Le Luxembourg s’est envolé mercredi pour l’Autriche sans sa «star». La FLVB justifie son absence à la Silver League par un «repos bien mérité». Mais la reverra-t-on sous le maillot national ? Pas sûr.
Son nom revient très régulièrement dans les colonnes de la presse sportive italienne. Chaque bruit, chaque murmure qui le concerne, La Gazetta dello Sport s’en fait l’écho. Auteur du doublé Coupe/championnat avec le Lube Civitanova, Kamil Rychlicki a, en l’espace de deux saisons en Italie, acquis un statut équivalent à celui de Miralem Pjanic lorsqu’il portait les couleurs de l’AS Rome. Difficile de ne pas faire le parallèle – facile peut-être – entre les deux hommes, et ce d’autant que comme le Bosnien qui, jadis, porta le maillot des Roud Léiwen en U17 et U19, l’Ettelbruckois pourrait être amené à ne plus apparaître sous le maillot du Luxembourg. Explications.
Dans notre édition du 29 mars 2014, Kamil Rychlicki se plie de bonne grâce à notre rubrique «Entrez c’est privé». Il était alors de tradition de conclure ce questionnaire décalé par cette question : «La question à laquelle tu (NDLR : pour l’occasion, on osait le tutoiement) n’aimerais pas répondre ?» Du haut alors de ses 17 ans, le Strassenois eut cette réponse : «Tu préfères quel pays, la Pologne ou le Luxembourg ?» Cette question/réponse résonne aujourd’hui étrangement. Présageait-elle déjà de ce choix auquel l’intéressé semble devoir faire face ?
Le 3 janvier 2017, au lendemain de la victoire de l’équipe nationale à la Novotel Cup, Le Quotidien révèle une drôle de rumeur entendue dans les couloirs de la Coque : la Pologne s’intéresserait de très près à Rychlicki. Rapportée à son oreille, l’intéressé a cette réponse : «La rumeur ? Oui, j’en ai aussi entendu parler… Je me demande surtout d’où elle vient…» Le joueur alors du Noliko Maaseik tente cette explication : «Mon père est un ancien international (NDLR : vice-champion d’Europe en 1983), du coup Rychlicki est un nom qui veut dire quelque chose en Pologne. C’est peut-être pour ça.» Peut-être. À moins que ce ne soit autre chose.
Vainqueur la même année des Jeux des petits États d’Europe à Saint-Marin et du championnat d’Europe des petits États, Kamil Rychlicki est apparu pour la dernière fois sous le maillot luxembourgeois lors des JPEE-2019 au Monténégro où il était du reste porte-drapeau de la sélection grand-ducale. Son dernier match date du 1er juin 2019 et de cette confrontation remportée contre Saint-Marin (3-0) synonyme de médaille de bronze.
Vu son niveau, il a d’autres choses à faire…
Depuis, 718 jours se sont écoulés sans que Kamil Rychlicki soit réapparu sous le maillot luxembourgeois. Bien sûr, on pourra dire qu’au vu d’une année 2020 chamboulée en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19, cette absence est à relativiser. Ce serait le cas si le joueur de Civitanova n’avait pas manqué, en janvier 2020, la Novotel Cup. Première compétition d’une sélection – au sein de laquelle manquaient bon nombre d’éléments d’expérience – à la tête de laquelle Pompiliu Dascalu effectuait son baptême du feu.
À l’époque, cette absence avait été mise sur le compte du Lube Civitanova qui ne souhaitait pas le libérer. Cette fois, quelle est la raison ? Auteur d’une saison tout simplement époustouflante (459 points en 32 matches de championnat), Rychlicki ne sait pas encore quel maillot il portera la saison prochaine. En effet, le garçon est très courtisé. Pas plus tard que dans son édition de mercredi, La Gazetta dello Sport se posait la question de sa future destination. «Où jouera-t-il l’année prochaine ? Beau mystère. Certainement pas chez Lube.» Voilà ce qu’on peut lire. Pérouse est officiellement entré en contact avec Rychlicki et, d’après le quotidien italien, lui aurait même fait parvenir une offre. La priorité de Rychlicki est d’intégrer une équipe compétitive. Reste que le Lube serait formellement opposé à tout départ en direction de Pérouse. Autant dire que le feuilleton n’est pas terminé concernant un Kamil Rychlicki que l’on a tenté de joindre mercredi. Sans succès.
Coïncidence ou non, le Luxembourgeois se fait plus rare depuis avril 2020 et un article de nos confrères du Wort dans lequel il était question d’une interview accordée à Wirtualna Polska, un site polonais. Interrogé évidemment sur l’éventuelle perspective de le voir un jour porter le maillot des champions du monde 2018, Rychlicki disait ceci : «C’est un rêve pour chaque Polonais de jouer pour son pays (…) Quelles que soient les décisions que vous prenez, certains les acceptent, d’autres non.»
Alors, son absence lors de cette Silver League présage-t-elle une éventuelle carrière en équipe de Pologne ? En volley-ball, et contrairement à d’autres disciplines, un joueur peut jouer dans sa carrière pour plusieurs sélections. C’est d’ailleurs le cas pour sans doute le plus connu d’entre tous : Wilfredo León. Considéré comme le meilleur joueur du monde, le natif de Santiago de Cuba et ex-international cubain, porte depuis 2019 les couleurs de la… Pologne. Sa naturalisation, obtenue en 2015, il la doit à son épouse, polonaise.
Dans le cas de Rychlicki, c’est encore plus simple puisque ce dernier a déjà la double nationalité. Le règlement de la CEV stipule qu’un joueur peut porter les couleurs d’une autre sélection à condition d’être resté deux ans sans avoir évolué pour la précédente. Dans douze jours, les deux ans seront écoulés. Alors, le reverra-t-on un jour avec le maillot des Roud Léiwen ? Un de ses proches, sous couvert d’anonymat, laisse peu de place au doute : «Non, il ne rejouera plus pour le Luxembourg, c’est terminé. Vu son niveau, il a d’autres choses à faire… D’autres priorités. Il peut aller très, très loin. Et d’une certaine manière, comment ne pas le comprendre ?» En effet, si tel est le cas, difficile de lui en vouloir.
Charles Michel
«Nos adversaires sont déjà très forts»
Le Luxembourg a pris la direction de l’Autriche sans avoir véritablement pu préparer cette première phase de la Silver League lors de laquelle il affrontera la Croatie (27e nation européenne), la Hongrie (34e) et le pays hôte (25e). «Nous ne pouvions pas nous entraîner autant que nous en avions l’habitude. Nos adversaires sont déjà très forts, car ils participent également aux éliminatoires du championnat d’Europe et ont donc plus de préparation et plus de pratique de match», fait remarquer Torsten Schooff, directeur technique de la FLVB qui s’attend donc à souffrir.
La sélection : Gilles Braas (VC Strassen), Michaïl Constantinou (Sparvoc Lanaken/BEL), Yannick Erpelding (Bertrange), Mathis Esselin (Bertrange), Jérémie Feit (Tours VB/FRA), Max Funk (TuS Mondorf /ALL), Mateja Gajin (Strassen), Christian Galoppo (Bertrange), Philippe Glesener (Lorentzweiler), Charel Hoffmann (Bertrange), Tim Laevaert (Strassen), Samuel Novais Marinho, Simao Novais Marinho (Esch), Chris Zuidberg (Wareme/BEL)