Dames Ligue 1 Leader l’an dernier à l’interruption de la saison, le RFCU a remporté samedi son premier titre de champion. Un sacre qu’analyse l’expérimentée Élodie Martins, entre fierté et ambition.
Dans quel état d’esprit êtes-vous après votre victoire à Diekirch (1-8), synonyme de titre ?
On est assez contentes, c’est une bonne chose de faite, mais la saison n’est pas finie ! La fête était belle, samedi, mais connaissant les filles, j’imagine qu’elle le sera jusqu’à la fin de la saison (elle rit).
Vu votre invincibilité, ce titre était-il devenu inéluctable ?
Jung et Bettembourg s’accrochaient. À Bettembourg, on n’a pas mis tous les ingrédients, on a fait match nul et sans forcément tomber dans le doute, on a compris qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Mais du premier match à celui de Diekirch, rien n’a changé. On était toujours aussi concentrées. Samedi, on a abordé ce match comme les autres, sans pression supplémentaire.
Aviez-vous une « revanche » à prendre sur cette équipe de Diekirch, que vous aviez battue sans briller à l’aller ?
C’est sûr. À l’aller, on gagne 4-0 mais pour reprendre les mots du coach, qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense et nous remettre à notre place, on a été « dégueulasses »! On avait à cœur de montrer réellement quelle équipe on était.
Cela a-t-il parfois été difficile de rester motivées dans cette saison où personne ne vous résiste ?
On est tout le temps à 100 %! Celle qui ne l’est pas, le coach la rattrape vite ! Alexandre Luthardt est exigeant, même dans la victoire, et fait toujours en sorte qu’on se remette en question, ce que toutes les filles ont fait. Avec l’appui du club et la cohésion d’un groupe qui vit très bien, on en arrive à ne perdre aucun match. Pour avoir bossé avec lui à Forbach (2017/2018), je savais qu’il allait nous apporter cette exigence. Il sait ce qu’il veut et donne tous les ingrédients pour y arriver. Mais parfois, il est cool aussi, hein (elle rit)! Quand vous comparez notre façon de jouer l’an dernier et cette saison, il n’y a pas photo.
La frustration de la saison dernière, où vous étiez premières au moment de l’arrêt du championnat, vous a-t-elle boostées ?
Toutes les équipes étaient déçues de ne pas terminer ce championnat. Il y avait un goût d’inachevé, mais il y avait quand même la Ligue des champions au bout. Quand vous y avez goûté, vous voulez y retourner! Ce sont des moments inoubliables, et si on voulait la rejouer, ça passait par le travail et le sérieux. Ça nous a souri.
Au Luxembourg, on peut et on doit devenir la référence
Comment jugez-vous l’évolution du RFCU depuis votre arrivée en 2018 ?
Je n’ai jamais regretté d’être venue. J’avais l’âge (33 ans, alors) de voir autre chose, d’avoir moins de contraintes qu’à Metz (D1 française). La première saison était compliquée, mais on finit deuxièmes et on gagne la coupe et le futsal. Depuis, le club fait énormément pour les filles, et c’est ce qui fait qu’on a avancé autant en deux ans. Le chemin parcouru est énorme! Ceux qui connaissent le foot féminin luxembourgeois et nous suivent réellement doivent être épatés. Moi-même, je le suis! Chacune, y compris les recrues hivernales, a amené son petit grain et a fait qu’aujourd’hui on en est là. Notre groupe est exceptionnel, il faut le vivre pour comprendre!
Comment voyez-vous la fin de la saison ?
On est hyper fières de ce qu’on a fait : c’était une sacrée saison, quand même! On veut terminer invaincues, et ensuite on a un petit défi entre le coach et les filles que je préfère garder secret. Et la Ligue des champions va venir vite. On y pense déjà! À titre personnel, je ne suis pas du tout dans l’optique d’arrêter ou partir. Je suis encore bien physiquement, et je me sens bien au Racing.
Que peut désormais ambitionner le RFCU, sur la scène nationale comme continentale ?
Au Luxembourg, on peut et on doit devenir la référence. Après, ça reste le foot luxembourgeois : il y a très peu de joueuses, le championnat est petit, il n’y a que trois divisions, il faut lui laisser le temps de se développer. Cela prendra du temps mais ça va forcément progresser. Quant à l’Europe, si c’est pour faire du tourisme, on n’y va pas! En novembre, on est parties déterminées, on voulait ramener un résultat, montrer que le foot luxembourgeois et le Racing existaient. On s’est battues avec nos armes et c’est là qu’on mesure qu’il reste beaucoup de travail pour arriver au niveau de certaines équipes. Mais même si on a kiffé le moment, on ne jouera pas la Ligue des champions pour prendre du bon temps.
Simon Butel