Käerjeng reçoit Esch avec l’espoir d’infliger au leader son premier revers de la saison. Son entraîneur, Yérime Sylla, veut y croire.
Käerjeng va-t-il mettre fin à cette série et redonner espoir à toute une élite réduite au silence depuis très exactement 551 jours? Ce 18 septembre 2019, Esch mit, pour la dernière fois, genoux à terre. C’était sur ses terres, face aux Red Boys. Depuis, les hommes d’André Gulbicki enfilent les perles : 23 victoires d’affilée en championnat! Ce play-off titre ne compte plus que sept journées et si le suspense quant à l’identité du futur champion semble s’être réduit à peau de chagrin, une question demeure : le club du président Jos Theysen parviendra-t-il à prolonger son sans-faute jusqu’au 29 mai et atteindre le cap des 30 victoires de rang?
Dans la hiérarchie actuelle, Käerjeng est actuellement le dauphin d’un leader aux allures de requin. Un peu trop tendre encore l’équipe de Yérime Sylla? «Je ne dis pas qu’on ne peut pas prendre un « éclat« mais je suis persuadé que mes joueurs ont les moyens de poser bien des problèmes à Esch», estime le technicien français pour qui l’écart séparant son équipe des autres grosses écuries de ce championnat s’explique par une activité moindre. «Avec quatre entraînements par semaine, cela fait deux ou trois de moins que les autres», fait-il remarquer, ravi que ses joueurs aient décidé de s’infliger une séance de rab, hier soir, en vue de la réception du leader.
Cette attitude le conforte dans sa vision d’un groupe dont il vante l’investissement. «S’ils n’en ont pas le statut, ils sont bien plus impliqués que certains pros que j’ai eu l’occasion de diriger par le passé», glisse l’ancien entraîneur de Cesson-Rennes, conscient toutefois que cet «amateurisme» pose des lacunes difficiles à combler. «La politique du club est de ne pas avoir de professionnels, je le comprends et le respecte, déclare-t-il tout en regrettant le manque d’accessibilité à la salle. Quand t’es pro, t’as les clés de la salle et tu y vas quand tu veux. Là, c’est différent et je le comprends. Cela dit, la saison prochaine, on essaiera d’ajouter une cinquième séance. Mais quand tu te lèves tôt, que tu bosses huit heures et qu’ensuite tu vas à l’entraînement, il y a inéluctablement une fatigue qui s’installe…»
Esch est habitué à gagner mais ce serait intéressant de voir les conséquences qu’une défaite pourrait entrainer
Est-ce la fatigue liée au manque de rythme ou à une moindre profondeur de banc, toujours est-il que les Brasseurs ont quelque peu piqué du nez en seconde période contre Berchem (29-29) et aux Red Boys (30-31). «Contre Esch, on va essayer de contourner le problème», déclare le technicien qui devra se passer jusqu’à la fin de la saison des services de Mateusz Klinger et de Pierre Veidig, tous deux blessés. Käerjeng s’apprête donc à défier l’ogre du championnat avec l’espoir de le faire chuter. De lui infliger son premier revers. «Nous, on a rien à perdre. Esch est habitué à gagner mais ce serait intéressant de voir les conséquences qu’une défaite pourrait entrainer…»
Pas sûr que cela suffirait à dérégler une machine parfaitement huilée. Mais si une telle perspective pouvait mettre un peu de piment à un championnat au scénario jusque-là bien trop plat pour faire sursauter le spectateur depuis son canapé, pourquoi pas ? C’est justement ce que craint André Gulbicki qui, dans notre édition de samedi, ne disait pas autre chose. Méfiant, le technicien eschois ne compte pas baisser sa garde ce soir au Um Dribbel «au complet». Histoire de poursuivre son carton plein ?
Charles Michel