Les conventions collectives pour le secteur des banques et assurances représentent une victoire syndicale pour l’OGBL et le LCGB, alors que l’Aleba paye le prix de sa complaisance.
Finalement, cela vaut le coup de se battre. C’est la leçon donnée à l’Aleba, syndicat sectoriel déchu de sa représentativité, par deux des grandes centrales, l’OGBL et le LCGB, pas encore remis du parcours chaotique et consternant qui a conduit à la signature, jeudi, de la nouvelle convention collective des banques et assurance, applicable rétroactivement au 1er janvier 2021 et jusqu’au 31 décembre 2023.
Dans une chronologie détaillée, l’OGBL rappelle le comportement «hyperconciliant» de l’Aleba avec le patronat, pour reprendre le terme utilisé par Véronique Eischen, secrétaire centrale pour le secteur financier. Si l’Aleba est cosignataire de la convention, elle ne pourra guère s’approprier la victoire, puisque c’en est une, au vu des améliorations obtenues.
La tentative de l’Aleba de faire cavalier seul en fin d’année dernière, ignorant les appels à former une intersyndicale pour mener les négociations, lui a coûté cher sur plusieurs plans. En premier lieu, elle méchamment entaché les relations avec les deux syndicats nationaux qui découvraient «choqués», comme l’écrit Véronique Eischen, qu’un accord de principe avait été conclu entre l’Aleba et l’ABBL.
Les deux centrales syndicales «extrêmement irritées» par l’Aleba
«Cet accord prévoyait une simple reconduction de la convention collective existante pour trois ans, sans aucune amélioration, ni au niveau financier ni au niveau qualitatif dans son ensemble», souligne Véronique Eischen. Les deux parties qui ont mené ces négociations en toute confidence justifiaient le contenu de l’accord par les incertitudes que laissait planer la crise sanitaire sur les résultats du secteur financier.
On sait depuis qu’il se porte plutôt bien, le secteur a même atteint un record absolu dans l’industrie des fonds avec environ 5 250 milliards d’euros d’actifs, d’après Claude Marx, directeur de la Commission de surveillance du secteur financier, CSSF. C’était donc un argument «inacceptable au vu des performances indéniables du secteur bancaire dans son ensemble», rappelle la secrétaire centrale de l’OGBL.
Son bilan est jugé «peu convaincant» par une Véronique Eischen guère complaisante et qui rappelle que l’Aleba n’avait pas réussi à négocier des augmentations salariales linéaires «depuis plus de neuf ans» alors qu’elle jouissait d’une représentativité sectorielle.
Pour l’Aleba, les dégâts sont considérables. Sa présence à la table des négociations n’a pas rendu la tâche facile aux deux grandes centrales syndicales, «extrêmement irritées» face à ses positions conciliantes pour le patronat. Finalement, deux réunions de négociations, sans la présence de l’Aleba auront suffi pour négocier les améliorations financières, celles que l’Aleba ne voulait en aucun cas soutenir.
Augmentation de salaire, droit à la déconnexion…
Il s’agit de deux renouvellements de convention collective, une pour les banques, une autre pour les assurances, qui comportent chacune des améliorations appréciables. L’introduction d’un droit à la déconnexion en fait partie. En revanche, tant que le salarié est connecté chez lui en télétravail, il percevra 25 euros par mois pour couvrir ses frais.
Autre revendication sur laquelle le patronat a cédé : un congé social d’au moins cinq jours par an, en cas de coup dur personnel. Puis arrivent les augmentations de salaires. Pour le secteur bancaire, plus 0,7 %, au moins, en 2022, et 0,5 % en 2023.
Pour le secteur des assurances, une augmentation de 0,5 % pour tous les salariés applicable rétroactivement au 1er janvier de cette année. Une prime unique de 500 euros leur sera également versée en septembre.
Geneviève Montaigu