Un psychologue bien connu de la place risque de la prison ferme et une interdiction d’exercer pour avoir violé et attenté à la pudeur une de ses patientes en avril 2019.
Elle est petite, blonde, fragile. Lui est un homme de 60 ans au regard déterminé. Le psychologue aurait eu un véritable coup de foudre pour la jeune femme dès leur toute première séance de thérapie. Un coup de foudre qui aurait entraîné sa chute et sa comparution face aux juges de la 7e chambre criminelle pour viol et attentat à la pudeur sur la jeune femme.
Au cours des précédentes audiences, le thérapeute a été présenté par la partie civile, comme un prédateur manipulateur qui aurait profité de la faiblesse de caractère et des failles psychologiques de la victime pour parvenir à ses fins au bout de la quatrième séance de thérapie et après de nombreuses tentatives de rapprochement. La défense met à mal cette version. La jeune femme n’aurait jamais réellement tenté d’éconduire le psychologue, elle l’aurait même possiblement encouragé en l’invitant à venir suivre un cours de Pilates à son studio alors qu’il aurait eu l’intention de mettre un terme à leur relation thérapeutique.
Mardi, Me Stroesser, l’avocat du prévenu, a tenté de prouver que la victime n’était pas aussi soumise qu’elle le prétend. Il s’est également employé à démontrer que les déclarations de la jeune femme variaient entre l’interrogatoire de la police, l’expertise psychologique et l’audience. Il a relevé une quinzaine de points avant de contester les rapports des experts judiciaires et de proposer une nouvelle expertise. Un troisième expert qui a réalisé un rapport technique des deux rapports d’expertise a estimé que les parties civiles utiliseraient les symptômes de syndrome post-traumatique pour rendre les faits réels. L’avocat demande une nouvelle expertise. Ce à quoi le président de la chambre lui demande si l’expert «n’aurait pas eu la plume un peu partiale puisque c’est vous qui le payez ?» La procureure choisira de ne pas donner suite à cette demande.
Victime ou séductrice ?
L’avocat de la défense ne lâche rien pendant plus de deux heures d’une plaidoirie qui devait durer moitié moins. La victime n’aurait, selon lui, jamais rien fait pour éconduire le prévenu et mettre un terme à ses pourtant nombreuses tentatives de rapprochement. Et ce, alors qu’elle aurait eu pleinement conscience de l’attirance qu’elle exerçait sur lui puisqu’elle s’était confiée à son compagnon à ce sujet. Selon Me Stroesser, le comportement équivoque de la victime avec son thérapeute ne permettrait pas de conclure à une absence de consentement de sa part le jour des faits. Il n’y aurait pas non plus de preuves matérielles d’une pénétration. Pour lui, il n’y a pas eu viol. Ni attentat à la pudeur. Le prévenu n’aurait pas non plus eu conscience de se livrer à un acte répréhensible étant donné l’attitude de la victime. Il a plaidé l’acquittement et demandé au tribunal de débouter les demandes de parties civiles.
La procureure n’a pas fait la même analyse des faits que l’avocat. Pour elle, la version de la victime serait plus cohérente que celle du prévenu. Son comportement à la barre et ses jeux d’esprit avaient notamment fait forte impression. Elle le décrit comme une personne «sûre d’elle» qui «ne voit pas le mal» et qui a ignoré le respect qu’il devait à sa victime. De plus, le prévenu «est en aveux sur un certain nombre de choses».
«Il avait envie d’elle et il a interprété les réactions de la victime comme cela l’arrangeait», a estimé la procureure pour qui il y aurait bien eu viol et attentat à la pudeur cet après-midi du 8 avril 2019 au cabinet du thérapeute. Ce dernier, lors de son témoignage à la barre, avait prétendu avoir vu un signe d’attirance de la jeune femme envers lui dans l’état de nervosité dans lequel elle se trouvait.
L’absence de consentement de la victime aurait été clair et le psychologue «ne peut pas prétendre ne pas avoir su interpréter les gestes de la victime alors qu’il a étudié le comportement humain», estime la représentante du parquet. Le viol est normalement puni d’une peine de 5 à 10 ans de prison. Les faits ayant été dépénalisés, mais n’en restant pas moins graves – les faits ont eu lieu dans un cadre thérapeutique, le prévenu a abusé de sa fonction et de la confiance de sa patiente, de même que de sa fragilité psychologique –, elle requiert une peine de 3 ans de prison à l’encontre du médecin et une interdiction d’exercer sa profession. Prononcé le 15 juillet.
Sophie Kieffer
ce n’est pas un psychologue mais un psychiâtre
je suis parente avec la petite blonde dont vous parlez