Comme en 2003 et 2019, aucun coureur luxembourgeois n’est au départ de cette édition de la Grande Boucle. Explications.
Ils y ont cru jusqu’au bout tout en restant réalistes. Ni Jempy Drucker ni Alex Kirsch n’avaient encore participé au Tour de France alors qu’ils en avaient farouchement l’envie. Bien sûr, ils savaient tous les deux que si leurs noms venaient à sortir du chapeau, alors ils seraient le huitième coureur, presque le maillon manquant que leurs équipes respectives placeraient soigneusement sur leur liste définitive. Par un simple concours de circonstances, ces fameuses listes ont été divulguées en même temps, quasiment à la même heure, mardi matin peu avant dix heures.
Bon, on ne vous cachera pas que même si les annonces furent pour le moins tardives, elles n’ont surpris personne. Pas les principaux intéressés qui s’y attendaient fatalement. Ces deux coureurs font partie de la catégorie des coureurs de classiques, pas la plus courante qui soit. Dans un grand tour, leur rôle consiste à emmener les sprints pour les finisseurs désignés de leur formation, à protéger en plaine les grimpeurs désignés et le cas échéant à se glisser dans une échappée. Le Tour de France, ils désiraient le découvrir pour le prestige, le symbole et surtout l’expérience unique d’une telle participation.
D’ailleurs, dans ce domaine des grands tours, l’un et l’autre ont un passé limité. Jempy Drucker, 34 ans, professionnel sur route depuis 2011, a participé à quatre grands tours, une fois le Giro, trois fois la Vuelta dont il a d’ailleurs remporté une étape en 2016. Alex Kirsch, lui, professionnel depuis 2014 n’a participé qu’à la Vuelta 2019. «C’est important pour moi de boucler un grand tour par an, même lorsqu’on est concentré comme moi sur les classiques, cela permet d’améliorer le physique et puis personnellement, c’est le Tour de France qui m’a fait rêver depuis que je suis jeune», expliquait très bien le coureur de Trek-Segafredo au creux de cet hiver.
Jempy Drucker n’est pas fan absolu du Tour de France dans la mesure où il est avant tout un coureur de classiques, mais lui aussi, avait «très envie d’être au départ de la plus grande course du monde au moins une fois dans sa carrière», comme il rappelait récemment encore. D’où, sans doute un légitime sentiment de frustration, mais aussi une acceptation du verdict, du choix de leurs équipes respectives, même si Jempy Drucker reste premier coureur réserve et peut encore et jusqu’à vendredi, être appelé en cas de blessure d’un titulaire désigné.
Un concours de circonstances
Les choix de leurs équipes se tiennent donc et depuis le passage des équipes de neuf à huit coureurs dans les grands tours, c’est toujours le même type de profil qui passe à la trappe au moment du verdict, celui des équipiers. Pour autant si le Luxembourg ne présentera pas de coureur samedi au départ du Tour, comme il n’en a pas présenté en mai dernier sur le Giro, ce n’est pas par manque de talents. Il s’agit simplement d’un concours de circonstances. Ben Gastauer (treize grands tours à son actif), blessé n’a pu tenir sa place. Rappelons encore que son coéquipier et compatriote dans l’équipe AG2R Citroën, Bob Jungels, qui s’est fait opérer mercredi à Gand (endofibrose de l’artère iliaque), a déclaré forfait pour ce Tour.
Quant à la Vuelta, on devrait y retrouver pourquoi pas et Kevin Geniets et Michel Ries, appelés à représenter le Luxembourg lors des Jeux olympiques de Tokyo. Ces deux coureurs, plutôt à leur aise récemment sur le Dauphiné, auront sans aucun doute le profil idéal pour découvrir le Tour de France à l’avenir. On verra le moment venu si Jempy Drucker et Alex Kirsch y retourneront.
Car comme le répètent également souvent les coureurs pros, il n’y a pas que le Tour de France dans la vie.
Y participer au moins une fois reste néanmoins un but à atteindre, comme on a pu le percevoir avec la légère frustration de Jempy Drucker et Alex Kirsch. À l’évidence, le Luxembourg, qui garde au fil des années, une forte activité au plus haut niveau mondial, retrouvera à l’avenir des représentants dans la plus grande course du monde.
Denis Bastien