Le ministère de l’Agriculture et de la Viticulture et le Fonds national de la recherche ont lancé, jeudi, un appel à projets dont l’objectif est de développer la recherche scientifique dans le monde agricole. Une nouvelle orientation pleine de promesses.
Assurer la sécurité alimentaire de demain grâce à une production agricole de qualité est un défi essentiel dont les enjeux sont loin d’être simples. Adapter les cultures au réchauffement climatique, gérer au mieux les ressources naturelles (terres arables, eau…) et protéger la biodiversité et les écosystèmes sont des problématiques récentes, finalement. Face à ces nouveaux postulats, le métier d’agriculteur (et de vigneron) ne se simplifie certainement pas.
L’accord nommé «Agriculture et systèmes alimentaires durables et résilients» signé jeudi entre Romain Schneider, le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs, et Marc Schiltz, le secrétaire général du Fonds national de la recherche (FNR), est un premier pas qui marque le début d’une collaboration promise à perdurer au-delà des trois ans initiaux.
Dans ce contexte, Romain Schneider et Marc Schiltz ont lancé un appel à projets auprès de la communauté scientifique du pays. Le but ? Financer des recherches qui permettront de mettre en place de nouvelles pratiques et des méthodes innovantes adaptées aux besoins des agriculteurs luxembourgeois. Le ministère et le FNR dotent ce programme de 2 millions d’euros (1 million chacun) et souhaitent soutenir entre trois et cinq projets sur une période de 24 à 36 mois avec un plafond de 600 000 euros par programme.
«Des avancées concrètes»
En chinois, le mot «crise» s’écrit avec les idéogrammes «risque» et «opportunité». Le concept s’applique ici parfaitement, puisque le ministère finance ce programme grâce au plan de relance créé dans le cadre de la pandémie de Covid-19, et notamment son volet «Innover» (les autres étant «Consolider» et «Promouvoir»). «En tant que ministre, je me suis demandé comment je pouvais agir pour garantir aux consommateurs que nos agriculteurs leur livrent des denrées de la meilleure qualité possible, avance Romain Schneider. Je suis convaincu que l’innovation et la recherche sont les clés les plus importantes pour y parvenir.»
Jusqu’à présent, au Grand-Duché, il y a bien des projets isolés associant le monde agricole et scientifiques, mais c’est la première fois que se met en place une véritable stratégie nationale. «L’agriculture se trouve devant des mutations profondes (changement climatique, nouvelles technologies…) et travailler ensemble est finalement très naturel, certifie Marc Schiltz. Grâce à cet accord, nous passons à la vitesse supérieure !»
De l’action et surtout du concret, car les fonds alloués devront offrir des applications aptes à être mises en place rapidement sur le terrain. «Un des critères essentiels est que les innovations doivent permettre des avancées concrètes, souligne Marc Schiltz. Il ne s’agit pas que de la beauté de la recherche.»
De notre collaborateur Erwan Nonet
Toutes les informations concernant l’appel à projets seront disponibles sur le site fnr.lu à partir du 15 juillet.
Les chercheurs déjà dans la vigne
En collaboration avec l’Institut viti-vinicole (IVV), le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) travaille déjà sur l’identification des terroirs, la lutte contre la drosophile à ailes tachetées (la mouche Drosophila suzukii, qui pique les raisins rouges), la télédétection des parasites, maladies et des sécheresses à l’aide d’une caméra hyperspectrale fixée sur un drone ou, encore plus récemment, à la détection et la surveillance des symptômes liés à l’esca (une inquiétante maladie du bois qui touche 5% de nouveaux ceps chaque année).