L’offensive pour éviter un désert médical se poursuit. Après les étudiants en médecine, les futurs infirmiers auront, à leur tour, l’occasion de suivre une formation universitaire au Luxembourg.
La pandémie de coronavirus est venue démontrer la fébrilité du système de santé luxembourgeois. Sur les plus de 15 000 professionnels de santé (hors médecins) travaillant au Grand-Duché, près de deux tiers sont des frontaliers. La crainte de voir les pays voisins réquisitionner en pleine crise sanitaire ses infirmiers et autres soignants était grande lors des deux premières vagues d’infections au Covid-19. À cette situation de dépendance de professionnels de santé non résidents vient s’ajouter le risque d’être confronté d’ici 10 ou 15 ans à une pénurie de médecins et autres acteurs clés de la santé publique. Dos au mur, le gouvernement a décidé de lancer d’urgence une opération à cœur ouvert.
Depuis septembre dernier, l’offre de formation de futurs médecins a été étoffée à l’université du Luxembourg. À partir de 2022, va venir s’ajouter une nouvelle panoplie de programmes de bachelor (bac+3) pour infirmiers, sages-femmes et assistants techniques en chirurgie et radiologie. En parallèle, la formation du type BTS (bac+2) continuera à être accessible.
Un métier à dépoussiérer
Vendredi, le Conseil de gouvernement a validé les grandes lignes de cette réorganisation de la formation des professions de santé. Il s’agit des conclusions d’un groupe de travail interministériel qui a entamé ses travaux en 2020. Lundi, les ministres Paulette Lenert (Santé et Sécurité sociale), Claude Meisch (Éducation nationale et Enseignement supérieur) et Corinne Cahen (Famille et Grande Région) ont présenté les contours de ce «changement de paradigme» qui est revendiqué depuis longtemps par les acteurs du terrain. Si le principe de l’académisation de la formation est arrêté, les futures attributions du personnel de soins de santé doivent encore être définies. «Il nous faut procéder à une analyse des besoins du terrain. Les métiers de santé ne cessent d’évoluer. Les nouvelles attributions vont conditionner la formation», résume Paulette Lenert. L’objectif serait de «mieux adapter» la profession d’infirmier «qui n’a plus été remaniée depuis 20 ans».
La formation universitaire doit en fin de compte permettre aux infirmiers d’effectuer des actes médicaux de manière plus autonome, sans nécessiter la présence d’un médecin. La ministre de la Famille fait un pas de plus en évoquant une formation adéquate pour assurer les soins à domicile, l’hospitalisation à domicile et la télémédecine. «La psychogériatrie et les soins palliatifs doivent faire partie de la formation», estime Corinne Cahen. Elle compte également revoir et compléter les formations des aides-soignants, les fonctions d’aide socio-familiale et des auxiliaires de vie.
«Une formation exigeante»
Le défi majeur qui se pose est de convaincre un plus grand nombre de jeunes à opter pour une carrière dans le secteur des soins. «Il s’agit d’un des métiers les plus humains qui existent, note le ministre Claude Meisch. Au vu de la large panoplie de compétences que nécessite ce métier – médicales, techniques et sociales – il s’agit toutefois aussi d’une formation figurant parmi les plus exigeantes.»
La réorganisation du parcours de formation des professionnels de santé fera l’objet d’une évaluation en 2028.
David Marques
L’Uni.lu va proposer 8 bachelors à partir de 2022 et 2023
Infirmier soins généraux Un tout nouveau programme de bachelor (3 ans) pour devenir infirmier en soins généraux doit être lancé à la rentrée académique de 2023/2024. Il sera accessible aux détenteurs d’un diplôme de fin d’études secondaires.
Infirmier spécialisé Quatre programmes de bachelor (180 ECTS) seront lancés à partir de 2022/2023 ou 2023/2024 dans les spécialités suivantes : assistant technique médical de chirurgie, infirmier en anesthésie et réanimation, infirmier en pédiatrie et infirmier psychiatrique. Ces formations seront accessibles aux détenteurs d’un BTS infirmier en soins généraux ou tout diplôme équivalent et reconnu au Luxembourg. La formation de base au LTPS (bac+2) reste en place.
Sage-femme et radiologie Dès 2023/2024 doivent être lancés deux programmes de bachelor supplémentaires pour les formations de sage-femme et d’assistant technique médical en radiologie. Les deux bachelors seront accessibles aux détenteurs d’un diplôme de fin d’études secondaires.
Infirmier+ Il est envisagé de créer une quatrième année de bachelor pour la formation d’infirmiers en soins généraux. Les détenteurs du premier diplôme (bac+3) pourront suivre une formation supplémentaire pour décrocher le bachelor «Infirmier+». Cette formation, dont la date de lancement reste à définir, comportera des attributions plus poussées répondant à une demande croissante en soins infirmiers hautement spécialisés.