L’Arabie saoudite a annoncé mardi un plan d’investissements de 12.000 milliards de riyals (environ 3 200 milliards de dollars, 2 730 milliards d’euros) pour stimuler son secteur privé d’ici 2030, dans le cadre des efforts du royaume pour diversifier son économie ultradépendante du pétrole.
Cette annonce du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume saoudien, intervient au moment où le pays fait face à un taux de chômage élevé et à de grandes difficultés économiques provoquées par la pandémie de Covid-19 et la baisse des prix du brut.
« Les investissements injectés (…) dans l’économie nationale devraient atteindre 12.000 milliards de riyals d’ici 2030 », a déclaré le prince héritier lors d’un discours diffusé par la télévision d’Etat.
Ce montant inclut 3.000 milliards de riyals (environ 800 milliards de dollars, 682 milliards d’euros) provenant du Fonds d’investissement public (PIF) saoudien.
Vingt-quatre des plus grandes entreprises saoudiennes, dont la pétrolière Aramco, vont également contribuer à hauteur de 5.000 milliards de riyals (1,13 mds d’euros), a ajouté le prince lors d’un point de presse virtuel. Ces sociétés ont accepté de baisser leur niveau de dividendes afin de rediriger cet argent vers l’économie domestique en échange d’incitations financières, a-t-il encore expliqué.
Les 4.000 milliards de riyals (908 mds d’euros) restants proviendront d’une « nouvelle stratégie d’investissements » qui sera bientôt annoncée, a encore dit le prince héritier.
Ce plan vise à « renforcer le secteur privé », en créant des centaines de milliers d’emplois et en apportant un soutien aux entreprises locales, a ajouté Mohammed ben Salmane.
Son efficacité est toutefois mise en doute par certains experts. « Cela n’aide pas la croissance du secteur privé de contraindre des entreprises privées d’investir dans des programmes gouvernementaux au détriment de leurs actionnaires ou de leurs investissements dans leurs propres projets », a ainsi estimé Ellen Wald, présidente de Transversal Consulting et autrice du livre Saudi Inc.
En janvier, le prince héritier avait annoncé que le PIF allait investir 40 milliards de dollars (environ 34 milliards d’euros) par an dans l’économie saoudienne pendant cinq ans.
Le PIF s’était jusque-là concentré sur des investissements dans des géants de l’économie mondiale.
Première économie du monde arabe, l’Arabie saoudite peine à attirer les investissements étrangers, clé de voute du plan Vision 2030 du prince héritier qui vise à diversifier l’économie du royaume.
Le taux de chômage a atteint 14,9% au troisième trimestre 2020 en Arabie saoudite, soit une légère baisse par rapport au record de 15,4% atteint au trimestre précédent, selon les chiffres officiels.
En 2020, le double choc de la pandémie et de la baisse des prix du pétrole a poussé le royaume à tripler sa TVA à 15% et à supprimer des allocations mensuelles destinées aux fonctionnaires pour contenir son déficit budgétaire.
Très impopulaires au sein d’une population habituée aux largesses de l’Etat, ces mesures d’austérité ont été mises en place alors même que le royaume continue d’augmenter ses dépenses dans des méga-projets comme NEOM, une mégapole futuriste à 500 milliards de dollars en cours de développement sur la mer Rouge.
AFP