Le vote par voie électronique s’est achevé mercredi à midi, mais les Français du Luxembourg inscrits sur les listes pourront élire leurs cinq conseillers en se rendant aux urnes dimanche à Luxexpo.
Ce dimanche, c’est jour d’élection pour la communauté française. Des urnes devront sortir les conseillers des Français de l’étranger (ex-conseillers consulaires) que la diplomatie compare à des élus de proximité «qui connaissent, soutiennent et représentent les Français de l’étranger auprès des ambassades et consulats de France à l’étranger».
Ce rendez-vous électoral ne déplace pas les foules en général. Moins de 20 % des inscrits y participent alors que des possibilités de vote électronique leur sont offertes. Certes, les modalités ont connu des couacs et il suffit de lire le Canard enchaîné de mercredi pour comprendre que l’élection a été organisée dans la précipitation.
Sur les 26 716 inscrits sur la liste électorale consulaire au Luxembourg, seuls 3 387 ont voté par internet. Le gros des électeurs est donc attendu au Kirchberg le dimanche 30 mai de 8 h à 18 h à Luxexpo entrée Nord.
Cette élection était prévue pour mai 2020, mais la situation sanitaire a bouleversé le calendrier. Les sénateurs qui représentent les Français de l’étranger sont précisément élus par les conseillers consulaires élus, eux, au suffrage universel direct par les Français de leur pays ou circonscription pour un mandat de six ans.
Dans la précipitation
Tout le monde a rempilé un an de plus et les fonctionnaires du Quai d’Orsay, en charge d’organiser le scrutin, pensaient même reporter une fois encore l’élection. Le gouvernement en a décidé autrement, si bien que la direction des Français de l’étranger a été prise de court : erreurs dans les listes des inscrits, couacs informatiques, en bref une organisation précipitée.
Cela n’a pas empêché les candidats de s’organiser et de composer leur liste. Pas moins de sept listes sont recensées au Luxembourg, (dix en Belgique) pour seulement cinq postes de conseillers.
Ils représenteront les Français établis hors de France auprès des ambassades et des consulats et pourront être consultés sur toute question concernant les Français de l’étranger. Ils participeront en septembre prochain à l’élection des sénateurs des Français de l’étranger. En tout, 443 conseillers consulaires sont élus pour 6 ans, au suffrage universel direct, dans 130 conseils consulaires.
Le monde a été découpé en 15 circonscriptions, chacune devant compter d’un à neuf conseillers consulaires. Le Luxembourg en compte cinq, chiffre qui correspond à un nombre variant de 16 430 à 32 858 inscrits, très précisément. Il y a actuellement environ 48 500 Français qui résident au Grand-Duché.
Un groupe peu connu
Parmi les 443 conseillers des Français de l’étranger, 90 sont élus par leurs pairs, pour siéger à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), en réunion plénière, deux fois par an à Paris, alors que 68 délégués consulaires sont élus pour trois ans pour participer à l’élection des sénateurs.
Composé des 11 députés élus par les Français expatriés et des 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France, des 443 conseillers consulaires et de leurs 68 délégués, le collège électoral sénatorial des Français de l’étranger est passé de 178 à 534 membres avec la réforme de 2013.
Les Français de l’étranger forment un groupe peu connu au sein de la communauté nationale, explique le sénat sur son site. Par leur nombre, ils constituent néanmoins une communauté non négligeable : environ 2,5 millions d’expatriés en 2018, c’est autant, par exemple, que la population des Bouches-du-Rhône, autant que celle additionnée des quatre départements d’outre-mer, compare encore le Sénat.
Les futurs élus siègeront au «conseil consulaire» et seront chargés d’émettre des avis sur les questions inhérentes à la vie quotidienne des Français de l’étranger et seront consultés pour toutes questions relatives à l’emploi, la santé, l’apprentissage, l’enseignement ou encore la sécurité des Français installés hors de France.
