Successeur à l’automne de Stéphane Mina, finaliste malheureux l’an passé, Erny Hoffmann vivra ce dimanche sa première finale comme entraîneur principal. Un brin inattendu.
Je ne m’amusais plus du tout…» Dans sa voix, l’on devine une forme de regret. Ou quelque chose qui y ressemble. Lui-même ne sait pas trop. «J’aurais aimé coacher ce week-end. Cette équipe, je l’ai quand même bâtie. Mais bon, je n’avais pas envie de ça. Et puis, je ne sais pas comment j’aurais vécu ce confinement, ces entraînements avec masque, cette distanciation sociale. Pour moi, et même si je ne bois pas une goutte d’alcool, le handball, c’est aussi la troisième mi-temps. La convivialité. Sans cela, ça perd un peu de sa saveur…»
L’homme qui parle, c’est Stéphane Mina. Arrivé à l’été 2019 sur le banc de Dudelange, il en est reparti à l’automne dernier après un nul concédé le 10 octobre à Grevenmacher (21-21). Renouvelé durant l’été avec pas moins de six arrivées* – dont deux Messines championnes de France U18 – le groupe peine à se trouver. «Je suis allé voir les dirigeants pour leur dire que ça n’allait plus. Peut-être que je n’ai pas fait l’effort.» Cela aurait demandé du temps, de la disponibilité et de l’envie. Trois choses que ce père de deux jeunes enfants, veuf depuis mars 2020, ne peut plus offrir. Il décide alors de rendre son tablier. Les dirigeants, «de vrais gentlemen», confient dès lors les clés à Erny Hoffmann.
Il y a comme un blocage psychologique qui fait qu’on s’interdit de gagner les matches importants
Mina-Hoffmann. Les deux hommes se sont croisés, mais se connaissent peu. Pourtant, ils ont un point commun : un palmarès vierge en tant qu’entraîneur principal au Grand-Duché. Si le CV du Français compte deux finales de Coupe de Luxembourg dames perdues (2004 et 2020), sur celui du Luxembourgeois figurent deux titres de champion (2012, 2015) et une Coupe (2013)… en tant qu’adjoint. Après son net succès ce jeudi soir contre Redange (10-46), il se verra offrir l’occasion de remédier à cela dimanche contre Käerjeng. Un scénario pour le moins inattendu pour celui dont la dernière apparition sur un banc – en tant qu’entraîneur principal et avant cette nouvelle prise de fonction – remonte au «10 décembre 2016 et un nul avec Dudelange contre Berchem». Remplacé par Nikola Malesevic, il s’éloigna des terrains pour se consacrer à son métier. Tout juste reste-t-il au contact de l’équipe première comme entraîneur des gardiens. «Le coaching me manquait, c’est pour ça que j’ai repris les U19.» La suspension du championnat en raison de la Covid-19 le pousse au chômage technique et il est donc disponible pour reprendre l’équipe dames. «À l’époque, je suivais d’assez loin les résultats et je connaissais peu le handball féminin», reconnaît Erny Hoffmann, qui compte six succès pour deux revers en Axa League depuis sa prise de fonction.
Ces résultats font dire à Kim Wirtz, 28 ans, dont douze passés en équipe première, que le groupe est sur la bonne voie, mais doit gagner en stabilité. «Parfois, dit-elle, il y a comme un blocage psychologique qui fait qu’on s’interdit de gagner les matches importants. Par exemple, après notre victoire contre Käerjeng, on s’était dit qu’on allait tout arracher. Mais contre Diekirch, on est retombé dans les mêmes travers…» Laissée au repos jeudi pour cause d’angine, Wirtz et sa bande auront la possibilité, dimanche, d’offrir une quinzième Coupe de Luxembourg au HBD. Avec, dans un coin de leur tête, une petite pensée pour Stéphane Mina? «Il était sympa, confie la capitaine. On a bien rigolé avec lui…»
Charles Michel
* Laura Willems (Museldall), Charlotte Bottoli, Manuella Ribeiro Pereira (Metz/U18), Fiona Colarelli (Metz), Joy Wirtz (Yutz), Adriana Secara-Croitoru (Käerjeng)
Les résultats
Jeudi (demi-finales)
Redange (+3) – Dudelange 10-46
Käerjeng – Diekirch 31-26
Dimanche (finale)
16 h : Dudelange– Käerjeng