Des étudiants de la prestigieuse université anglaise d’Oxford ont provoqué une polémique mercredi en retirant un portrait de la reine Elizabeth II d’une salle commune en invoquant le colonialisme, une décision qualifiée d’ « absurde » par le ministre de l’Éducation.
Les membres du comité de la Middle Common room (MCR) du Magdalen College, une association d’étudiants de troisième cycle, ont voté en faveur du retrait de ce portrait car « pour certains étudiants, les représentations de la monarque et de la monarchie britannique représentent l’histoire coloniale récente », rapporte mercredi The Times, citant le compte-rendu d’une réunion de ce comité.
Le ministre de l’Éducation, Gavin Williamson a jugé « absurde » la décision des étudiants. Celle-ci relance le débat sur le racisme et le colonialisme au Royaume-Uni, pays poussé à l’introspection depuis les manifestations du mouvement Black Lives Matter. Elizabeth II, qui célébrera l’an prochain ses 70 ans de règne, « est la cheffe d’État et symbolise ce qu’il y a de mieux au Royaume-Uni. Au cours de son long règne, elle a travaillé sans relâche pour promouvoir les valeurs britanniques de tolérance, d’ouverture et de respect dans le monde », a écrit Gavin Williamson sur Twitter mardi soir.
Dernière « victime » de la cancel culture
L’affaire était relayée mercredi en Une de plusieurs quotidiens. « Comment osent-ils ! » s’indigne le tabloïd The Daily express. La reine est devenue « la plus récente victime de la cancel culture (culture de l’annulation) », déplore le quotidien conservateur The Telegraph.
Le président du MCR, Matthew Katzman, a déclaré au Mail Online que cette action « a été prise après une discussion sur le but d’un tel espace, et il a été décidé que la salle devrait être un lieu accueillant et neutre pour tous les membres ». « Aucune position n’a été prise sur la reine ou la famille royale – la conclusion était simplement qu’il y avait de meilleurs endroits pour accrocher cette image », a-t-il ajouté.
La présidente du Magdalen College a déclaré que les étudiants n’étaient pas représentatifs de ce collège réputé créé il y a plus de 550 ans mais a défendu leur droit à la « liberté d’expression et au débat politique ». « Être étudiant signifie plus qu’étudier. Il s’agit d’explorer et de débattre de différentes idées. Parfois, cela consiste à provoquer la génération plus âgée », a-t-elle tweeté, avant d’ajouter : « On dirait que ce n’est pas très difficile à faire ces jours-ci. »
LQ/AFP