AXA LEAGUE Le HB Esch a décidé de ne pas prolonger le contrat d’André Gulbicki à la tête de l’équipe. Les dirigeants et l’entraîneur veulent de l’air.
On ne change pas une équipe qui gagne.» À cet adage, le HB Esch en a un autre : «Toute bonne chose a une fin.» Ainsi, le club et André Gulbicki ont décidé de se quitter à la fin du présent exercice. Au moment de faire ses valises, l’entraîneur pourrait y ajouter un deuxième doublé Coupe-championnat après celui de la saison 2018/2019. Dans ce cas de figure, le technicien aura réalisé un sans-faute. De quoi rendre, dans l’absolu, difficilement concevable son départ même si, c’est bien connu, mieux vaut toujours finir sur une bonne note. Et l’officialisation, par le club, de cette décision, n’affecte en rien son ambition comme l’a-t-il fait savoir, très tôt hier matin, à travers une «lettre ouverte» envoyée aux médias. Celle-ci débute par une interrogation légitime à laquelle il apporte un début de réponse : «Y a-t-il un moment approprié pour annoncer son départ en tant qu’entraîneur? Je ne sais pas, mais j’ai l’impression que le moment est venu…»
À travers cette introduction, on pourrait supposer qu’André Gulbicki est le maître des horloges. Que cette décision, il ne la subit pas, qu’il en serait presque l’initiateur. Or quelques lignes plus loin, on peut lire ceci : «En vue de la nouvelle saison, le club a décidé de se réorienter et de se réorganiser en matière de sport et de débuter la saison à venir avec un nouvel entraîneur.» Entre les lignes, le regret est palpable. Dans la voix aussi. Joint quelques heures plus tard, l’intéressé confie qu’il était «prêt à prolonger une saison de plus» mais qu’il n’est pas «fâché».
Le moment choisi pour faire cette annonce lui paraît être le bon. «Cela fait déjà quelques semaines que les dirigeants et moi avons discuté de tout cela et, au sein du club comme à l’extérieur, les gens commençaient à poser des questions. C’est toujours mieux lorsque les choses sont claires.» En parlant de clarté, essayons de faire la lumière sur les raisons de cette non-prolongation de contrat. Dans sa lettre, André Gulbicki prête au club l’intention de «se réorienter et réorganiser en matière de sport». Cette formulation laisse perplexe au vu de la richesse de l’effectif. Certes, les dirigeants eschois devront pallier les départs cet été de Petros Boukovinas (AEK Athènes), intraitable portier, et d’Adel Rastoder (Sarrelouis), solide défenseur en devenir. Il leur faudra donc trouver un nouvel entraîneur. Le profil? Manager du club, Marc Fancelli n’en dresse pas les contours, mais rappelle deux choses : «La philosophie est toujours la même, permettre à nos jeunes de poursuivre leur développement. Et notre objectif, lui aussi, n’a pas changé : Gagner!»
«C’est peut-être l’occasion de faire un break. Quand je regarde les clubs susceptibles de viser le titre la saison prochaine, pas un n’a besoin de moi»
Pour Marc Fancelli, le départ d’André Gulbicki est «tout à fait normal». «Entraîneur, c’est un job intensif. Il faut beaucoup d’énergie. André, ça fait trois ans qu’il est là et, si je regarde dans un passé proche, les entraîneurs qui sont restés aussi longtemps chez nous ne sont pas nombreux.» Cette séparation trouverait donc sa source dans l’usure que le temps laisse dans les corps et les esprits. Une révélation apparue notamment depuis le début du play-off titre où les Eschois se montrent moins fringants. Que ce soit lors de ses victoires à Dudelange (29-32) et contre Berchem (36-33) ou plus récemment, lors du revers subi à Käerjeng (31-30).
L’explication à cette baisse de régime tiendrait en un mot : discours. Ce dernier ne passerait plus auprès des joueurs. Avec un CV long comme le bras, André Gulbicki jouit d’une étiquette de «winner». Malgré sa prudence légendaire, lui-même ne dit finalement pas autre chose : «Si j’entraîne, c’est pour gagner. Un titre de champion, une Coupe, mais gagner. Si ce n’était pas le cas, j’irai entraîner une équipe de jeunes gratuitement.» Une autre étiquette lui est accolée : exigeant. De prime abord une qualité qui, dans la durée, peut se révéler contre-productive en cas de non-renouvellement de l’effectif. Gulbicki le reconnaît lui-même d’une certaine manière à travers ces lignes : «C’est bien sûr un peu surprenant à première vue, mais tout à fait compréhensible : avec le nouvel entraîneur, arrivera une bouffée d’air frais, de nouvelles impulsions et idées, ainsi qu’une nouvelle motivation où les joueurs doivent faire leurs preuves et se battre pour leur place.»
À 59 ans, André Gulbicki n’a-t-il pas, lui aussi, besoin d’un peu d’air frais? Interrogé sur son avenir, le technicien répond que cela fait vingt ans qu’il entraîne sans s’être jamais arrêté une saison complète. «C’est peut-être l’occasion de faire un break. Quand je regarde les clubs susceptibles de pouvoir viser le titre la saison prochaine, pas un n’a besoin de moi.»
D’ici cet été, il reste encore quatre journées de championnat et le Final Four à l’horizon. Professionnel, Gulbicki «voudrai(t) (s)e focaliser uniquement là-dessus». D’où l’annonce de son départ pour évacuer ce qui, rapidement, serait devenu un secret de Polichinelle au risque de polluer la fin de saison.
Charles Michel
Boukovinas fera un détour par Lallange
Prévue initialement le week-end du 8-9 mai, date à laquelle se jouera finalement le Final Four, la 7e journée du play-off titre est étalée sur trois dates. Ainsi, Esch – Dudelange se jouera vendredi, suivi le lendemain par Red Boys – Berchem alors que Käerjeng – Mersch est fixé à mercredi prochain. Pour la réception du HBD, André Gulbicki devrait pouvoir compter sur Petros Boukovinas. Retenu par la Grèce avec qui il a affronté la France hier soir en qualifications de l’Euro-2022, le gardien effectuera un détour par Lallange avant de rejoindre l’Hexagone pour y défier les tricolores dimanche à Créteil. «Normalement, il doit atterrir au Luxembourg vendredi matin et repartir samedi», explique Marc Fancelli, le manager du club. Soit trois matches en cinq jours pour le portier grec visiblement très demandé.