Afin de prévenir les risques de cancer, la Fondation Cancer a installé dix distributeurs de crème solaire gratuite sur des sites stratégiques du pays.
On l’a tellement attendu qu’on ne veut perdre aucun de ses rayons, au point de presque oublier qu’il peut devenir un ennemi : si nous avons besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D et avoir un bon moral, son abus devient synonyme de coups de soleil, insolations, vieillissement prématuré et cancers de la peau.
Le nombre de mélanomes est d’ailleurs en progression constante en Europe. En cause? Nos habitudes de vie (on s’expose plus que nos aïeux, entre séances bronzette et vacances ensoleillées y compris en période hivernale) ainsi que la réduction de la couche d’ozone, dont le rôle est de nous protéger contre les rayons UV fortement cancérigènes.
«D’après l’OMS, au cours de ces 50 dernières années, le nombre de mélanomes a doublé tous les dix ans. En 2020, nous estimons qu’il y a eu entre 140 et 150 nouveaux cas de mélanomes au Luxembourg», fait savoir le Dr Carole Bauer, oncologue et présidente de la Fondation Cancer.
Afin de prévenir les cancers de la peau, la fondation a donc décidé de mettre gratuitement à la disposition de tout un chacun de la crème solaire indice 50+. Elle a pour cela installé dix stations de crème solaire en libre-service sur des sites propices à l’exposition : parcs, lacs, piscines…
* Piscine plein air de Remich
* Piscine plein air de Grevenmacher
* Plage Liefrange (commune du Lac de la Haute-Sûre)
* Piscine plein air Aquasud (Differdange)
* Hesper Park (Hesperange)
* Plage Insenborn Frounbierg (Esch-sur-Sûre)
* Plage Lultzhausen (Esch-sur-Sûre)
* Plage Fuussefeld (Esch-sur-Sûre)
* Lacs de Remerschen (Schengen)
* Lacs de Weiswampach (Weiswampach)
Indice 50+ et 98,2 % d’origine naturelle
À l’intérieur de ces stations réfrigérées (qui garantissent la pérennité de la crème solaire), un bidon de 5 litres de crème. Grâce à la collaboration avec les communes participantes, des agents en vérifieront régulièrement la contenance pour recharger les distributeurs si nécessaire.
On sait tous qu’il faut appliquer de la crème solaire, et même en réappliquer toutes les deux heures ou au sortir de l’eau, mais le fait-on vraiment? «Les gens savent qu’il faut se protéger du soleil mais on sort et on oublie la crème, ou on n’en a plus, etc. Il y a un monde entre savoir et faire», souligne Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer.
Grâce aux stations mises en place, il suffit de passer sa main sous le capteur pour se voir distribuer la juste dose de crème permettant de protéger le corps entier. La crème est labellisée Cosmebio, composée à 98,2 % d’ingrédients d’origine naturelle et ne contient aucun allergène étiquetable, silicone ou filtre synthétique. «Elle est blanche, ce n’est pas forcément très joli, mais elle est confortable et cela permet de voir si on la répartit bien», montre Lucienne Thommes près de la station du Hesper Park, à Hesperange.
Ces distributeurs sont dotés d’un panneau qui capte les rayons UV et indique leur intensité : vert pour faible, rouge pour fort, violet pour extrême. «Une manière de sensibiliser visuellement les gens à la dangerosité des rayons, que l’on a trop tendance à sous-estimer», précise la directrice.
La crème solaire, une précaution parmi d’autres
La crème solaire indice 50 filtre à 98 % les UV mais en appliquer toutes les deux heures ne signifie pas pour autant que l’on peut augmenter la durée d’exposition : «Il y a une mauvaise interprétation à ce sujet. On remet de la crème à cause de la sueur ou parce qu’on s’est baigné, pas pour s’exposer plus longtemps! Si j’ai un phototype de peau 4 par exemple, je peux rester trois heures au soleil. Je dois remettre de la crème solaire au bout de deux heures, mais cela ne signifie pas que je peux rester deux heures supplémentaires!»
S’il est important d’appliquer de la crème solaire, d’autres précautions sont aussi à prendre, rappelées dans une courte vidéo visible sur les distributeurs de la Fondation Cancer : ne pas s’exposer aux heures les plus chaudes de la journée (entre 11 h et 16 h), porter chapeau et lunettes de soleil ainsi que des vêtements couvrant la peau (très important pour les enfants et les travailleurs en extérieur, agriculteurs ou ouvriers par exemple, qui sont très exposés), et s’hydrater suffisamment sont les garants d’une protection complète.
Un contrôle annuel chez le dermatologue et dès qu’un grain de beauté change – selon la règle ABCDE : Asymétrie, Bords, Couleur, Diamètre et Évolution – s’avère également indispensable dans la prévention de ces cancers qui touchent principalement les adultes de 30 à 50 ans. «Pris suffisamment tôt en charge, le mélanome peut être guéri dans la majorité des cas par la seule chirurgie», rappelle le Dr Bauer.
Tatiana Salvan
Combien de temps puis-je m’exposer?
La durée d’exposition au soleil dépend du type de peau et de l’autoprotection utilisée. Lucienne Thommes rappelle ce calcul à effectuer pour avoir une idée du temps maximum que l’on peut s’exposer avec une protection solaire : il faut multiplier le temps que l’on peut s’exposer au soleil sans protection (déterminé par le phototype de peau) avec l’indice de protection utilisé et diviser le tout par deux.
Par exemple, pour un phototype 1 (cheveux roux ou blonds, yeux et peaux très clairs), le temps d’exposition au soleil sans protection ne dépasse en général pas les cinq minutes avant d’avoir un coup de soleil. Si cette personne se protège avec une crème indice 50, le calcul à effectuer est donc 5×50/2, soit 125 minutes. L’exposition avec une protection solaire ne doit donc pas dépasser les deux heures pour cette personne.