Gestion douloureuse de certains moments, suspensions bêtes, le Progrès semble s’acharner à se créer de nouveaux problèmes. Et dire qu’il tient malgré tout…
La partie du Progrès Niederkorn, mercredi soir, a ressemblé, comme quelques jours plus tôt face au Fola, a une superbe démonstration de résilience, d’acceptation de son sort, celui d’une équipe qui dispute en permanence sa saison avec seulement 50% de son effectif à disposition. C’est admirable. Autant que les éclaboussures de talent qui illuminent par moments ces matches globalement maîtrisés.
Cela n’empêche pas de soulever des questions. Stéphane Leoni, les yeux écarquillés, s’en est posé souvent, sur les hauteurs du Holleschbierg, se retournant au moins trois fois vers son banc de touche durant ces intenses 90 minutes, pour lâcher, au beau milieu de la deuxième mi-temps : «Mais c’est des malades ou quoi ? J’ai jamais vu ça de ma vie ! Mais qu’est-ce qu’ils font ?» Plus que jamais, ce choc contre le Swift a marqué encore la fracture qui existe entre ce groupe bourré de talents mais jeune, naïf, inconscient (ce qui peut aussi être une force) et un Hesperange beaucoup plus en maîtrise de ses temps forts et faibles, même si Irvin Latic a aussi fait preuve de suffisamment de roublardise et d’abnégation pour casser un contre hesperangeois, en fin de match, en sachant très bien que cela lui coûterait un deuxième jaune. Au-delà de ce geste qui montre qu’on peut apprendre très vite, mini-récit de trois épisodes marquants.
1) On joue avec… un blessé au sol
Habbas, qui décroche beaucoup pour les besoins de la cause (et très utilement en plus) vient de prendre un éclat. Il est au sol. La défense décide alors… de jouer vite, suscitant un râle d’agonie de son coach : «Eh mais vous faites quoi? Vous jouez vite alors qu’on est à dix ?» L’info a échappé à M. Sabotic. Et le Progrès va jouer quelques secondes en infériorité numérique de son propre chef. Ah, fougue de la jeunesse…
2) On soigne un joueur… pendant six minutes
Skenderovic vient de tendre la jambe pour contrer un tir dangereux. Sacrifice courageux qui va coûter sa cheville à l’international. Arès intervention du staff médical sur la pelouse, il finit par se rasseoir et d’être envoyé se faire soigner en dehors des limites du terrain. À dix, le Progrès va faire le reste… sept minutes, sous l’agacement vif de Leoni mais aussi les imprécations interloquées des dirigeants du club, furieux de voir le temps pris pour soigner leur capitaine… qui ne reviendra même pas après la pause. Sept minutes de soins, c’est énorme quand même…
3) On prend un carton… sans faute
Celle-là, c’est le pompon. Le Progrès souffre. Stéphane Leoni veut changer un joueur et Habbas a beaucoup donné. C’est son avant-centre qui est désigné pour être remplacé par Dublin alros que quelques minutes plus tôt, Hend, qui se plaignait de crampes, a indiqué qu’a priori, cela allait. Habbas se dirige en marchant vers la sortie quand Hend, de l’autre côté, considère que ce remplacement est pour lui, enlève ses protège-tibias et sort de l’autre côté du terrain. Habbas, qui voit que son coach s’en inquiète, se retourne et tergiverse en demandant ce qu’il doit faire. M. Sabotic y voit un gain de temps et lui inflige un jaune synonyme de suspension à Mondorf. Il sort furieux, Hend reste furieux. Un jaune pour rien.
Julien Mollereau