Lors des journées de la Biodiversité, qui se sont clôturées le week-end dernier, des écoliers de Dudelange ont découvert une plante que les botanistes du pays pensaient disparue.
Organisées depuis le 22 mai à travers le pays, les journées de la Biodiversité se sont terminées le week-end dernier avec un «BioBlitz» dans la Minett Unesco Biosphere auquel ont participé une trentaine de scientifiques du natur musée.
S’il ne s’agit pas d’un véritable inventaire complet de la biodiversité, le concept de «BioBlitz» permet tout de même de se faire une idée de l’état d’un site naturel à un instant donné. «C’est la première fois qu’on utilise ce terme, mais on organise depuis longtemps ce genre d’exploration de la nature», explique Patrick Michaely, porte-parole du musée national d’Histoire naturelle.
En parallèle, ces dernières semaines, le grand public et les passionnés étaient invités à répertorier, via une application sur leur smartphone, toutes leurs observations sur le territoire national : «Depuis 2019, nous participons à l’initiative iNaturalist lancée aux États-Unis, qui consiste à photographier toutes les espèces vivantes possibles – végétaux, insectes, animaux, et à les enregistrer dans la base de données de l’application du même nom», poursuit-il.
2 884 observations lors du «BioBlitz»
L’édition 2021 a ainsi permis de récolter 2 884 observations concernant 972 espèces différentes, croisées au détour des chemins par 94 observateurs. «On a reçu des données d’une excellente qualité cette année, ce qui indique que les participants sont des connaisseurs. Un passionné a même fait plus de 700 photos à lui tout seul!»
Mobilisés spécialement samedi et dimanche pour le «BioBlitz» de clôture, les ornithologues du natur musée ont également pu observer pas moins de 74 espèces d’oiseaux différentes dans la Minett Unesco Biosphere.
Et les bonnes surprises ne s’arrêtent pas là : lors de la journée consacrée aux classes scolaires, vendredi dernier, les élèves de la classe de Cliff Schroeder de l’école Brill de Dudelange (cycle 3.1) se sont particulièrement illustrés en découvrant une plante rare et protégée qu’on n’avait plus vue à l’Ellergronn depuis 1987!
«Je n’en croyais pas mes yeux»
«Je n’en croyais pas mes yeux», raconte le botaniste du natur musée, Thierry Helminger, qui accompagnait les écoliers pour un atelier sur les arbres et arbustes. «Les enfants m’ont montré des feuilles en forme de cœur qu’ils venaient de trouver au bord d’un chemin. J’ai reconnu tout de suite l’Aristoloche clématite… mais on n’en avait plus observé là depuis 34 ans! C’était une émotion particulière», confie-t-il. «Il s’agit d’une espèce typique des sous-bois au sol calcaire, donc l’Ellergronn est idéal pour elle.»
Une trouvaille très importante, selon Patrick Michaely, qui a félicité les enfants au nom du natur musée : «Un grand bravo pour cette découverte!», peut-on lire sur la page Facebook officielle de l’institution. «Cela prouve qu’un ancien site industriel peut permettre à des plantes de s’installer à nouveau», ajoute-t-il.
Seul bémol pour cette édition : la faible participation du grand public. Le natur musée encourage donc tous ceux que la nature intéresse à participer dès maintenant à ce vaste inventaire en ligne, via l’application et le site iNaturalist : «Plus on aura de participants, plus on couvrira le territoire du Luxembourg», lance Patrick Michaely. «Il n’y a pas de limite de temps, on peut y prendre part toute l’année. Des naturalistes valident les clichés postés et ils sont ensuite ajoutés au répertoire mondial.» Une bonne idée d’activité à faire en famille.
Christelle Brucker
Le Centre nature et forêt se transforme
Situé à l’entrée de la réserve naturelle, le Centre nature et forêt Ellergronn installé dans les bâtiments de l’ancienne mine Cockerill propose une exposition sur le patrimoine naturel du bassin minier et l’exploitation des anciennes mines.
À l’occasion de l’année culturelle 2022 à Esch-sur-Alzette, le centre est en pleine mutation : «Nous sommes en phase de conception et de transformation à l’intérieur des locaux», explique le responsable, Pol Zimmermann.
«Nous préparons une grande exposition permanente consacrée à l’accélération de la planète. Du côté négatif, on parlera des biocides, de la dégradation de l’atmosphère ou de la baisse de la biodiversité. Du côté positif, on valorisera des solutions et les acteurs internationaux et locaux qui les mettent en œuvre.»