Le coureur d’AG2R-Citroën a dû stopper à nouveau son entraînement pour un kyste qui l’a privé du Giro et le tient à nouveau éloigné de la compétition.
Lorsqu’à la fin avril, Ben Gastauer (33 ans) annonce qu’il déclare forfait pour le Tour de Romandie, dernière course de préparation au Tour d’Italie, on se dit que le mauvais sort s’acharne sur le coureur possédant le plus d’ancienneté dans l’équipe AG2R-Citroën. Les images de son abandon, sur chute, dans l’édition 2020 où le 10 octobre, il s’était brisé pour la première fois de sa carrière une clavicule reviennent alors en mémoire. Comme son calvaire dans l’édition précédente où il avait enchaîné bronchite, puis une inflammation située à la selle, ce qui ne l’avait pas empêché de rejoindre les arènes de Vérone, où Richard Carapaz avait été sacré.
Cette fois, ce n’est pas du même mal dont souffre Ben Gastauer puisqu’il s’agit d’un kyste qui avait déjà nécessité un premier traitement antibiotique. Mais le mal est donc revenu. Explications…
Vous êtes de nouveau arrêté. Que s’est-il passé ?
J’avais le feu vert pour reprendre le vélo, je l’avais repris voici environ trois semaines, mais au bout de quatre toutes petites séances, le problème est revenu. Du coup, le médecin de l’équipe (NDLR : le docteur Éric Bouvat) m’a demandé d’arrêter à nouveau. Il faut sans doute attendre un mois pour que ça parte totalement, mais là j’en suis à un peu plus de deux semaines à nouveau sans vélo. Je suis sur la bonne voie, mais ce n’est pas encore complètement guéri. Donc il faut que j’attende un peu. Cette fois-ci, il faut que je sois complètement guéri avant que je remonte sur mon vélo. J’ai dû reprendre des antibiotiques. Cela progresse, mais ce n’est pas encore bon. J’espère que d’ici quinze jours, ce sera bon. Mais aujourd’hui, personne ne peut me le garantir. La chose positive, c’est que ça progresse et que j’ai le sentiment d’être sur le chemin de la guérison.
Vous parvenez néanmoins à vous entretenir physiquement ?
J’essaie de faire du fitness, mais c’est sûr que je ne vais pas entretenir la grande condition. Mais c’est quand même bien de garder le corps en activité, pour que cela revienne plus vite une fois que j’aurai pu reprendre le vélo. Je fais un peu de course à pied, du rameur. Au départ, j’étais même incapable de courir. Je peux tout faire, mais il faut que j’évite la pression dans la région pelvienne. J’essaie de combiner gainage et musculation. C’est important d’entretenir une certaine condition.
Tout ce que j’avais construit à l’entraînement pour disputer le Giro est parti en fumée
On imagine que ce n’est pas simple sur le plan mental…
Ce n’est pas simple mentalement, en effet. Tout ce que j’avais construit à l’entraînement pour disputer le Giro est parti en fumée. Je me croyais tiré d’affaires et c’est revenu. Au départ, je ne savais pas non plus combien de temps cela allait prendre pour guérir. C’est un coup dur. Ce n’est pas simple à gérer lorsqu’on est professionnel. Le Giro est parti, le championnat national et l’espoir de participer aux JO, également. Beaucoup de travail a été fait pour rien. Et puis je n’ai pas non plus un plan concret pour le reste de la saison. Il faut que je puisse m’entraîner pour reprendre la condition et regarder quel programme de course je peux faire pour la deuxième partie de la saison. Le temps est court. C’est dur par moments d’accepter la situation. J’avais de grands objectifs, participer au Tour d’Italie et aux Jeux. Tout ça est parti sur une blessure. Ce n’est pas facile à avaler. Mais c’est la première fois de ma carrière que je me retrouve dans une telle situation, la première fois que je reste blessé tant de temps. Au bout de tant d’années dans le peloton (NDLR : Ben Gastauer est professionnel depuis 2010), on découvre des situations encore inédites jusque-là (il rit).
En fin de saison passée, vous n’aviez prolongé votre contrat que d’un an…
Oui, c’est l’autre problème de cette situation. Je n’ai pas de contrat pour 2022. Et si on ne court pas, ce n’est pas évident de démontrer quoi que ce soit. Pour négocier quelque chose, ce n’est pas possible. Mais ce n’est pas le plus important non plus. Dans l’immédiat, je veux surmonter ce problème et remonter sur le vélo, retrouver mes automatismes et courir. Après, on verra ce que peut donner pour l’année prochaine. L’étape suivante, ce sera mon avenir.
Espérez-vous disputer la Vuelta ?
La question serait plutôt de savoir si ce serait bien raisonnable de repartir rapidement pour trois semaines de course après un tel problème… Je ne sais pas. Une fois rétabli, il faudra que je teste mes positions, résoudre tous les problèmes liés à cette inflammation et éviter que cela puisse revenir. J’espère d’abord pouvoir recourir au plus vite. Il faudra voir avec l’équipe ce qui est le plus intelligent à faire. J’ai la chance d’avoir dans notre équipe, le médecin, Éric Bouvat, qui a de l’expérience avec cette blessure spécifique. Il va pouvoir m’aider.
Entretien avec Denis Bastien