Un rapport de stylométrie visant à identifier un ou des corbeaux auteurs de lettres anonymes a été versé au dossier d’instruction de l’affaire Grégory, dont l’assassinat reste non élucidé depuis 36 ans, a-t-on appris vendredi.
« Je confirme le versement de cette expertise stylométrique au dossier », a indiqué sans plus de précisions le procureur général de Dijon, Thierry Pocquet du Haut-Jussé, confirmant ainsi une information de la radio France Info.
La stylométrie, déjà utilisée dans les tribunaux américains mais pas français, étudie le vocabulaire, les structures syntaxiques, la longueur des phrases… afin de déterminer l’auteur d’un texte. Cette expertise a été réalisée en Suisse et vise à identifier le ou les corbeaux qui avaient écrit des lettres anonymes menaçant les parents de Grégory, retrouvé à 4 ans pieds et poings liés dans la Vologne le 16 octobre 1984.
Confirmant le versement au dossier de l’expertise, Me François Saint-Pierre, un des avocats de Christine et Jean-Marie Villemin, parents de Grégory, s’est montré très circonspect. « Nous restons extrêmement prudents quant à l’interprétation qui peut être faite de ce rapport et aux conséquences qui pourraient en être tirées », a-t-il mis en garde.
Une personne identifiée, mais qui ?
Le quotidien Le Parisien avait affirmé en décembre que le nouveau rapport d’expertise avait permis d’identifier une personne, sans la nommer. En 2017, des expertises en graphologie, qui elles analysent les écritures manuscrites, avaient attribué une lettre de 1983 à Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory. Elle et son mari Marcel avaient été mis en examen mais cette procédure a été annulée en mai 2018 pour vice de forme. Les époux Jacob ont une nouvelle fois nié être les corbeaux, dans un entretien accordé aux médias en janvier. La défense du couple a récemment qualifié de « fumisterie » le nouveau rapport d’expertise stylométrique, avant même d’en avoir vu les conclusions.
L’affaire Grégory, instruite à la cour d’appel de Dijon, a été récemment relancée, la justice ayant accepté en janvier de nouvelles expertises ADN demandées par Christine et Jean-Marie Villemin. Il s’agit en particulier de recherches en « ADN de parentèle », méthode qui permet de relier une empreinte génétique avec d’autres, issues de la même parenté, afin d’en vérifier la conformité avec celles présentes dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques. Cette méthode a permis de résoudre ces dernières années plusieurs « cold cases », notamment le dossier Élodie Kulik, violée et assassinée en 2002.
LQ/AFP