Un mois et demi que ça dure. La sécheresse et la canicule qui étouffent la Moselle ont décimé la production des agriculteurs. Tous ne sont pas logés à la même enseigne : dans le milieu, ce sont les éleveurs qui souffrent le plus.
Rien ne va plus pour les agriculteurs mosellans. Et cela pourrait même être pire s’ils comptaient dans leur rang plus de cultivateurs (comme en Alsace) que d’éleveurs.
Déjà empêtrés dans une conjoncture économique difficile, notamment en raison d’une trésorerie malmenée par la hausse des charges et la stagnation des prix, les voilà confrontés au problème climatique. Un été exceptionnellement chaud et sec, qui rend les terres dures comme du béton, et qui fait tomber les bêtes comme des mouches. De quoi saper le moral des plus endurcis. « Les mecs sont fatigués, ils en ont marre » , déplore Gilles Becker, agriculteur à Schalbach et secrétaire général de la FDSEA de la Moselle (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles).
Mortalité animale en hausse de 20 %
Tous ne sont pas confrontés aux mêmes problématiques. Si les cultures d’hiver ont été épargnées (cultures céréalières), et que l’année a même été bénéfique, il en est tout autrement pour une majorité d’éleveurs. Même si les restrictions d’eau imposées par arrêté préfectoral ne les impactent pas directement (aucun arrosage n’est nécessaire), la sécheresse est néanmoins un petit cataclysme dans le milieu. D’abord parce que les herbes sont brûlées, ce qui a considérablement appauvri la qualité et la quantité de fourrage. Par endroits, les dégâts sont irréversibles : « Sur certains terrains, plus une pousse n’est vivante. La pluie, si elle revient, ne fera repousser que de la mauvaise herbe. Il va falloir ressemer » , s’étrangle Gilles Becker.
Pis : les bêtes accusent une mortalité supérieure à 20 % par rapport à la normale. Ce qui représente 25 à 30 % de production de lait en moins.
Du côté des producteurs de maïs, à 90 % destiné à l’alimentation animale, même constat : tout est sec, et de nombreux plants sont morts. « C’est une catastrophe » , s’ulcère l’agriculteur.
Zone de calamité
Face à une situation aussi exceptionnelle qu’intenable, Gilles Becker s’en remet aux instances européennes, seules capables de classer la Moselle en zone de calamité. Mais les obstacles sont nombreux : « Depuis que l’État assure en partie certaines terres, les cultures ne sont plus prises en compte dans les zones de calamités. » Or, celles-ci leur permettraient de mettre en évidence les pertes liées aux aléas climatiques, et le cas échéant, d’être indemnisés auprès du fonds de garanties des calamités agricoles. « Les mecs ne voient rien arriver, ni la pluie, ni les aides. »
Pour l’instant, rien ne permet d’affirmer que ces aléas climatiques auront une répercussion pour les consommateurs. Certaines marges appliquées par la grande distribution permettent déjà d’amortir la hausse des prix. Mais pour les agriculteurs, la note risque d’être salée.
Damien Golini (Républicain Lorrain)