Après un hiver passé à miser sur un bloc bas et un Moussa Maazou seul en pointe, la Jeunesse Esch apparaît beaucoup plus joueuse depuis quelques semaines. Une révolution qui coïncide avec l’émergence de plusieurs jeunes comme Gary Bernard, Alexandros Voilis ou Dennis Besch.
Il a quitté dimanche le stade de la Frontière frustré, persuadé que son équipe, privée d’un penalty, pouvait repartir d’Esch avec un nul. Cela n’empêche pas Nedzib Selimovic d’être bon perdant, et de saluer les intentions affichées dans le jeu par la Jeunesse. «J’ai trouvé que c’était une équipe très agréable à voir, très vivace, juge l’entraîneur de Rodange. Ça bougeait, ça multipliait les passes, ça trouvait de la verticalité, de la profondeur. Et pas sur des longs ballons.»
La précision a son importance. Car l’image tranche avec celle véhiculée à la reprise par les Bianconeri : celle d’une équipe compacte, besogneuse, pratiquant un jeu assez direct et guettant la moindre ouverture pour mettre sur orbite sa recrue hivernale Moussa Maazou. Un plan de jeu dicté par le profil du Nigérien, athlétique, véloce et prompt à prendre la profondeur. Et dont l’attaquant a bénéficié d’un point de vue comptable, facturant cinq buts et deux passes décisives lors de ses sept premières apparitions, avant de rejoindre fin mars sa sélection pour disputer les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2022.
«Beaucoup ont critiqué notre recrutement»
Depuis, le natif de Niamey tourne au ralenti, au moins sur le plan mathématique (aucun but lors des quatre derniers matches). La conséquence de ce voyage international ? Toujours est-il que dans ce laps de temps, la Jeunesse s’est peu à peu réinventée, pour adopter une philosophie plus joueuse, moins dépendante du Nigérien, remplaçant pour la première fois dimanche. Si Mégan Laurent, buteur lors de ses trois dernières apparitions, a pris le relais devant le but ces dernières semaines, cette évolution, justifiée aussi par l’opposition, profite notamment aussi aux jeunes Alexandros Voilis et Gary Bernard. Le Grec a été auteur contre Rodange de son deuxième pion en deux journées.
Passeur décisif dimanche et buteur mercredi dernier à Mondorf (2-3), le Luxembourgeois profite lui pleinement de son replacement par Georgios Petrakis dans l’axe, son poste de prédilection. Mais aussi des conseils de Maazou, qui «(l’)aide beaucoup sur le terrain». À 20 ans, les deux attaquants incarnent une jeunesse eschoise qui prend progressivement de l’ampleur, au même titre que le latéral gauche Dennis Besch, quatorze fois titulaire cette saison malgré les réserves initiales. «Avec Dennis, quand on est arrivés de Promotion d’honneur, beaucoup de gens ont critiqué ce recrutement, rappelle Bernard (3 buts en 18 apparitions). Mais aujourd’hui, on se sent importants, et on sent qu’on peut faire quelque chose de bien au club dans les prochaines années.»
Voire dès ce mercredi soir, à Differdange, lors d’un match décisif dans la course à la quatrième place, qualificative pour l’Europe.
Simon Butel