutenue par le gouvernement et d’autres partenaires stratégiques.   (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Les risques psychosociaux figurent au centre d’une nouvelle campagne de sensibilisation ciblant la fonction communale. Un des objectifs est de «détabouiser» les problèmes de santé mentale.

Il s’agit d’une question qui est posée des dizaines de milliers de fois dans les bureaux du pays. «Comment ça va?» ou «Wéi geet et?» en luxembourgeois. «Mais sommes-nous prêts à entendre la réponse?», interroge la Fédération générale de la fonction communale (FGFC) dans le cadre de sa nouvelle campagne de sensibilisation aux risques psychosociaux, lancée ce lundi.

Ce sont en priorité les agents travaillant dans le secteur communal qui sont ciblés. D’une manière plus générale, la FGFC et son président, Marco Thomé, souhaitent «contribuer à la détabouisation des problèmes de santé mentale» dans le monde du travail. Car comme le souligne le ministre de la Fonction publique, Marc Hansen, «nous pouvons tous être concernés» par un trouble de santé mentale.

Intitulée «Wéi geet et?», la campagne de la FGFC est largement soutenue, à commencer par les ministères de l’Intérieur et de la Fonction publique. S’y ajoutent le Service psychosocial de la fonction publique (SPS) et le Syndicat des villes et communes (Syvicol). La campagne couvre huit thèmes : les conflits, le stress, les peurs, le harcèlement, la dépression, l’inquiétude pour un collègue, l’alcool et son addiction ainsi que la surcharge de travail. «Au travers d’un site internet qui centralise les supports (vidéos, affiches, messages), la personne est sensibilisée par une approche d’identification. Si elle se sent concernée par un ou plusieurs sujets, elle se pose les mêmes questions que celles des vidéos et des affiches de la campagne. Des psychologues répondent à ces questions», explique la FGFC dans sa présentation officielle. Les délégations du personnel seront invitées à participer à des formations spécifiques pour servir de relais sur le terrain.

Comme indiqué plus haut, la campagne repose sur la simple question «Comment ça va?». «Il faut la poser en toute authenticité afin de pouvoir apporter du soutien en cas de besoin», souligne Mareike Bönigk, directrice du SPS. «Il est important de s’intéresser à sa propre santé mentale sur le lieu de son travail, mais aussi à celle de ses collègues. Le travail de prévention est primordial», vient ajouter le ministre Marc Hansen. En tant que syndicat de la fonction communale, la FGFC compte jouer un rôle plus proactif. «Un syndicat se doit dorénavant aussi d’anticiper les évolutions de la société et ses conséquences sur les individus dans leur travail et dans leur vie privée», estime Marco Thomé.

«Susciter une prise de conscience»

Les défis auxquels sont confrontés les agents de la fonction communale ont fortement évolué. «Les communes se voient confrontées à une charge de travail accrue ces dernières années et à des demandes croissantes de la part des citoyens, ce qui risque d’augmenter le stress pour les agents communaux et peut avoir un impact négatif sur la santé mentale de ces derniers», fait remarquer Émile Eicher, le président du Syvicol. La santé physique serait tout aussi importante à préserver, ajoute le député-maire de Clervaux.

La ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, tient à mettre l’accent sur le harcèlement moral, qui serait bien présent dans la fonction publique et communale : «L’objectif primordial de cette campagne est de susciter une prise de conscience. Le harcèlement moral est un fléau à combattre, car tous les agents méritent d’évoluer dans un environnement de travail sain, encourageant le développement professionnel et personnel, promouvant le bien-être au travail tout en favorisant une bonne entente entre collègues.»

Selon le Statec, les communes comptaient quelque 5 500 employés et fonctionnaires fin 2019.

David Marques

Le Service psychosocial est
intervenu à plus de 1 000 reprises

Le Service psychosocial de la fonction publique (SPS) fait partie intégrante de la campagne de sensibilisation lancée dans le secteur communal. Tous les agents de la fonction publique (secteur étatique ou communal, établissements publics) peuvent s’adresser à ce service créé en 2016. Le SPS compte aujourd’hui 6 psychologues ou psychothérapeutes. En 2020, plus de 1 000 interventions dans le cadre du soutien psychologique individuel ont été réalisées. En outre, le SPS est intervenu à 22 reprises pour des accompagnements d’équipes, dont 18 fois en matière de résolution des conflits ou d’accompagnement de changement et 4 fois dans le cadre d’une médiation de conflit.

Tél. : 247-73100; courriel : service-psychosocial@mfp.etat.lu.