Après des mois d’impasse, dans un climat social dégradé, les salariés restent déterminés à lutter pour défendre leurs acquis menacés. Quitte à aller jusqu’à la grève, a fait savoir déi Lenk mardi.
La direction du spécialiste de l’aluminium au Luxembourg «semble prête à tout afin de poursuivre son chemin de casse sociale. Deux piquets de protestation et plusieurs réunions autour de la table de l’office de conciliation n’ont guère apporté de solution», déplore la Gauche dans un communiqué.
Au pied du mur, les syndicats ont alors lancé une procédure de consultation qui a livré un résultat clair : 93% des employés affiliés à l’OGBL et au LCGB se sont prononcés en faveur d’une grève. Signe, selon déi Lenk, que «les salariés d’Eurofoil sont prêts à défendre leur convention collective, contre vents et marées !»
L’enjeu est crucial, puisque le nerf de la guerre est touché. En effet, début septembre dernier, la direction dénonçait de façon unilatérale la convention collective en vigueur remettant ainsi en cause la quasi-totalité des acquis sociaux. Ces nouvelles propositions étaient alors jugées totalement inacceptables, voire «extrémistes» : réduction du nombre de jours de congés au minimum légal de 26 jours (NDLR : certains perdaient jusqu’à huit jours), suppression du 13e mois, de la prime d’ancienneté et de vacances. En outre, les nouveaux embauchés se voyaient rémunérés à peine plus du salaire minimum et sans avantage supplémentaire.
«Deux classes de salariés dans une même entreprise !»
Sous pression des syndicats, la direction Eurofoil a retiré ses propositions concernant les employés déjà en poste, mais pas pour les nouveaux arrivants. Avec une telle distinction, «il y aurait deux classes de salariés dans une même entreprise !», fulmine la Gauche, estimant qu’il y a lieu «de s’interroger sur la stratégie de la direction». L’usine luxembourgeoise fait partie depuis 2012 de l’American industrial acquisition corporation (AIAC), un fonds d’investissement qui détient des participations au sein de grands groupes tels que Boeing, Pfizer, Siemens ou encore Suez. «En plus d’acheter des unités de grandes entreprises publiques multinationales, l’AIAC achète les capitaux propres et la dette d’entreprises privées», pointe déi Lenk.
Or, poursuit déi Lenk, «la vocation d’AIAC est de générer du profit pour ses actionnaires» et «dans le cas d’Eurofoil, au détriment des acquis sociaux des salariés». Ceci alors que l’entreprise se porte bien malgré la crise économique, souligne la Gauche : le carnet de commande est plein et la demande en hausse. Ce qui fait dire à déi Lenk : «une telle attaque aux acquis sociaux ne peut être qu’une mauvaise volonté» menaçant la pérennité des emplois à Dudelange. De fait, «une grève semble inévitable».
LQ