Avec des prétendants issus des classiques flandriennes et les grimpeurs qui visent les Ardennaises, l’Amstel Gold Race qui se déroulera ce dimanche sur un circuit relooké, plus nerveux et plus court, ne manque pas d’intérêt.
On se pince quand même pour s’assurer qu’on ne rêve pas. L’Amstel Gold Race sera réduite ce dimanche à 216, 7 kilomètres. Et de surcroît se déroule sur un circuit à effectuer treize fois (douze boucles de 16,9 km avec à gravir à chaque reprise le Geulhemmerberg, le Bemelerberg et le Cauberg) et un dernier tour de 15, 8 kilomètres, que l’organisateur, Léo Van Vliet, dénomme de «tour Van der Poel», en référence au magnifique et incroyable succès de ce dernier en 2019 (où il semblait battu avant que le surplace de Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang ne lui permette de les aligner sur la ligne au terme d’un sprint qui se retrouve aujourd’hui en bonne place parmi ses innombrables faits d’armes).
Mais l’Amstel aura bien lieu, et sur le site de RTBF, l’ancien coureur néerlandais semble apprécier. «Comment expliquer que ma course ait été annulée en 2020 sans possibilité de report à une période où une étape du BinckBank Tour s’achevait à Riemst, à 10 km seulement de Maastricht ? Et deux jours plus tard, c’était Liège-Bastogne-Liège, avec départ et arrivée à quinze minutes de la frontière néerlandaise ? Quand je vois qu’au moment où je vous parle on a disputé deux fois Milan-Sanremo, Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres en un an et demi et pas l’Amstel Gold Race, depuis deux ans, je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine frustration. D’autant que l’édition de 2019 et son dénouement étaient vraiment exceptionnels…», soupire-t-il dans une interview donnée à son journaliste cyclisme de référence, Rodrigo Beenkens.
Dommage que le vainqueur sortant justement, ne soit pas là. Mais on le sait, son choix, porté sur le VTT et les JO, remonte à loin. Philippe Gilbert, qui reviendra pour les Ardennaises, après un break salvateur afin d’éviter une saturation bien palpable, et vainqueur en ces lieux du Mondial 2011, sera l’autre absent de marque. La course, dit encore Van Vliet sur la RTBF, promet d’être «très intense». «Le parcours ressemble beaucoup à celui des championnats du monde 2011 remportés par Philippe Gilbert», poursuit-il enfin.
Fameux duo Van Aert-Roglic
Bref, même sans public, la classique néerlandaise offre un grand spectacle. On connaît les différents acteurs. Ils se divisent en deux catégories. Les coureurs qui viennent des classiques flandriennes. Mercredi encore sur la Flèche Brabançonne, épreuve parfaite de liaison entre les Flandriennes et Ardennaises, le podium était fait de coureurs de pavés, puisque Pidcock a réglé Van Aert et Trentin sur la ligne. Comme Paris-Roubaix n’a pas eu lieu, les «flahutes» ont encore de la ressource. Et avec cette nouvelle génération de coureurs capables de courir tout à la fois, de passer d’une spécialité à l’autre, tout est désormais envisageable. Les logiciels ont changé…
D’ailleurs, il suffit d’écouter Wout Van Aert pour s’en convaincre. Interrogé à l’issue de la Flèche Brabançonne, le lauréat de la Gand-Wevelgem disait ceci : «Les coureurs qui sont passés par le Pays basque vont également nous rejoindre dimanche. Dans notre équipe, Jumbo-Visma, nous aurons certainement une équipe très forte. Primoz (Roglic) et moi partirons sur un pied d’égalité. La tactique est simple. Normalement, je suis plus rapide dans le sprint et il peut attaquer dans les côtes. Nous nous complétons bien. Je suis ambitieux et je veux bien terminer mon printemps. Même si je me rends compte qu’il y a beaucoup d’autres gars forts au départ.»
Fort comme par exemple, Julian Alaphilippe, trop court sur le Tour des Flandres malgré son attaque sur le final, qui aura permis de fatiguer les rivaux de l’équipe Deceuninck et favoriser les desseins de son coéquipier danois, Kasper Asgreen. Mais nous voilà deux semaines plus loin… «Julian Alaphilippe, notait Léo Van Vliet sur la RTBF, j’espère qu’il l’emportera. C’est le vainqueur rêvé : le champion du monde est un attaquant. Il est passé tellement près la dernière fois…» Mais les outsiders ne manquent pas. On reverra à l’attaque des hommes comme Tom Pidcock, Marc Hirschi, Jakob Fulglsang, Alejandro Valverde, Tiesj Benoot, Tim Wellens, Gino Mader, Dylan Teunes, Maximilian Schacchmann, sans doute les plus à même à troubler le jeu des grands favoris cités plus hauts. Finalement, cette Amstel Gold Race aura bien de la gueule !
Denis Bastien
Mode d’emploi
La course : 216,7 km (12 boucles de 16,9 km avec le Geulhemmerberg, le Bemelerberg et le Cauberg et un dernier tour de 15,8 kilomètres sans le Cauberg).
Derniers vainqueurs :
2019 : Mathieu Van der Poel (NED)
2018 : Michael Valgren (DAN)… 33. Bob Jungels (LUX)
2017 : Philippe Gilbert (BEL)… 39. Bob Jungels (LUX)
2016 : Enrico Gasparotto (iTA)… 43. Bob Jungels (LUX)
2015 : Michal Kwiatkowski (POL)… 23. Bob Jungels (LUX)
2014 : Philippe Gilbert (BEL)… 24. Frank Schleck (LUX)
2013 : Roman Kreuziger (RTC)
2012 : Enrico Gasparotto (ITA)… 12. Frank Schleck (LUX)
2011: Philippe Gilbert (BEL)… 11. Andy Schleck (LUX)
2010 : Philippe Gilbert (BEL)… 7. Frank Schleck (LUX)
2006 : Frank Schleck (LUX)
Principaux engagés :
Geoghegan Hart, Carapaz, Kwiatkowski, Pidcock (Ineos), Honoré, Vansevenant, Alaphilippe, Sénéchal (Deceuninck Suick Step), Stuyven, Mollema (Trek-Segafredo), Paret-Peintre, Van Avermaet, Cosnefroy, Jungels (AG2R-Citroën), Keldermann, Schachmann, Konrad (Bora), Gogl, Henao (Qhubeka), Vanmarcke, De Marchi, Impey, Neilands (Israël Start-Up Nation), Madouas, Gaudu, Molard (Groupama-FDJ), Wellens (Lotto Soudal), Teuns, Mohoric, Poels, Haig, Colbrelli, Mader (Bahrain), Matthews, Chaves (BikeExchange), Van Aert, Roglic, Oomen (Jumbo-Visma), Martin, Geschke, Edet (Cofidis), Garcia Cortina, Valverde (Movistar), Kragh Andersen, Haga, Benoot, Vermaerke (DSM), Bjerg, Hirschi, Trentin, Oliveira, Costa, Polanc (UAE), Kreuziger (Gazprom), Barguil (Arkéa-Samsic), Livyns, Luc et Tom Wirtgen (Bingoal), Hoelgaard (Uno-X).
Course dames : 118 km (7 tours de 16,9 kilomètres). Pas de Luxembourgeoises au départ mais l’équipe Andy Schleck – CP NVST – Immo Losch est engagée.