Les habitués du centre de dépistage Covid installé sur le P&R de Howald ont sympathisé avec les équipes en place, au point de revenir les gâter pour leurs qualités humaines. Rencontre.
Ils sont sur le pied de guerre depuis plus d’un an et rien n’a entaché leur moral. Il faut dire que des liens forts se sont tissés avec nombre de «patients», comme ils les appellent, qui sont devenus des habitués du site de Howald. Les qualités humaines des équipes mises en place dans le cadre de cette pandémie, que ce soit dans le cadre du large scale testing (LST) ou de la vaccination sont appréciées au quotidien.
Nous avons eu envie de leur rendre visite pour parler de ceux dont nous ne connaissons pas les visages, dissimulés derrière les masques de protection. Ceux qui ont toujours eu une parole rassurante, une attention pour les plus fragiles et qui ont fini par sympathiser avec nombre de personnes. Le site de Howald a été très gâté, comme nous le raconte Lila, l’assistante qui est en poste depuis un an sur le site. Son sourire est enfin visible, celui que l’on devinait à chaque passage, derrière un masque.
Lila est un sacré bout de femme qui garde le moral quoi qu’il arrive et qui communique son enthousiasme autour d’elle. Pour ces équipes en place, l’expérience aura été enrichissante aussi d’un point de vue relationnel et pour Lila en particulier, en charge de recueillir les informations sur le patient alors que l’infirmière procédait au test. Lila, c’est celle qui détend l’atmosphère, met les gens en confiance, les rassure, surtout les enfants.
À force de passer, elle reconnaît certains fidèles et ce n’est pas étonnant de les voir revenir avec une petite attention pour l’équipe. Elle n’a pas laissé indifférents ceux qui ont apprécié sa gentillesse et sa compétence. Lila, toujours pleine d’énergie et de bonne humeur, raconte quelques anecdotes qu’elle n’oubliera pas de sitôt.
Alors que l’équipe officiait au drive en plein hiver sous des températures polaires, il y a bien eu un monsieur qui est venu faire son test, qui est reparti et qui est revenu avec des chocolats chauds pour toute l’équipe. «Je peux vous dire que ça réchauffe aussi le cœur», témoigne la souriante Lila. Il n’est pas le seul, ce monsieur, à avoir eu cette petite attention. «Une dame âgée qui est venue se faire tester plusieurs fois nous a fait un gâteau maison qu’elle nous a ramené, j’ai trouvé ça exceptionnel», raconte-t-elle.
Un autre monsieur qui accompagne toujours sa maman au LST leur ramène à chaque fois une belle corbeille de fruits. «Nous avons eu des boîtes de chocolats, des bouteilles de champagne, c’est émouvant», poursuit Lila.
Ce n’est pas pour rien que les gens revenaient à Howald. L’accueil, comme dans les autres centres très certainement, était peaufiné. «Normalement c’est une minute trente par test, mais on prend plus de temps si nécessaire, on donne de l’importance à la relation et je pense qu’avec Lila on dépassait parfois le temps imparti», explique le responsable du site, Abdellah Sfart, heureux de constater que son équipe, «très soudée», a pu aussi participer à mettre du baume au cœur des plus vulnérables.
Des gâteaux, des dessins d’enfants
«Nous avons un monsieur âgé qui est venu plusieurs fois et nous étions son seul contact avec l’extérieur. Un monsieur bien seul qui aimait bien parler un peu et quand il pensait gêner parce que des voitures attendaient derrière, j’insistais pour lui demander comment s’était passée sa semaine, s’il avait bien dormi. Une petite conversation qui lui faisait du bien», témoigne Lila, qui sait comment remonter le moral des plus fragiles.
«Nous avons eu des petits mots gentils glissés dans une enveloppe et des dessins d’enfants aussi.» Les enfants étaient ceux qu’il fallait rassurer, surtout ceux qui ne supportaient pas qu’on leur enfonce un écouvillon dans le fond de la gorge. «Nous avons toujours réussi et quand il y a un problème, nous invitons les parents à partir, marcher un peu avec l’enfant lui parler et revenir quelques minutes plus tard et là ça marche mieux», explique Lila, qui sait plaisanter pour détendre les plus rétifs.
Elle a tellement marqué les esprits que certains voulaient absolument la voir sans son masque pour être sûrs de la reconnaître dans la rue un jour! Rien ne la prédestinait pourtant à se retrouver dans un centre LST. Lila est employée administrative dans la vraie vie et elle était à la recherche d’un emploi quand l’Adem l’a contactée. Après deux jours de formation, elle a rejoint d’abord le centre de Frisange, puis a fait un bref passage à Esch avant de s’installer à Howald. Pour le grand bonheur des «patients» pendant cette pandémie.
Geneviève Montaigu
Un responsable engagé et comblé
Abdellah Sfart, ingénieur de formation, a pris la responsabilité du site de Howald. Il se dit fier de ses équipes.
Au centre de dépistage de Howald, une des deux files est désormais réservée aux tests sérologiques qui sont aussi réalisés à Machtum, Bascharage et Mersch.
«On essaie toujours de garder cette proximité avec les gens, de les rassurer. Les gens restent à peine 5 minutes chez nous, on veut qu’ils se sentent bien pendant ce moment», explique le responsable du site, Abdellah Sfart.
Cet ingénieur de formation a lui aussi répondu à l’appel pour prendre en charge le site de Howald. «Je voulais faire partie de la solution et aider pour que l’on s’en sorte un jour et le plus rapidement possible», dit-il. Il gère l’équipe au niveau managérial et logistique, veille à ce que le matériel soit disponible. «Je veille à la sécurité du site pour que le personnel travaille dans de bonnes conditions», explique Abdellah Sfart.
Au début, le dépistage à grande échelle n’était qu’un projet qu’il a fallu améliorer au fil du temps. «Si on compare les débuts à aujourd’hui, c’est très différent. Nous avons changé nos masques plus souvent, toutes les deux heures, finalement. Le processus a été amélioré et aujourd’hui tout est bien rodé avec une protection maximale pour les équipes en place», explique le responsable.
Les conditions étaient parfois difficiles, en hiver avec -15°C ou en été avec 40°C. Mais l’ambiance est restée la même, c’est-à-dire excellente.
Personne dans l’équipe ne sait encore combien de temps il sera en poste dans ce centre de test. «Les gens vont partir en vacances, on ignore comment ils vont revenir et avec quel variant. La population n’est pas encore immunisée, donc il faut continuer les tests. La pandémie, c’est une course contre la montre et il faut stopper la chaîne de contamination», rappelle-t-il.
Garder une partie du personnel pour être prêt en cas de retour de la pandémie, ce serait une bonne chose. En tout cas, il faudra certainement tester au retour des vacances.
G. M.
Très bel article, Lila est une personne entière ?