À 21 ans, l’attaquant du Paris SG Moise Kean fait trembler les filets loin de l’Italie mais pour ceux qui l’ont vu marquer ses tout premiers buts, il reste la « mascotte » d’Asti et fait la « fierté » de cette ville du Piémont italien.
Le terrain d’Asti n’est plus le « billard » qu’il était pour accueillir les entraînements du Brésil lors du Mondiale-90, mais il a encore fière allure avec ses dimensions internationales et sa tribune récente aux couleurs (rouge et blanc) de la ville.
Mais pour marcher sur les traces du petit Moise Kean, « c’est plutôt par là », intervient Renato Biasi, ex-responsable du secteur jeunes du club, en désignant la pelouse plus modeste, juste à côté.
Moise, alors âgé de 7 ou 8 ans, ne faisait qu’accompagner à l’entraînement son grand frère, Giovanni, sept ans plus âgé. C’est donc sur le côté qu’il s’amusait, seul, avec un ballon et quelques plots chipés aux « grands ». Mais déjà, les qualités du garçon n’échappent pas à Biasi, ex-gardien professionnel au Torino (une apparition en Serie A, en 1986).
« Seul un aveugle n’aurait pas vu qu’il avait des qualités supérieures aux autres. De là à dire qu’un garçon va pouvoir faire une carrière comme il fait, c’est difficile… Mais il avait des qualités », confie-t-il au sujet de la « mascotte » du club.
Terrain bétonné
Moise Kean, fils d’un couple d’Ivoiriens émigrés dans le Piémont, est né le 28 février 2000 à Vercelli. Il arrive à Asti, ville d’environ 75 000 habitants située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Turin, à l’âge de cinq ans. C’est sa mère qui élève pour ainsi dire seule les deux frères après la séparation avec le père, sans argent mais avec des « valeurs ».
« Tout ce qu’ont fait ces deux garçons, ils le doivent à leur mère », affirme Remo Turello, ex-dirigeant du club d’Asti. À un moindre niveau, Giovanni a également fait du football son métier.
« La maman a tout fait pour les élever de façon correcte, en leur donnant une éducation peut-être même meilleure que d’autres familles ayant davantage de moyens. Elle a fait en sorte qu’ils ne prennent pas de mauvaises directions », ajoute-t-il, précisant que le club prenait en charge les licences des deux garçons, comme d’autres n’ayant pas les moyens.
Pas de jeux vidéo à la maison : pour Moise, l’occupation principale, ce sont ces matches enflammés sur le terrain bétonné de la paroisse Don Bosco, où se retrouvent les enfants après l’école, quand il n’est pas au stade avec son frère.
« D’une certaine façon, ça a été sa chance de ne pas avoir une aisance financière, parce que sa vie se résumait au jeu. C’était son seul défoulement, à la différence d’autres enfants, et ça l’a certainement aidé à développer ses capacités physiques », selon Biasi, pour qui il est rapidement devenu « naturel » de parler de cette pépite à un dirigeant des jeunes du Torino, ex-partenaire.
« Quand un jeune marque trois ou quatre buts par match contre des joueurs de deux ans plus âgés, cela veut dire qu’il a quelque chose de plus. Quand il a fait l’essai, il a de nouveau fait la différence », ajoute l’ex-gardien.
« Moise Kean est des nôtres »
Silvano Benedetti, toujours en poste au Torino, se souvient bien de Kean chez les « poussins » grenats : « Il jouait en pointe, c’était un petit Lukaku! »
Sens du but, puissance physique mais aussi un caractère « vif », pas simple à cadrer : « La famille avait du mal à l’amener aux entraînements, à Turin, un entraîneur passait le prendre ou un autre parent l’amenait, mais il n’était jamais à l’heure », dit-il.
« Cela a été le mérite des clubs suivants, ils l’ont construit et l’ont fait devenir un professionnel », ajoute-t-il.
Car le Torino, alors en Serie B, n’a pas les moyens de la puissante Juventus qui va bientôt mettre le grappin sur ce jeune prometteur. À 13 ans, il quitte Asti pour loger dans les installations des Bianconeri. La fulgurante progression peut commencer : premières apparitions en Serie A et en Ligue des champions à 16 ans, premier but en A à 17 ans, première sélection avec l’Italie à 18 ans. Une progression qui se poursuit cette saison avec le PSG après une saison plus anonyme à Everton.
En exhibant un à un tous ces maillots – signés – endossés par Kean, Mario Bovino, conseiller aux sports de la ville d’Asti, et le maire Maurizio Rasero ne cachent pas leur « fierté » : « Moise Kean est des nôtres, et lui et sa maman restent proches de la ville, y compris pendant la pandémie. »
AFP/LQ