Olesya a frappé son ex-mari à l’épaule avec un couteau de cuisine après un énième conflit au sujet de leurs filles. Elle comparaissait jeudi face aux juges pour tentative d’assassinat.
Olesya est accusée d’avoir tenté d’assassiner son ex-mari et d’avoir frappé la plus jeune de ses deux filles. «J’ai dit que je voulais le tuer, mais je ne l’aurais pas fait, je n’en avais pas l’intention», s’est expliqué la jeune femme de 42 ans hier à la barre de la 13e chambre criminelle. «Dans la vie, on dit parfois des choses sans les penser.»
Le 9 septembre 2020, Olesya fait la fête à son domicile au sud du pays avec sept autres femmes d’origine russe ou ukrainienne comme elle. Elles boivent quatre bouteilles de crémant avant que les invitées ne quittent les lieux à 20 h. La jeune femme demande alors à sa cadette qui vit encore avec elle, d’aller se coucher. Décrite comme parfois capricieuse par son ancienne nounou, la petite refuse. Chez son père, elle peut aller se coucher plus tard. Elle veut lui téléphoner pour se plaindre de sa maman. La jeune femme se serait énervée et aurait cherché à lui arracher le téléphone des mains. Le geste lui aurait échappé et la petite se serait cogné la tête contre le mur. Elle a prévenu son père qui a appelé la police. Mère et fille sont conduites au commissariat.
«Elle a eu peur de perdre la garde de la petite comme elle avait perdu celle de l’aînée», indique l’expert psychiatre qui n’a pas décelé chez elle d’altération du discernement au moment des faits. «Elle a pris un couteau de cuisine et est partie chez son ex-mari. Elle a essayé de lui téléphoner, mais il ne répondait pas. Elle dit que s’il avait répondu cela aurait désamorcé la situation.» Elle aurait foncé à son domicile et lui aurait asséné deux coups de couteau à la clavicule. Juste avant, elle lui aurait dit qu’il avait gagné et qu’il allait aussi récupérer sa deuxième fille. «Si j’avais voulu le tuer, j’aurais visé les reins», précise-t-elle. L’enquêteur contredit cette affirmation : durant son audition, Olesya aurait répété à plusieurs reprises avoir voulu tuer son ex-mari.
«Olesya ferait tout pour ses filles»
Le couple est en désaccord quant à l’éducation de ses deux filles depuis leur divorce en 2016. La plus âgée a demandé à vivre chez son père un an après le divorce. «Olesya ferait tout pour ses filles, mais l’éducation qu’elle leur donne n’est pas celle qu’on donne aux enfants d’ici. Elle était sévère», explique le père. Il se souvient que le soir des faits, il revenait de vacances avec son aînée quand il aurait reçu un appel téléphonique de la petite qui lui aurait dit à plusieurs reprises que sa «maman devient folle». Alerté, il aurait prévenu la police.
L’assistante parentale qui s’est occupée des filles témoigne à la barre ne jamais avoir constaté de traces de violence sur les enfants. «Olesya était toujours aimable avec les filles», indique-t-elle, «Les filles ne se sont jamais plaintes de leur mère.» D’après elle, la situation ne déplaisait pas à la plus jeune des filles même si elle aurait souhaité voir sa sœur plus souvent.
Le compagnon de la jeune femme prétend quant à lui que la petite «devenait de plus en plus difficile» et s’opposait «de plus en plus aux règles imposées par sa mère». Selon lui, «la petite réclamait son père qui se manifestait rarement». Le père proteste depuis le fond de la salle du tribunal. Plus tôt, il avait assuré avoir toujours été en contact avec ses filles. Il leur aurait même offert des téléphones. Le compagnon insiste lui aussi sur le fait que la jeune femme aurait eu peur qu’on lui enlève la garde de la fillette après l’avoir bousculé. «Elle aurait voulu tuer son ex-mari parce qu’elle a eu le sentiment qu’on allait lui enlever son enfant alors qu’aucune décision concernant la garde de la petite n’avait encore été prise ?», demande la présidente de la 13e chambre au compagnon dont le témoignage ne semble pas convaincre la juge. Il raconte notamment que les petites auraient régulièrement porté plainte pour coups et blessures contre lui et leur maman.
L’audience s’est clôturée sur ce témoignage jeudi. Le procès reprend ce vendredi matin avec l’audition filmée de la fillette le soir des faits.
Sophie Kieffer