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Le Luxembourg au Niger : «Vous pouvez compter sur nous !»


Au premier plan : le ministre des Affaires étrangères nigérien, Hassoumi Massoudou, et le ministre de la Coopération, Franz Fayot. À l’arrière-plan : le président du Niger, Mohamed Bazoum, et le Premier ministre, Xavier Bettel. (photo Alain Rischard)

Le président du Niger récemment élu, Mohamed Bazoum, était mercredi à Luxembourg à l’occasion de la signature d’un 4e accord de coopération entre les deux pays.

Ce sont des partenaires de longue date qui se sont retrouvés au château de Senningen. Voilà en effet plus de 30 ans que le Niger et le Luxembourg coopèrent. Mercredi, à l’occasion d’une visite de travail au Grand-Duché du président du Niger Mohamed Bazoum – la première sortie officielle du dirigeant fraîchement élu –, un quatrième accord de coopération a ainsi été signé entre les deux parties, représentées par le ministre de la Coopération, Franz Fayot, et le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Niger, Hassoumi Massoudou.

Ce 4e Programme indicatif de coopération (PIC IV) sera mis en œuvre sur une période de cinq ans, de 2022 à 2026, et disposera d’une enveloppe de 144 millions d’euros, dont 100 millions seront consacrés à des programmes hydrauliques et d’assainissement, un «secteur vital pour un pays sahélien où les besoins en eau sont énormes», a rappelé Mohamed Bazoum. «C’est l’enveloppe la plus élevée octroyée jusqu’à présent à l’un des pays partenaires de la coopération luxembourgeoise dans un cadre pluriannuel», a souligné Franz Fayot.

Une enveloppe revue à la hausse par rapport au PIC précédent, qui était alors de 114 millions d’euros, afin d’aider le Niger à relever les nombreux défis auxquels il doit faire face, y compris sur le plan sécuritaire en raison des attaques terroristes auxquelles le pays est confronté ces dernières années. Ce 4e programme s’inscrit dans la continuité des précédents, mais avec des «adaptations au contexte actuel et aux nouvelles approches pour une coopération plus innovante, plus inclusive et plus durable», a précisé Franz Fayot : «Le nouveau PIC vise à l’amélioration des services publics de base pour les plus vulnérables, dont l’accès à l’eau et à l’assainissement, aux soins de santé et à l’éducation, avec un accent spécifique sur les femmes et les jeunes.»

Une croissance démographique trop importante

Un autre défi majeur du Niger est en effet celui de la croissance démographique, très forte dans ce pays de plus de 23 millions d’habitants où les femmes ont en moyenne près de sept enfants. Une croissance telle qu’elle «absorbe» la croissance économique du pays, pourtant de 6%, comme l’a fait remarquer le ministre Hassoumi Massoudou : «La question démographique est un véritable problème pour notre pays et cette question se trouve au cœur de nos préoccupations. Avec un taux de croissance démographique de 4%, on ne peut pas profiter de notre croissance économique. Nous sommes un pays démocratique, la question ne peut donc pas être résolue par la contrainte, mais de façon à ce que cela vienne d’actions multiples, comme l’éducation, qui est notre priorité n°1, notamment à travers la scolarisation des jeunes filles.»

C’est d’ailleurs l’un des principaux domaines dans lesquels la coopération luxembourgeoise intervient, avec l’artisanat, la formation professionnelle et le développement durable, outre l’eau et l’assainissement. «Nous appelons nos partenaires à investir dans l’éducation et les infrastructures de l’éducation, a poursuivi Hassoumi Mamoudou. Par exemple, l’un des projets du président est de créer des internats dans les collèges ruraux pour garder les jeunes filles jusqu’à 16 ou 18 ans, et éviter ainsi qu’elles ne soient mariées à 12 ans et enceintes dans la foulée. Cette transformation prendra certes du temps, mais elle sera durable.»

Le Niger pourra en tout cas assurément «compter» sur le Luxembourg, a assuré le Premier ministre Xavier Bettel, qui a pu vérifier les investissements effectués au Niger et tient à «soutenir les pays en Afrique où les transitions démocratiques fonctionnent, ce qui n’est pas la règle sur le continent africain».

Xavier Bettel a d’ailleurs réaffirmé le choix de son gouvernement de ne pas couper dans le budget de la coopération, contrairement à d’autres pays, «même si ce choix n’est politiquement pas le plus populaire». «Certains se demandent pourquoi nous aidons des personnes à l’autre bout du monde alors qu’il y a des problèmes chez nous, a déclaré le Premier ministre. Il faut s’imaginer que dans beaucoup de pays où la coopération est faite, les gens ne se demandent pas s’ils vont manger chaud ou froid, ils se demandent s’ils vont pouvoir manger ! Si on parle de paix, de futur, de stabilité, le meilleur investissement est celui qui concerne l’avenir des gens, l’éducation, la création, le fait de ne pas être tributaire d’un autre pays mais de savoir s’autodévelopper.»

Un engagement que le président nigérien a tenu à saluer, tant pour sa «constance» que pour sa «qualité» et son «évolution».

Tatiana Salvan