Après neuf mois de fermeture, les salles de cinéma en Belgique vont enfin pouvoir reprendre leurs activités dès ce 9 juin. À cette occasion, mercredi, les exploitants de la Province de Luxembourg ont donné une conférence de presse au Ciné-espace d’Arlon afin de faire le point sur la situation.
Avec cette pandémie, la réalité a rejoint la fiction à un point tel que l’on n’aurait jamais imaginé. Si des œuvres cinématographiques ont moult fois traité le sujet des virus qui s’échappent des laboratoires créant la panique, jamais nous n’aurions imaginé la situation actuelle et encore moins voir les salles obscures fermées.
Aujourd’hui, une lueur d’espoir se pointe à l’horizon pour les exploitants en particulier et le monde du cinéma en général en ce compris les spectateurs. Rappelons que les gérants des salles obscures font non seulement partie de la chaîne du monde du cinéma mais aussi d’un chaînon indispensable car en définitive, c’est l’exploitant qui fait le lien avec les spectateurs. « Sans vous, Mesdames et Messieurs nous n’existerions pas », a déclaré par vidéo l’acteur Olivier Gourmet, prix d’interprétation à Cannes en 2002. S’en sont alors suivis d’autres témoignages de soutien comme celui du réalisateur Frédéric Sojcher, dont le livre Je veux faire du cinéma vient de paraître, mais aussi de l’acteur arlonnais Michael Erpelding sans oublier Vincent Patar et Stéphane Aubier, actuellement en post-production. Tous conscients de la difficulté que traversent actuellement les exploitants. Une conscientisation qui a même dépassé les frontières belges puisque le réalisateur luxembourgeois Christophe Wagner a également tenu à faire part de son soutien, alors qu’il est actuellement en plein tournage de Capitani saison 2 au Grand-Duché. Voilà en tout cas un élan de solidarité qui a touché les exploitants de la Province de Luxembourg.
Les exploitants ont la parole…
Lors de la conférence de presse, Nathalie Heyar, députée provinciale à la Culture, s’est voulue optimiste mais prudente car effectivement, personne ne peut prétendre à l’ouverture définitive des salles de cinéma. « J’ai confiance en vous, vous saurez rebondir », a-t-elle déclaré avant de s’adresser à la presse en ces mots : « Vous avez aussi une responsabilité pour aider le cinéma. »
Mais avant, chaque exploitant s’est exprimé sur la situation actuelle et comment ils ont géré cette crise. Pierre Schneidesch, exploitant du Ciné-espace d’Arlon a mis à profit cet arrêt forcé pour aménager deux de ses salles. L’une avec des fauteuils tout confort « encore mieux qu’à la maison » et la plus grande salle est dorénavant équipée du système « Dolby Atmos », le son home-cinéma en 3D permettant au spectateur de bénéficier d’une meilleure immersion sonore. D’ailleurs, une démonstration nous a été faite et croyez-nous, ça décoiffe ! « J’espère que tous ces investissements vont faire revenir les spectateurs dans nos salles », nous ont confié Pierre et son fils Kevin Schneidesch.
« Aller au cinéma, c’est aller à la fête »
Quant à André Cadet, exploitant du « ciné Patria de Virton » et de « Nos Loisirs » à St Mard, bien connu dans la région et au-delà avec son incontournable Festival du Film européen de Virton, pour lui, le cinéma doit faire la différence avec les plateformes où, certes il y a de la qualité, mais n’auront jamais cette ambiance si particulière que nous vivons tous dans les salles de cinéma. « Aller au cinéma, c’est aller à la fête, les gens ont besoin de se rendre dans les salles ». Cette rencontre a également été l’occasion d’annoncer officiellement les dates de la 41e édition du Festival du Film européen de Virton à savoir du 4 au 13 novembre 2021. Malheureusement, l’édition 2020 a été annulée malgré le fait qu’il y avait déjà vingt films sélectionnés. Ces vingt films pourront d’ailleurs être visionnés chaque mardi et jeudi car le cinéma art et essai présente un engouement important. « Il existe un public pour ce genre de films », précise, avec raison, André Cadet exploitant et cinéphile.
Même si les projets et l’envie sont bien présents, l’avenir reste malgré tout incertain. A Bouillon, par exemple, Monsieur Lemaire se pose la question de savoir s’il va continuer ou pas. « Tout va dépendre de la fréquentation et surtout si les spectateurs vont se sentir en sécurité car il y a encore beaucoup de points d’interrogation à ce sujet », a-t-il confié alors que Monsieur Leyn de Bastogne, malgré une longue traversée du désert, a décidé, outre l’aide au financement d’Idélux à hauteur de 1,5 millions d’euros, de continuer à vendre des produits dérivés.
Malheureusement, à Libramont, la situation est différente. Jonathan Martin, échevin à la Culture de Libramont, a annoncé que le cinéma de cette ville de 11 000 habitants n’ouvrira pas ses portes le 9 juin car l’exploitant a pris sa retraite et qu’à l’heure actuelle, même s’il y a des discussions en cours, il n’y a aucun repreneur.
Reste maintenant à définir une programmation qui attirera du monde. C’est ainsi que les exploitants vont miser sur des œuvres telles que Cruella ; Peninsula qui bénéficiera à Arlon du tout nouveau système « Dolby Atmos » ; Conjuring 3 ; The Father, une pure merveille avec Anthony Hopkins (Oscar du meilleur acteur pour ce rôle) mais aussi quelques œuvres qui sont sorties juste avant le deuxième confinement et qui n’ont pas eu l’occasion de faire carrière. Nous pensons notamment à Adieu les cons, qui avait fait un véritable carton lors de la dernière cérémonie des César, pour les uns 30 jours max pour les autres.
Quelle que soit la programmation, l’important c’est que tous les cinémas du monde reprennent au plus vite leur vitesse de croisière.
De notre correspondant en Belgique, Mister T.