La stratégie de diversification du Luxembourg compte sept piliers économiques regroupés en clusters, c’est-à-dire en regroupements d’entreprises d’un même domaine afin de stimuler le secteur en question offrant, dans le cas du Luxembourg, un potentiel de croissance élevé.
Parmi ces sept clusters, il y a l’étonnant cluster maritime. Étonnant, car le littoral luxembourgeois est inexistant. Pourtant, plus de 200 navires battent pavillon luxembourgeois, mais très peu de capitaines ont la même nationalité que cette flotte (on ne parle pas de bateaux de tourisme, mais bien de gros porteurs).
À bien y réfléchir, le contexte social du pays pourrait faire naître l’ambition de braver les mers et parcourir les océans, dans un pays où les habitants ont l’aisance de parler plusieurs langues (dont le français, l’allemand, l’anglais, le portugais voire l’italien), atout indéniable pour un marin faisant chaque jour escale dans un port différent. Dans la marine, le pavillon présente une symbolique importante dans l’histoire d’un pays, devenant parfois le drapeau officiel,comme dans le cas du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou de la France.
Quel plus grand honneur que de naviguer en portant haut les couleurs de son pays et de le représenter à chaque fois que son navire fait escale dans un port étranger? Depuis des années, le Luxembourg veut être visible sur la scène internationale, veut renforcer son image de marque et nul doute qu’un capitaine de vaisseau peut contribuer à cela au même titre qu’un pilote de Luxair ou Cargolux… ou presque. Seulement voilà, le métier de capitaine n’est pas simple.
De l’aveu même d’un Luxembourgeois membre de la direction d’un grand groupe maritime, le «rêve luxembourgeois» ne se trouve pas sur les mers où il y a un peu trop d’aventure, mais bien dans un bureau de l’État, très loin des côtes, plus confortable pour construire une famille.
Le métier de capitaine n’est pas si inaccessible et plutôt bien rémunéré, peut-être une bonne occasion pour un jeune de voir du pays, de naviguer sur les traces de Vasco de Gama ou Magellan, avant de revenir au pays pour y construire un foyer et se remémorer ses nombreuses histoires de marins. Une idée de carrière parmi d’autres.
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)