Geneviève Montaigu
Laurence Harf :
«J’ai envie de mettre les mains dans le cambouis»
Laurence Harf est franco-luxembourgeoise de naissance, employée au ministère de l’Éducation nationale, ancienne journaliste et aujourd’hui candidate aux élections consulaires françaises
Qu’est-ce qui motive la binationale que vous êtes à prétendre à un poste de conseiller des Français de l’étranger?
Laurence Harf : Je suis française de cœur et d’éducation et je suis devenue plus luxembourgeoise en exerçant mon métier de journaliste. Je me retrouve aujourd’hui candidate parce que Monique Dejeans, que je connaissais justement depuis mes années au Jeudi, m’a contactée pour me proposer de figurer sur sa liste.
J’ai toujours apprécié sa franchise et son énergie, si bien que je n’ai pas hésité longtemps avant d’accepter. Après avoir observé et commenté la politique et la société pendant près de 20 ans, j’ai maintenant envie de mettre les mains dans le cambouis.
À quoi ça sert un conseiller consulaire?
Ça sert à tout! Quand on ne sait plus ni avancer ni reculer, on appelle un conseiller consulaire. C’est l’huile de coude dans les rouages français principalement, puisque les problèmes sont souvent d’ordre administratif. Le consulat n’ayant pas les moyens pour défendre les ressortissants ici, donc le conseiller, c’est quelqu’un qui a un réseau, qui connaît bien la société luxembourgeoise, qui connaît les problèmes des Français, qui sait à qui s’adresser pour trouver une solution, sans trop en faire non plus.
Les conseillers sont sollicités pour des cas très pratiques, souvent qui peuvent être réglés par un petit coup de téléphone, mais il y a des problèmes plus lourds à résoudre. Des gens ont des problèmes de logement au Luxembourg, des familles qui subitement sont confrontées à un licenciement, une séparation et qui se retrouvent désemparées. Il peut s’agir de problèmes de scolarisation aussi parce que les parents n’ont pas obligatoirement envie d’inscrire leurs enfants au lycée Vauban, alors le conseiller peut les orienter sur l’offre publique et gratuite très ouverte sur les francophones. Puis il y a aussi tout le volet des retraites pour les carrières qui ont été partagées entre la France et le Luxembourg.
Être conseiller consulaire ce n’est pas avoir un poids politique immense, c’est plutôt la débrouillardise. C’est comme appeler un bon copain qui va aider, démêler les fils.
En parcourant les différentes circonscriptions électorales consulaires à travers le monde, il apparaît que le Luxembourg bat un record en nombre de listes. Pas moins de sept listes pour seulement cinq conseillers. Comment expliquer ce phénomène?
Si on prend le côté positif, on dira que nous avons des concitoyens très engagés qui veulent absolument représenter leurs compatriotes. Je crois que c’est surtout la proximité avec la France qui fait que la communauté résidente au Luxembourg est plus politisée.
Entretien avec G. M.
Sept listes, cinq postes
Il y a sept listes pour ces élections :
1) Français du Luxembourg – progressistes et solidaires. Liste conduite par Monique Dejeans.
2) Alliance Solidaire des Français du Luxembourg – Le club français. Liste conduite par Sébastien BERTHELOT.
3) Écologie, Citoyenneté, Solidarité. Liste soutenue par Europe Écologie Les Verts et LFI, liste conduite par Alexandre Chateau.
4) Les Français de droite au Luxembourg. Liste conduite par Vincent Derudder.
5) En Marche pour les Français du Luxembourg. Liste conduite par Frédéric Schauli.
6) Français de l’étranger pour l’environnement au Luxembourg. Liste conduite par Isaure d’Archimbaud.
7) Plus forts au centre – Français du Luxembourg!. Majorité présidentielle avec le soutien de l’UDI (Union des démocrates et indépendants), du Groupe union-centriste et d’Agir-La droite constructive, liste conduite par Bruno Théret.