Ouverte aux plus de 50 ans ce lundi, la campagne de vaccination contre le Covid-19 en France progresse sur fond de freinage de l’épidémie, mais elle se heurte toujours à la défiance autour du produit d’AstraZeneca, dont l’avenir dans la stratégie vaccinale est de plus en plus flou.
À partir de lundi, les centres de vaccination sont ouverts à tous les plus de 50 ans qui ont trouvé un rendez-vous, sans condition de santé. Mercredi, s’ajoutent les adultes de tous âges qui auront pu dénicher un créneau disponible la veille pour le lendemain.
Avec 17,8 millions de premières doses injectées, soit près de 34 % de la population majeure, le gouvernement espère tenir son objectif de 20 millions au 15 mai. « Nous serons quelque part entre 19,6 et 20,2 millions », a assuré lundi matin sur LCI le ministre de la Santé, Olivier Véran, en réaffirmant l’objectif de 30 millions de premières injections au 15 juin.
« Si on arrive à vacciner plus vite qu’aujourd’hui, on peut atteindre les 50 % de vaccinés début juillet. Et si on était à un niveau de circulation bas, rêvons, 5 000 (cas) par jour (contre environ 20 000 actuellement) alors, oui, on pourrait aborder l’été dans de bonnes conditions », a projeté sur France Inter l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique qui guide les choix du gouvernement.
Chaud et froid
Vacciner plus, mais avec ou sans AstraZeneca ? Interrogé sur la possibilité d’élargir le vaccin du laboratoire anglo-suédois aux moins de 55 ans, le ministre de la Santé Olivier Véran a semblé enterrer l’hypothèse en répondant « probablement non à l’heure actuelle ».
La Haute autorité de santé (HAS) avait décidé mi-mars de restreindre l’utilisation de ce vaccin aux plus de 55 ans seulement à cause de rares cas de thromboses atypiques. Olivier Véran avait saisi l’instance fin avril sur une éventuelle autorisation pour tous les volontaires, quel que soit leur âge, s’ils signaient une décharge.
Cette idée semble donc abandonnée après un nouveau week-end où l’exécutif a soufflé le chaud et le froid sur ce vaccin, le second en France en nombre de doses livrées, mais qui est beaucoup moins utilisé que le produit de Pfizer/BioNTech.
Samedi, le Premier ministre Jean Castex a exhorté la population à « se faire vacciner avec tous les vaccins, en particulier avec l’AstraZeneca ». Mais s' »il faut continuer de le faire parce qu’il (le vaccin AstraZeneca) nous aidera à la sortie de crise (…) pour répondre aux variants, on voit que d’autres vaccins sont aujourd’hui plus efficaces », a ajouté Emmanuel Macron, à Strasbourg, après l’annonce selon laquelle l’Union européenne n’avait pas encore renouvelé son contrat auprès du laboratoire anglo-suédois au-delà du mois de juin. Olivier Véran a précisé que le chef de l’État répondait à une question « sur l’horizon à l’année prochaine ».
Moins de 5 000 malades en réa
« Comment espérer inciter les personnes à se faire vacciner par le vaccin d’AstraZeneca en ne renouvelant pas le contrat et en disant qu’il est moins efficace contre les variants ? Communication désastreuse ou enterrement de dernière classe? », s’est interrogé, sur Twitter, le professeur d’épidémiologie Mahmoud Zureik. Selon un document du ministère de la Santé que s’est procuré l’AFP, au 5 mai, seulement 54 % des 7,3 millions de doses d’AstraZeneca avaient été injectées en France, contre 79 % pour Moderna, et 89 % pour Pfizer/BioNTech.
De son côté, Olivier Véran a expliqué que sur 2 millions de doses d’AZ reçues la semaine dernière, « 700 000 ont été commandées par les médecins libéraux, infirmiers, sages-femmes » vers lesquels ce vaccin est dirigé, 700 à 800 000 sont mises de côté pour une deuxième injection et le reste est gardé pour les centres de vaccination, qui ont la priorité sur les vaccins dits à ARN messager, comme ceux de Pfizer et Moderna.
À neuf jours de la réouverture des terrasses, de certains commerces et d’autres activités en France, le nombre de cas positifs au coronavirus continue de baisser, à moins de 20 000 par jour. Conséquence, le nombre de malades atteints du Covid-19 dans les hôpitaux décroît de manière continue : il y en avait dimanche moins de 26000, ce qui n’avait plus été le cas depuis le 20 mars, dont moins de 5 000 malades en services de réanimation, une première depuis le 29 mars.
Dimanche, 116 nouveaux décès en 24 heures de personnes atteintes de la maladie ont été comptabilisés dans les hôpitaux, soit un total d’environ 1 500 la semaine dernière. Au total, 106 421 personnes atteintes par le virus sont mortes depuis le début de l’épidémie.
AFP/LQ