Les résidents de la commune se rendront dimanche aux urnes pour avaliser ou non le projet de la majorité CSV-déi gréng de démolir la maison communale afin d’en construire une nouvelle, plus spacieuse et mieux adaptée au développement futur de la commune. Mais l’opposition LSAP-DP crie au scandale et au gaspillage d’argent public.
En amont de ce référendum, Le Quotidien fait le point en compagnie de la bourgmestre Simone Massard-Stitz (CSV) qui porte le projet au nom de la majorité, et de la conseillère communale de l’opposition Jacqueline Breuer (LSAP), laquelle souhaite, au contraire, que le projet soit enterré. Ambiance…
Pour la bourgmestre de Sandweiler, le projet de démolition de la maison communale de la coalition CSV-déi gréng au pouvoir – pour ensuite construire un nouveau bâtiment plus spacieux – s’inscrit dans une volonté qui poursuit plusieurs objectifs. «Je n’ai pas lancé ce projet pour moi-même, mais pour les citoyens, afin de leur assurer de bons services communaux dans les prochaines années, ainsi que pour le bien-être de nos fonctionnaires. Nous nous projetons sur l’année 2050 et pas uniquement sur les dix prochaines années», souligne Simone Massard-Stitz. Avant, pour elle, de préciser que «nous avons de plus en plus de travail et je ne sais pas comment on y arrivera sinon».
Massard-Stitz : «Une démolition nécessaire»
Concrètement, la bourgmestre indique que la majorité est d’avis que le bâtiment actuel est trop exigu, qu’il manque de bureaux et qu’il est en mauvais état : «Ce projet est nécessaire, car il nous faut des bureaux et du personnel… Et pour pouvoir engager du personnel, il nous faut des bureaux. Une extension des deux bâtiments actuels qui forment la maison communale (le bâtiment principal, de forme ronde, est relativement récent, car construit en 1999, tandis que l’autre est très ancien) est presque impossible. Les deux bâtiments ne sont plus en bon état. Faut-il faire de grandes rénovations ? Avec cette option, on ne résout pas le problème du manque de bureaux. De plus, le bâtiment est exposé au sud, ce qui fait que la température atteint 40°C en été (il n’y a pas de climatisation), on n’a pas de cuisine, mais de l’eau dans les caves… il y a plein de rénovations à faire. Certes, on peut tout rénover, cela n’est pas un problème, mais je répète qu’on manque de bureaux. Nous n’avons pas assez de place. Le problème est que l’ancien bâtiment est une ancienne école qui a beaucoup de volume et dans laquelle les bureaux sont minuscules. Quand le bâtiment rond a été construit, il y avait les mêmes hauteurs, énormément de volume, mais pas de mètres carrés. Cela est le plus grand problème. Et pour l’instant on a cinq PAP qui sont en procédure et prévoient une augmentation de la population de 500 personnes dans les dix ans à venir», explique Simone Massard-Stitz.
Breuer : «La folie des grandeurs»
Pour la conseillère communale de l’opposition Jacqueline Breuer (LSAP), élue depuis 1993, «LA vérité» est forcément tout autre. «Cela ne sert à rien de vouloir agrandir la maison communale avec un nouveau bâtiment : beaucoup de gens sont en télétravail et on est limité en termes de place, ici à Sandweiler, qui est l’une des plus petites communes du pays, coincée entre l’aéroport et le contournement. Actuellement, 15 employés travaillent à la commune en présentiel, sur 880 m², l’espace ne manque donc pas. Et Sandweiler n’accueillera pas 3 000 habitants de plus dans 20 ans. Et il n’y a donc aucune nécessité à recruter du personnel supplémentaire. De plus, je pense que Madame la bourgmestre ne supportait plus la peinture rouge de la façade de la maison communale, qui lui rappelle le LSAP et l’ancien bourgmestre de la commune (Charles Unsen). J’ai l’impression que Madame la bourgmestre a la folie des grandeurs. Elle voudrait construire un véritable monument au milieu du village. Ce projet est trop grand, trop laid, trop cher… Bref, il est superflu et représente de l’argent du contribuable jeté par la fenêtre, qui pourrait être utilisé à de meilleures fins. L’architecte du bâtiment m’a dit qu’avec 1,5 million d’euros on pouvait le rénover, alors que le nouveau projet coûterait 8 millions d’euros, sans mobilier inclus», selon celle qui a aussi été échevine jusqu’à 2017.
Car pour cette dernière, une rénovation du bâtiment actuel, «de 1999» insiste-t-elle, serait bien plus adaptée à la situation et coûterait «trois fois moins cher». Mais aucune analyse relative à une potentielle rénovation n’a été faite, reproche Jacqueline Breuer à la majorité. «Sans oublier qu’en cas de démolition, il faudra déménager tous les services communaux dans un autre lieu, le temps des travaux. Et cela coûte aussi de l’argent.» Pour ce qui est des infiltrations d’eau ou de l’absence de climatisation, l’élue LSAP est d’avis que «c’est aberrant, car tout cela peut être réparé ou installé dans le cadre d’une rénovation».
Référendum : «Des questions qui posent question»
Concernant le référendum de dimanche, l’opposition critique le fait que la bourgmestre a rajouté deux questions qui n’auraient rien à voir avec le projet de démolition, d’après Jaqueline Breuer. (NDLR : le référendum comprend trois questions : «Souhaitez-vous que l’aire de jeu et l’espace vert entre le centre culturel et la rue d’Itzig soient préservés pour les citoyens ?», «Souhaitez-vous que les services administratifs de la municipalité soient toujours proposés dans un seul bâtiment ?», et «Voulez-vous une nouvelle mairie sur le site actuel ?»).
