Dégradations, vols, espionnage, insultes, exhibition, déchets voire excréments dans les jardins : le quotidien de plusieurs familles de la rue Jules-Verne, à Fameck, est devenu un cauchemar. Incarné par une seule et même voisine. Des plaintes ont été déposées mais la situation semble bloquée.
Un jeudi en juin. La rue Jules-Verne et son alignement de coquets pavillons est plongée dans la quiétude de la matinée. Déserte, comme plombée par la chaleur qui assèche les gazons et pousse les familles à se rabattre vers la fraîcheur des intérieurs. Pour Lindsay et Gilles, ce choix est moins dicté par la météo que par la crainte de croiser… leur voisine. Une dame qui « terrorise » tout un quartier de Fameck.
L’affaire ne date pas d’hier. « Ça a commencé en 2015 par des lettres envoyées sur le lieu de travail de mon conjoint », se souvient cette maman en congé parental. Les écrits sont d’une incroyable précision « sur le déroulement de nos journées, nos salaires, les membres de la famille, le montant de nos allocations… » Le couple comprend très vite qu’il est « espionné ».
Excréments dans le jardin
La situation s’envenime rapidement avec du vol de matériel, parfois retrouvé éparpillé dans le parc voisin, des dégradations sur les clôtures, des déchets déversés sur la pelouse, des arbustes arrachés.
La mamie sans manières est aussi sans limites. Tout le voisinage proche est servi, n’en déplaise aux âmes les plus prudes. Selon plusieurs témoignages, elle serait coutumière des sorties en tenue d’Eve. « Les gamins l’ont surnommée Madame Toute nue ! », souffle un papa.
Excédés, ces Fameckois ne sont pas au bout de leurs surprises : « Un jour, j’ai découvert des excréments sur ma pelouse. J’ai d’abord cru que c’était un chien. » La répétition de l’incident lève malheureusement le doute.
Toute tentative de dialogue se solde par « des d’insultes violentes », régulièrement à « caractère raciste ». « Alors maintenant, on filme tout », prévient Lindsay, sa fillette de 16 mois calée sur la hanche. Une vidéo a été envoyée à la gendarmerie. « On y voit la voisine qui, à 4h du matin, découpe le grillage mitoyen. » Quitte à perdre trois mètres de terrain, la famille a posé une deuxième palissade pour préserver son intimité, d’autres ont monté un muret en béton pour « se barricader ». Dans ce quotidien devenu « un enfer », ces Fameckois qui « n’osent même plus partir en vacances » n’aspirent qu’à un retour au calme.
Plaintes et pétition
Plaintes et mains courantes ont été déposées en gendarmerie, la mairie a reçu ses administrés plusieurs fois, une pétition a été signée. « Rien ne bouge, on a l’impression que tout le monde se renvoie la balle », se désolent ces Fameckois qui redoutent « un drame avec les enfants » qu’ils ne laissent plus dehors sans surveillance.
« Le dossier, reconnaît le capitaine de gendarmerie Thierry Romaniuk, bien conscient du désarroi des familles, est complexe, la personne étant en réalité domiciliée à Hayange. Les convocations n’ont pas abouti et nous n’avons pas de moyens coercitifs pour entrer chez le membre de la famille qui l’héberge, à Fameck. Nous devons respecter les règles de procédure pénale. » Derrière ce conflit se noue un drame humain « avec probablement un levier médical à lever ». La poursuite de l’enquête a été confiée au commissariat de Hayange.
Joan Moïse (Le Républicain lorrain)