Oxmo Puccino est de retour en librairie avec un quatrième livre et son premier roman, Les Réveilleurs de soleil (éd. La Grenade / JC Lattès).
Une confidence sur les réseaux sociaux : «Je n’arrive pas y croire. Je pense à mes parents venus du Mali. À ma famille. Aux amis… » À 46 ans, né Abdoulaye Diarra en 1974 au Mali, Oxmo Puccino est de retour en librairie avec un quatrième livre : après un recueil de tweets (140 Piles), de poésie (Mines de cristal) et de souvenirs d’une tournée (Au fil du chant), il nous arrive avec son premier roman, aussi délicieux que lumineux : Les Réveilleurs de soleil. Un roman qui a séduit son éditeur parisien puisque le livre bénéficie d’un premier tirage de 55 000 exemplaires.
Figure du rap francophone depuis près de vingt-cinq ans, il a été surnommé le «Black Jacques Brel». Depuis 1998 et Opéra Puccino, il a enregistré huit albums solo, dont L’Arme de paix (Victoire de la musique 2009). Des disques portés par une voix ronde et chaude qui magnifie la poésie du quotidien. Alors, il était évident – et donc, attendu – qu’un jour, Oxmo Puccino se glisse en littérature, comme l’ont fait avant lui d’autres figures du hip-hop comme Gaël Faye (Petit pays, Goncourt des lycéens 2016), Abd al Malik ou Grand Corps Malade.
Une autre confidence d’Oxmo Puccino, sur l’origine de son roman : «Il traînait depuis des années dans ma tête, comme nombre d’autres qui attendent de trouver leur forme. J’ai toujours écrit. Pendant le confinement, j’ai fait un peu de rangement et j’ai retrouvé ce texte, une courte nouvelle que j’ai eue envie de développer.» Ainsi, lectrices et lecteurs, nous voici embarqués dans les pas d’une gamine de tout juste 10 ans, taille 1,60 m, prénom Rosie. Commentaire de l’auteur : «J’ai choisi de mettre en scène une petite fille. Parce qu’un garçon, ça aurait été trop commun. Et il aurait moins de difficultés à être pris au sérieux dans ce voyage…»
Laissons, encore et toujours, entrer le soleil !
C’est tout simple, Rosie vit avec son grand-père Edmond qui cultive des plantes et fabrique des médicaments pour toute la région, et qui ne va pas fort depuis que le soleil a décidé de ne plus se lever. Dans ce pays imaginaire, les plantes ne poussent plus; alors, la gamine décide donc, pour redonner santé et goût de vivre à son grand-père et qu’il puisse à nouveau se soigner, d’aller voir Noé, l’homme le plus riche du monde. Avec sa fortune, pense-t-elle, il doit connaître le soleil et avoir les moyens de lui demander de se lever à nouveau. Discrètement, elle part, chevauchant Harley, son vélo. Direction Arj-en-Ville, là où vit Noé. Elle n’a pas oublié ce que lui a dit un jour son grand-père : avec l’argent, on peut tout résoudre ! Donc, il suffit de demander à Noé…
En chemin, Rosie va rencontrer de délicieux personnages. D’abord, Crépuscule, dit «Crêpe», c’est le paria de la ville, personne ne lui parle, il fait peur à tous – c’est, dit l’auteur, «un enfant seul. Il porte bien son nom, il a une vision du monde assez sombre dont il va devoir se défaire. Il n’y a pas de plus beau parcours que celui qui quitte l’obscurité pour trouver des amis et quelqu’un qui l’aime». Les deux font ami-ami. Et partent ensemble pour trouver Noé qui devrait les mener au soleil.
Auparavant, ils croiseront également Aube, la gardienne de la forêt; Irla, la sorcière-magicienne et son mari le chat Cinno; Vénus, la femme la plus belle du monde, le fameux Famos, Momo le pêcheur, un sonneur de cloches sans oublier des éléphants qui disputent des matches d’«éléphanfoot» ! Quand Rosie arrive chez Noé, il lui faut sacrément négocier – l’homme le plus riche du monde est mégalomane, croit que sa célébrité lui autorise tout… mais il acceptera de la mener au soleil. Celui-ci voudra-t-il enfin se lever à nouveau ? Peut-être, mais voilà, si le problème était les nuages et non pas le soleil ?
Comme l’indique l’éditeur, avec Les Réveilleurs de soleil, Oxmo Puccino a écrit un conte qui flotte délicieusement entre Le Petit Prince de Saint-Exupéry et l’univers du réalisateur Tim Burton… Mieux, ce premier roman n’est pas seulement un conte, c’est aussi la belle évocation de l’énergie de la jeunesse face à l’insouciance de tant et tant d’adultes face à la crise écologique et à la vanité, pour ne pas dire la suffisance d’un monde de cycles. C’est également un livre joliment féministe, furieusement poétique où le verbe est, à toute ligne, révéré, magnifié… Alors, avec Oxmo Puccino, faisons place aux rêves d’espoir et laissons, encore et toujours, entrer le soleil !
De notre correspondant à Paris, Serge Bressan