Ainsi, pour l’élue Jacqueline Breuer, les deux premières questions sortent du contexte et auraient été formulées «pour créer la zizanie. À la première, c’est normal qu’on dise oui, c’est de la rhétorique. Quant à la deuxième, il serait normal que le service technique puisse être déplacé dans un autre bâtiment, à l’instar d’autres communes plus grandes. Et de toute façon on peut maintenir tous les services au même endroit, aussi bien en cas de démolition que de rénovation, car il y a assez de place», insiste celle qui indique avoir «vécu toute l’histoire» et avoir contesté depuis le début en tant que citoyenne, «car cela n’a plus rien à voir avec la politique. Nous avons d’ailleurs déjà lancé une pétition, en tant que citoyens et non en tant que politiciens, contre la démolition du bâtiment, en octobre dernier et avons recueilli plus de 500 signatures», rappelle-t-elle encore. «Mais la commune a ensuite contacté les signataires pour leur signifier leur désaccord et les mettre sous pression. De manière générale, la démocratie de base est bafouée», estime l’élue LSAP. Quant à la dernière question, celle qui se rapporte directement à la démolition de la maison communale actuelle, elle estime que celle-ci «a été contournée, car il aurait fallu la formuler ainsi : “Êtes-vous pour ou contre la démolition de la mairie ?” Ces trois questions posent question.»
De son côté, Simone Massard-Stitz a une autre lecture de la chose et défend sa majorité : «Les discussions concernant ce projet ont débuté en conseil communal, il y a plus d’un an. Aucun plan n’a été présenté au début, c’est vrai, mais ils étaient inscrits dans le budget sous l’appellation “nouvelle maison communale”. Pour ce qui est de la première question qui sera posée aux citoyens, l’opposition a dit, à un moment, que s’il faut absolument construire un nouveau bâtiment, il faut le faire ailleurs sur le territoire de la commune. Et la seule place qu’on a, c’est l’aire de jeux entre le centre culturel et la rue d’Itzig. D’où la question au référendum, qui vient donc de l’opposition LSAP.
Or, c’est la dernière place verte qu’on a au niveau central de Sandweiler et qui est réservée aux enfants et qu’on veut agrandir avec un parc. Concernant la deuxième question, l’opposition a dit : au lieu de vouloir agrandir, on peut mettre, comme dans d’autres communes, un service dans un autre bâtiment. C’est à nouveau l’opposition qui a mis cette question sur la table au conseil communal. D’où notre volonté de savoir si les gens veulent que tous les services soient regroupés sur un site unique ou pas. Et pour la dernière question, ils ne sont pas contents, car ils voulaient que la question soit “Êtes-vous contre la démolition du nouveau bâtiment” et nous on l’a tournée autrement, de manière positive, alors qu’eux voulaient la poser de manière négative. Mais pour la majorité, cela revient à poser les mêmes questions. Car si vous voulez une nouvelle mairie sur le même site, il faut démolir l’ancienne», développe la bourgmestre Simone Massard-Stitz.
Référendum «consultatif» et message de déi gréng
Cela dit, mardi matin, un nouvel élément s’est ajouté à l’«affaire»; comme tous les autres résidents de Sandweiler, elle a reçu une communication de déi gréng dans sa boîte aux lettres. Celle-ci stipule notamment qu’«il est évident que le résultat du référendum devra être respecté». Pour l’élue, cette phrase est lourde de sens et renforce l’opposition LSAP-DP (quatre conseillers communaux au total) qui fait front commun face au projet : «Cela est très important, parce que le référendum est consultatif, et même en cas de vote négatif pour la démolition de la maison communale, Madame la bourgmestre pourrait passer outre la volonté des électeurs et tout de même mener son projet à terme. Et d’ailleurs, les gens qui votent pour déi gréng ne sont pas en faveur de ce projet. Mais si Madame la bourgmestre poursuit tout de même son projet, il y aura un éclat au sein de la coalition au pouvoir. Cela dit, je pense que le projet sera mis dans un tiroir si le “non” l’emporte», affirme-t-elle encore. Avant de conclure : «Le vote est obligatoire, mais le référendum est consultatif… les gens trouvent cela contradictoire.»
Mais quel que soit le résultat qui sortira des urnes dimanche, l’opposition souligne qu’elle le respectera également. En attendant, les deux camps se disent «optimistes» et pensent chacun pouvoir l’emporter. Rendez-vous dimanche, donc, pour l’épilogue !
Claude Damiani
Le référendum en pratique
Le référendum se tiendra dimanche, de 8h à 14h, au centre culturel de Sandweiler. Les règles de participation sont les mêmes que celles régissant les élections communales, à savoir notamment que le vote est obligatoire et que les résidents non luxembourgeois sont donc également invités à se prononcer, soit l’ensemble des résidents de la commune qui sont inscrits sur les listes électorales communales (Sandweiler comptait 3 654 habitants au 4 janvier). À noter, enfin, que ce référendum est consultatif, ce qui signifie que la bourgmestre ne serait pas obligée de suivre le résultat qui sortira des urnes. Cela dit, il est à rappeler que le partenaire de coalition du CSV, le parti déi gréng, a fait savoir mardi qu’il respecterait la décision des électeurs, quelle qu’elle soit.
Le référendum est honteux et orienté…
La question 3 aurait suffi mais ils ont mis la question 1 et 2 pour semer le trouble et pouvoir contourner la question 3 … un joli tour de passe passe pour prendre encore les riverains pour des imbéciles