« El Loco » a été pris d’un coup de folie : Marcelo Bielsa a lui-même annoncé froidement sa démission du poste d’entraîneur de l’Olympique de Marseille pour un désaccord mal expliqué avec la direction, samedi après la défaite contre Caen (1-0).
Le Vélodrome est orphelin, son idole San Marcelo s’en va. « Je viens de démissionner de mon poste de l’Olympique de Marseille », a dit l’Argentin une fois la rituelle conférence de presse d’après-match terminée. Il a refusé d’entrer dans les détails du désaccord avec la direction, évoquant seulement un changement de dernière minute dans un contrat sur lequel un accord avait été trouvé après deux mois de négociations.
Son interprète a lu la lettre de démission remise au président de l’OM, Vincent Labrune. « Nous avions trouvé un accord pour une prolongation en 2016-2017, il ne manquait plus que la signature, depuis début juillet nous travaillons », est-il écrit dans cette lettre. Bielsa a expliqué avoir rencontré mercredi le directeur général Philippe Pérez et Igor Levin, l’avocat de la propriétaire, Margarita Louis Dreyfus, « ils voulaient changer le contrat », a-t-il écrit.
« Je ne peux pas accepter cette situation d’instabilité »
L’Argentin a pris « une position définitive, le travail en commun exige un minimum de confiance que nous n’avons plus ». « Même si je pense que vous ne le vouliez pas, ce qui s’est passé relève de votre autorité, je pense que vous ne l’ignoriez pas », a ajouté Bielsa à l’adresse de son président.
L’été précédent, il avait déjà frappé fort peu après ses débuts en compétition en critiquant les promesses non tenues par Labrune dans le recrutement. Cette fois, Bielsa assure que le recrutement a été fait de manière consensuelle. L’Argentin a assuré avoir été patient et compréhensif avec son club. « Je me suis adapté aux variations constantes du plan sportif, j’ai pris en compte leur travail, il est très difficile de faire venir des joueurs, a-t-il expliqué. Mais je ne peux pas accepter cette situation d’instabilité. »
Il a assuré qu’il ne partait pas pour rejoindre une autre formation, et qu’il avait même refusé un salaire multiplié par trois pour rester à Marseille cet été. Quatrième la saison dernière, l’OM avait dû rajeunir un peu son effectif cet été, perdant des cadres (Gignac, Ayew, Payet) et recrutant des jeunes (Sarr, Rekik) ou des joueurs privés de football depuis un an (Lassana Diarra) ou deux (Abou Diaby).
Joueurs « choqués »
« On l’a appris en même temps que vous, a raconté Florian Thauvin. On est tous choqués, c’est une grosse déception, a ajouté l’attaquant, on n’a pas vu Bielsa, mais on a eu une discussion dans le vestiaire avec le président qui nous a rassurés, on ne va pas rester là-dessus, il y a une saison à faire. »
Le capitaine marseillais, Steve Mandanda, a parlé sur Canal+ de « gros coup de massue ». « Il y a eu pas mal de déception, il a fait progresser la quasi totalité de ce groupe, a souligné le gardien. Le côté délicat, c’est qu’il y a des joueurs qui sont venus pour lui. Nous, on était bien avec lui, avec un bon fond de jeu par rapport à d’autre saisons… Il a pris une décision, il faut l’accepter ». Le gardien a précisé que pour le prochain match, à Reims, l’équipe serait entraînée par un des adjoints de Bielsa, Franck Passi.
Interrogé sur ce qu’a dit le président du club Vincent Labrune, à l’effectif, le gardien a répondu : « Il nous a dit qu’il était avant tout déçu parce que c’est quand même un grand entraîneur qui nous a tous fait progresser. Il reste serein ». Jeudi lors de sa première conférence de presse de la saison, Bielsa avait pourtant assuré s’être « mis d’accord avec le président (de Marseille) concernant les termes du contrat ».
Bielsa a révélé samedi soir qu’en fait il avait alors déjà pris la décision de démissionner dans la nuit de mercredi à jeudi. Il n’a pas voulu perturber la préparation du match contre Caen. L’entraîneur a même d’abord scrupuleusement répondu aux questions de la presse sur le match qui venait de se jouer, et la préparation du suivant, à Reims. Ce sera donc avec un autre entraîneur, et d’ici là, l’OM va vivre une nouvelle révolution.
AFP