La crise économique se durcit en Russie, alors que les autorités tentent de rassurer en affirmant posséder un système bancaire solide.
Conséquence de la chute des cours du pétrole et des sanctions occidentales imposées contre Moscou, en lien avec la crise ukrainienne, la Russie est entrée, en décembre dernier, dans sa pire crise monétaire en 15 ans, ce qui a profondément ébranlé le système bancaire.
Le système bancaire russe, fragilisé par la crise monétaire de la fin 2014, se trouve «hors de danger» et commence à se redresser, après plusieurs mois difficiles, a assuré, hier, la Banque centrale malgré la rechute récente du rouble.
«Les évènements extérieurs ne pouvaient pas ne pas se refléter sur le développement du système bancaire. Mais dans l’ensemble, si l’on regarde les principaux indicateurs, il se trouve hors de danger, le système bancaire est stable, a estimé la présidente de la Banque de Russie, Elvira Nabioullina, citée dans un communiqué du Kremlin lors d’une rencontre avec le président Vladimir Poutine. Les Russes ont alors massivement retiré des fonds de leurs comptes pour les convertir en devises étrangères ou les dépenser, l’effondrement du rouble a compliqué le remboursement des dettes contractées à l’étranger, la hausse des taux de la Banque centrale a étouffé l’activité de crédit, tandis que la baisse du pouvoir d’achat a entraîné une augmentation des dettes impayées.
Les autorités ont été contraintes de fermer plusieurs dizaines de banques jugées fragiles, tandis que les grands établissements ont subi des pertes ou vu leurs bénéfices chuter. Elvira Nabioullina a souligné qu’après plusieurs mois de pertes, le secteur bancaire pris dans son ensemble était revenu aux bénéfices, avec 51 milliards de roubles de profit sur le premier semestre (726 millions d’euros) et autour de 100 milliards de roubles (1,4 milliard d’euros) prévus sur l’année. Elle a cependant relativisé cette embellie, la comparant avec un bénéfice de 600 milliards de roubles (8,5 milliards d’euros) en 2014 et 1 000 milliards de roubles (14 milliards d’euros) en 2013.
Grâce à cette amélioration, l’encours des crédits aux entreprises, malgré une chute en début d’année, devrait augmenter de 5 % à 7 % sur l’année, selon le compte rendu de la rencontre publié par le Kremlin. Le secteur bancaire a pu profiter, au printemps, d’un fort rebond du rouble, qui a permis à la Banque centrale d’abaisser ses taux. Depuis la mi-mai cependant, la monnaie russe retombe et elle évolue ces derniers jours, proche de ses plus bas niveaux de cette année, faisant craindre une nouvelle déstabilisation financière.
Le PIB toujours en chute
Dans le même temps, la récession que connaît le pays, provoquée par la baisse des cours du pétrole et par les sanctions occidentales, s’est aggravée au deuxième trimestre, avec une chute de 4,6 % sur un an du produit intérieur brut, selon une première estimation officielle publiée hier. Cette évaluation du service des statistiques Rosstat marque une nette dégradation par rapport à la baisse du premier trimestre (2,2 %) et constitue une mauvaise surprise pour le gouvernement, qui avait prévu une contraction de 4,4 %. Elle est publiée à un moment où les perspectives de reprise économique espérées par les autorités russes sont assombries par la chute actuelle des cours du pétrole.
Pour le gouvernement russe et certains économistes, le deuxième trimestre devrait marquer la période la plus difficile de cette année pour l’économie du pays, qui subit les effets, depuis le début de l’année, de la crise monétaire de la fin 2014. Le rouble s’était alors effondré à la suite du plongeon des prix du pétrole – principale source de revenus de la Russie avec le gaz – et de l’application de sanctions économiques sans précédent contre Moscou en raison de la crise ukrainienne. Ce choc a provoqué une flambée des prix, affectant pouvoir d’achat et consommation, à laquelle s’est ajoutée, au deuxième trimestre, une forte baisse de la production industrielle, plombée par la faiblesse de la demande.
Pour l’ensemble de l’année 2015, la plupart des économistes prévoient une chute du PIB de plus de 3 % après une croissance de 0,6 % en 2014. Les autorités russes, qui ne cessent de répéter que le pire de la tempête est passé, espèrent une amorce de reprise dès le troisième trimestre et une croissance de plus de 2 % l’an prochain, un scénario jugé trop optimiste par les experts.
AFP