Après plusieurs transferts de patients vers l’étranger faute d’équipement suffisant, le Luxembourg se dote de deux nouveaux appareils «ECMO» pour traiter les cas les plus graves.
Alors qu’en 2020 les infrastructures et les équipements médicaux dont dispose le pays avaient suffi pour prendre en charge tous les patients atteints du Covid – et ce, même au plus fort de l’épidémie, fin décembre, quand le nombre d’hospitalisations était monté à 251 –, cette année les équipes de soignants ont dû se résoudre à demander l’aide d’hôpitaux étrangers à trois reprises.
Non par manque de lits disponibles ou à cause d’une surcharge des services, mais afin de placer ces malades, très gravement atteints, sous oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO), un système de circulation extracorporelle destiné à oxygéner le sang et qui nécessite une machine spécifique communément appelée «machine cœur-poumons» ou simplement «machine ECMO».
Utilisé notamment lors d’interventions chirurgicales à cœur ouvert, ce dispositif est considéré comme le traitement de la dernière chance dans le cadre du Covid, quand le patient présente une défaillance pulmonaire ou cardiaque majeure. Pour assurer cette prise en charge, le Luxembourg dispose actuellement de quatre machines ECMO, toutes regroupées au sein du Haerz-Zenter à Luxembourg, l’Institut national de chirurgie cardiaque et de cardiologie interventionnelle (INCCI).
L’une d’entre elles a d’ailleurs été acquise aux prémices de la crise sanitaire, dès mars 2020, spécialement pour anticiper une augmentation des besoins, précise la ministre de la Santé, Paulette Lenert, dans une réponse parlementaire. En mars, les services de réanimation ont aussi pu compter sur le renfort temporaire d’une machine ECMO louée pour un mois.
En plus des quatre appareils déjà à l’INCCI, deux machines supplémentaires ont été commandées en avril, et devraient être livrées sous huit à dix semaines. Ce qui portera le parc luxembourgeois de machines cœur-poumons à six unités, soit le double d’avant la crise sanitaire.
Une «bonne coopération»
avec les pays frontaliers
Cette dernière commande fait suite à une série de trois transferts de patients luxembourgeois se trouvant dans un état critique vers des hôpitaux en Allemagne, tous intervenus depuis le 1er janvier 2021. Ainsi, deux patients de 26 ans et 53 ans, hospitalisés au CHEM à Esch-sur-Alzette et à l’INCCI à Luxembourg, ont été envoyés vers la clinique universitaire de la Sarre à Hombourg pour y recevoir un traitement ECMO. Un troisième, dont l’âge n’a pas été précisé, a quant à lui quitté le CHdN d’Ettelbruck pour l’hôpital de Cologne-Merheim afin de bénéficier de ce même type de soin.
Concernant la disponibilité des machines cœur-poumons, la ministre note encore, dans sa réponse aux députées Arendt et Hansen, que «jusqu’à ce jour, des solutions ont toujours pu être trouvées et mises en œuvre grâce à la bonne coopération avec les autorités sanitaires de nos pays frontaliers dans l’intérêt de la sécurité et de la qualité de prise en charge des patients» et que «l’INCCI est en contact avec plusieurs hôpitaux pour assurer la mise à disposition de machines cœur-poumons en cas d’urgence».
Christelle Brucker
L’«immunité collective» inclut les frontaliers
Le gouvernement considérera l’immunité collective atteinte lorsque 70 % de la population sera vaccinée : un pourcentage qui englobe les travailleurs frontaliers, selon la ministre de la Santé, Paulette Lenert, qui estime qu’il faut «tenir compte du fait que les frontières contribuent à l’évènement infectieux. Le Luxembourg se trouve, en ce sens, dans une situation très particulière en Europe». En ce qui concerne la vaccination des frontaliers, rien n’est prévu côté luxembourgeois : les doses de vaccin leur sont administrées dans leur pays de résidence selon les principes de distribution en vigueur.