Conséquence des travaux sur le tronçon ferroviaire Luxembourg-Bettembourg, bus de substitution et camions-bennes défilent dans la commune de Roeser. Jour et nuit.
«Encore une nuit blanche», lance cette habitante de Peppange, dépitée. «Le va-et-vient des camions-bennes démarre à 7 h du matin et ça peut durer jusqu’à 4 h dans la nuit. Impossible de trouver le sommeil.»
Chercheuse dans le domaine de la culture, Valérie est en télétravail en ce moment, tout comme son mari. Difficile de se concentrer alors que, parfois dans la même minute, plusieurs bus et camions vrombissent sur les pavés. «Ici, on est habitués au trafic intense. Mais là, le bruit persiste le jour comme la nuit. Tous ces poids lourds, c’est vraiment épuisant», ajoute la jeune femme qui se dit stressée et très fatiguée, après quatre jours à ce régime.
En effet, c’est lors du week-end de Pâques, que les CFL ont lancé un important chantier sur le tronçon Luxembourg-Bettembourg : profitant de la fermeture à la circulation du tunnel Rangwee à Howald, qui doit être élargi pour le passage du tram (lire ci-dessous), la société des chemins de fer mène des travaux d’entretien sur ses voies à hauteur de Berchem. Au programme : renouvellement du ballast, remplacement des traverses et rénovation des rails. Le tout en 15 jours.
Voilà d’où proviennent les tonnes de pierres concassées qui défilent sous les fenêtres de Valérie et de ses voisins, à bord d’imposants camions-bennes, affublés d’une remorque pour la plupart. C’est la société Sopinor qui assure l’évacuation de ces gravats, avec une autorisation spécifique pour des travaux nocturnes.
Un flot quasi continu aux heures de pointe
Mais ce n’est pas tout. Les trains étant à l’arrêt sur cette portion très fréquentée de la ligne 60 (Luxembourg-Esch-Rodange), des bus de substitution assurent le transfert des voyageurs entre les gares de Luxembourg et Bettembourg. Et là encore, pas d’autre choix que d’emprunter l’itinéraire qui serpente à travers Livange, Peppange, Crauthem, Roeser et Bivange. Pour les habitants, c’est la double peine : en plus des poids lourds, ce ne sont pas moins de 160 courses qui sont assurées chaque jour vers la capitale et 180 vers le sud.
Pour Aseel, qui habite Peppange depuis six mois avec son mari et ses quatre enfants, dont le plus jeune âgé d’à peine deux ans, le quotidien est devenu un enfer : «Notre maison est mal isolée. On garde les volets clos même en journée pour atténuer un peu le son. Le soir, pour que les enfants puissent s’endormir, on lance de la musique relaxante sur nos téléphones pour couvrir le bruit.»
Avec du triple vitrage et une chambre orientée sur le jardin, ce couple s’en sort mieux : «On est ici depuis 40 ans. Ces dernières années, on a assisté à l’explosion du trafic. Le village est un lieu de passage et un itinéraire bis dès que l’autoroute est saturée. On a l’habitude», confient-ils, plutôt résignés.
Le sort s’acharne particulièrement sur Peppange et Livange, avec la route principale de Berchem barrée à la circulation depuis janvier pour des travaux de raccordement et d’aménagement d’une zone 30 km/h, qui dévie tout le trafic dans leur direction. Cette rue ne devrait rouvrir qu’en juilllet. Pour le chantier des CFL, ce sera le 19 avril. Rien d’autre à faire, en attendant, que de «prendre son mal en patience», déplore cette habitante de Livange, qui passe désormais ses nuits sur son canapé, loin de l’agitation de la rue.
Christelle Brucker
Jour J pour le ripage du tunnel Rangwee II
Depuis le 2 avril, les travaux de terrassement sous les voies ferroviaires à Howald ont démarré. Le projet Rangwee II prévoit le dédoublement des voies du tunnel existant (entre la rue des Scillas et le rond-point Gluck) pour permettre le passage du tram à cet endroit dès 2023.
Ici, ce sont les camions-bennes Félix Giorgetti qui sont à l’œuvre, au niveau de l’imposant talus sur lequel s’étale une dizaine de voies de chemin de fer. «Avant l’opération de ripage du tunnel, qui aura lieu du 9 au 10 avril dans la nuit, c’est un important travail de terrassement qui est effectué», indique la société sur sa page Facebook. «Nos équipes doivent ouvrir le talus, évacuer 1 000 m3 par poste de déblais, puis appliquer une couche de béton pour pouvoir installer le matériel nécessaire au ripage.»
Une opération délicate puisque les pelleteuses devront veiller à ne pas toucher les caténaires installés au-dessus des voies. Tout cela avec un planning réglé à la minute. «Nos équipes sont actuellement mobilisées jour et nuit pour finir dans les temps.»