Zachary Hadji est le meilleur joueur de la saison. Il a marqué plus de buts à lui seul cette saison que Pétange et Etzella et autant que Hamm et Mondorf. Quelle perf !
Vous voilà meilleur joueur de la saison de BGL Ligue. Mérité ?
C’est mérité, oui. Comme d’autres l’auraient mérité, tels Dejvid (Sinani) ou Diogo (Pimentel), mais je ne l’ai pas volé.
Vous venez de citer deux de vos coéquipiers, qui complètent le podium.
Il n’y en a pas un des deux à qui je l’aurais donné en particulier mais c’est vrai qu’en football, les gens retiennent souvent en priorité celui qui fait la dernière passe ou qui marque. On accepte. Mais on pourrait dire qu’un meilleur joueur, c’est aussi celui qui a su, à certains moments, porter l’équipe sur ses épaules. Diogo, Dejvid et moi, on s’est aussi dit, à un moment, qu’il ne fallait pas qu’on regarde trop ces notes, surtout quand elles ne nous semblaient pas logiques. Une fois, contre Rodange, j’ai eu un 8 alors que je m’étais trouvé nul…
En début de saison, j’étais deuxième, voire troisième choix
Récemment, votre coach, Sébastien Grandjean, rappelait que vous n’étiez pas programmé, à la base, pour être titulaire…
Mais ça a duré toute la préparation ! J’étais deuxième, voire troisième choix ! J’ai eu la chance que certains soient blessés et d’être bon quand on m’a fait entrer en jeu. Rappelez-vous, contre le Sheriff Tiraspol (NDLR : au 1er tour de la Ligue des champions), j’étais sur le banc !
Comment passe-t-on de deux saison dans l’anonymat le plus total à… ça ?
Je ne suis pas surpris de ma réussite car je savais que j’avais les capacités. Mais pas de là à me dire que je mettrais 33 buts. Avant, c’est juste qu’on ne m’avait pas donné ma chance. Jeff Strasser ne me faisait pas forcément confiance. Il avait ses têtes, comme tous les coaches et malheureusement pour moi, je n’en faisais pas partie. En fait, je crois que le problème était surtout tactique. Avec le système qui était le sien, il ne savait pas vraiment où me mettre. En pointe ? Derrière l’attaquant ? Sur un côté ?
Peut-on rester le même quand on inscrit 33 buts sur une saison ?
Mais en fait, je ne réalise pas encore que c’est arrivé. Je ne me rends pas compte. Ma qualité, cela n’avait jamais été d’être un finisseur. J’étais un joueur de combinaison et marquer n’avait jamais été ma priorité. Ça l’est devenu. Ça a changé ma façon de jouer, et mon approche. Avant, sortir d’un match sans marquer ne me dérangeait pas. Aujourd’hui, je serais dégoûté.
Que valent vos 33 buts en DN, à l’échelle européenne ?
Sur les réseaux, des classements sont sortis avec mon nom pas loin de celui de Lewandowski mais c’est complètement faussé ! Je dirais qu’avec 33 buts en DN, on peut prétendre à en mettre une dizaine en D1 belge ou en Ligue 2 française et c’est déjà pas mal !
Quelles sont vos chances d’être à l’étranger, la saison prochaine, pour prouver vos dires ?
Tout le monde me pose la question en ce moment et… il y a des pistes. Je dirais que les chances que je sois encore en BGL Ligue la saison prochaine, en août, sont de 5%.
Ce n’est pas dans ses habitudes, mais mon père a fini par me dire « c’est bien, fils »
On annonce votre frère, Samir, de retour en DN la saison prochaine. Pourrait-il vous remplacer au Fola ?
Dans la vie, il n’y a rien d’impossible mais je ne pense pas qu’on aille dans cette direction. Mais il a des touches en DN et heureusement : moi, si je suis un club de DN, un gars comme ça, je saute dessus !
Que vous a-t-il dit de votre saison ? Et votre père ?
Samedi, mon frère m’a dit que c’était incroyable ce que j’avais réalisé. Et mon père (NDLR : l’ancien Ballon d’or africain Mustapha Hadji)… Mon père, ce n’est pas dans ses habitudes, mais il a enfin fini par me dire « c’est bien fils ».
Vous attendiez depuis longtemps ?
Cela faisait un moment que j’attendais, oui, même si j’imagine que cela faisait un moment qu’il le pensait. Mais lui, il est du milieu, donc il est plus exigeant et quand il finit par vous dire que c’est bien, en fait, c’est que c’est très bien !
Pas de regret de ne pas avoir pu aller chercher le record absolu de 36 buts ?
Aucun. Je suis très fier d’avoir dépassé Dave Turpel, un des plus grands attaquants de tous les temps au Luxembourg. C’est symbolique ! Quand je l’ai dépassé, j’avais déjà accompli mon truc !
Quel est le plus beau compliment qu’on vous ait fait récemment ?
Eh bien c’est vous ! Quand Le Quotidien a titré en Une « Le meilleur attaquant du siècle ? ». Mais il y avait un point d’interrogation derrière…
Entretien avec Julien Mollereau