Perturbateur jusqu’au bout. Vendredi, Frank Engel, devenu un malpropre aux yeux du CSV, n’a pas manqué d’asséner un ultime coup à ses désormais ex-camarades de parti. Sur son compte Facebook, le président démissionnaire confirme avoir rendu sa carte de membre. «J’aurais bien aimé passer un dernier message aux membres. Cela m’a été refusé par ceux qui dirigent désormais le parti. Ce refus démontre à lui seul pourquoi je ne peux et ne veux plus faire partie de ce parti», gronde celui qui s’est brûlé les ailes en voulant remettre le CSV à flot. Frank Engel a pourtant eu le mérite de secouer son parti, qui s’est longtemps considéré comme intouchable avant d’être brutalement ramené sur terre.
La question qui se pose aujourd’hui est : le Parti chrétien-social veut-il vraiment être secoué ? Début 2019, un Frank Engel très offensif avait remporté de justesse son duel présidentiel contre Serge Wilmes, plus jeune, mais aussi plus conservateur. Une frange a applaudi les percées de son nouveau chef de file. Son caractère imprévisible et ses cavaliers seuls ont par contre creusé dès le départ un énorme fossé entre Frank Engel et le groupe parlementaire du CSV. Il s’est avéré que ce sont les députés qui ont gardé la main sur le parti. La volonté de se renouveler et de quitter les sentiers battus n’est visiblement pas présente dans les rangs d’une fraction qui compte sept anciens ministres et bon nombre d’élus chevronnés. Faire un pas de côté pour permettre à une plus jeune génération de prendre du galon est rejeté d’un simple revers de la main.
Interrogée en mars 2018 dans nos colonnes, Elisabeth Margue, alors présidente de la CSJ, l’aile jeunes du CSV, déplorait que le trou était «béant» entre la génération Juncker et l’actuelle jeune génération du parti. Ce fait peut aussi expliquer les complications des chrétiens-sociaux à mobiliser un nouvel électorat, à l’image de ce qu’ont réussi déi gréng ou le Parti pirate. La seule initiative de dédoubler les postes pour intégrer de nouveaux visages à la direction du CSV (et contenter tout le monde) ne sera pas suffisante pour repartir du bon pied. Le parti devra accepter d’être secoué pour réussir à redorer son blason.
David Marques