[12e journée de Nationale 1] Bon dernier de la classe, le promu hesperangeois doit en plus composer avec de nombreuses absences.
Comme on pouvait s’y attendre, c’est un véritable chemin de croix qu’effectuent les joueurs du Telstar cette saison. Et encore davantage depuis la décision de se séparer des deux pros. En onze rencontres, ils se sont inclinés autant de fois avec une moyenne de plus de 30 pts d’écart, comme ce fut encore le cas mercredi, face à Contern (57-91). Sans leur faire offense, les Hesperangeois n’ont pas la même qualité d’effectif que le Sparta, seule autre formation à avoir pris cette décision. Et privée de ses Américains, c’est donc une équipe totalement livrée à elle-même qui prend correction sur correction à chaque journée de championnat.
Ce fut par exemple le cas il y a une semaine, face au Sparta. Le Canadien Zach Trier, arrivé au club en 2018 un peu par hasard : «Je venais d’arriver au Luxembourg pour travailler et j’habitais à Itzig. J’ai vu qu’il y avait un gymnase à Hesperange, j’ai demandé si je pouvais m’entraîner avec eux et j’ai commencé en mars 2018», a été impressionné : «On a beaucoup de respect pour eux. On s’entraîne pour jouer le même style, avec de la vitesse et du mouvement constant. Mais ce que fait Bertrange, c’est fort, ils ne s’épuisent jamais. Ils sont 12 à pouvoir joueur au même niveau et chacun connaît son rôle.»
Affronter un tel adversaire quand on est, sur le papier en tout cas, la moins bonne équipe du lot, n’est déjà pas une sinécure. Mais le Telstar doit, en plus, composer avec des blessures de joueurs majeurs : «Tom Donnersbach, notre capitaine, s’est sérieusement blessé à la hanche dès la reprise en février. Il est absent pour toute la saison. Quant à Pol Goebel, notre meneur titulaire, il s’est fait une entorse de la cheville à l’entraînement, avant même la reprise de la saison», résume le Québecois. Tant et si bien que celui qui est habituellement un shooting guard, donc un shooteur, a été amené à prendre la position 1 et à organiser le jeu : «Je ne l’ai plus fait depuis l’âge de 12 ans» en alternance avec Denis Pleimling, dont ce n’est pas non plus le poste de prédilection.
D’ailleurs, ça pose aussi des problèmes pour les entraînements. À tel point qu’on a même fait appel à des potes pour faire le compte : «La semaine dernière, le frère de Yannick (Besenius) et un de ses amis sont venus avec nous pour qu’on puisse faire du cinq contre cinq à l’entraînement.»
Faire de son mieux avec les moyens du bord. Telle pourrait être la devise d’un Telstar qui regarde vers l’avenir. Et dans ces conditions, la moindre petite victoire est synonyme d’espoir : «Contre le Sparta, Til Steinmetz, qui n’a pas l’habitude de beaucoup jouer, est entré pour les cinq dernières minutes. Il a mis beaucoup d’intensité, il a fait un backdoor, mis un lay-up, a pratiqué un bon jeu défensif qui aurait mérité une faute offensive et pris un rebond. Tout cela, c’est positif.»
Pour le Telstar, chaque match est un nouveau défi : «Quand on a eu notre première rencontre avec le management et qu’on a parlé du fait de jouer sans pro, on savait que ce serait un challenge moral.» Le Telstar était une bonne équipe en N2. Mais le niveau n’a clairement rien à voir avec l’échelon supérieur : «Il faut être beaucoup plus physique. Pas seulement encaisser les coups mais aussi les donner. On n’est pas arbitrés de la même manière qu’en N2, les arbitres laissent beaucoup plus de contacts et c’est normal. On est en N1, c’est ce qu’on voulait.»
Avec les gars, on va à la guerre ensemble
Un challenge mental, physique. Et une équation à résoudre à chaque match. En effet, l’absence des Américains donne beaucoup de temps de jeu à des joueurs qui n’en avaient pas l’habitude. Et tout cela, il faut apprendre à le digérer. Un challenge également pour Gabor Boros, le coach du Telstar : «Il fait un gros boulot en se concentrant sur ce qu’on a fait de positif tout en nous indiquant les points à améliorer. Pour les gars, cette saison est une expérience unique qui va leur servir pour l’année prochaine. Personne n’aurait pu vivre ça si les pros étaient restés au sein de l’équipe. On aurait tous pu se cacher derrière un meneur capable de battre tout le monde en un contre un. Là, on doit se battre pour chaque panier, mettre la pression. Faire les bonnes passes.»
Évidemment, les punitions match après match ne font pas de bien au moral. Mais ce sont aussi des occasions d’avoir une intensité et un rythme que le Telstar ne peut pas avoir à l’entraînement. Après, il faut être solide dans la tête : «Si on se laisse abattre, où est le plaisir de jouer au basket ? On travaille, on tente de s’améliorer en pensant à l’année prochaine.»
Le gros défi du Telstar, assuré du maintien cette saison, c’est de prolonger son bail au sein de l’élite du basket grand-duca. Et Zach Traer y croit : «Là encore, c’est un énorme challenge. Mais je pense qu’avec quelques renforts, notamment des Américains qui améliorent leurs coéquipiers, on sera plus compétitifs. Je crois en ce groupe.» Et de conclure : «Avec les gars, on va à la guerre ensemble.» Prochaine bataille, ce samedi face au Racing, autre mal classé.
De l’envie. Mais avec un froid réalisme. Car quand on lui demande s’il pense que le Telstar arrivera à accrocher une victoire cette saison, Zach Traer ne se cache pas derrière son petit doigt : «Ce sera vraiment très compliqué. Il faudrait que je fasse un match comme contre Heffingen avec 30 pts et qu’au moins deux de mes coéquipiers marquent beaucoup. Qu’on soit tous sur la même page.» Un défi de plus. Pour une équipe qui n’en est, finalement, plus à un près. Et qui finira la saison sans son Canadien. En effet, il s’en ira au mois d’avril pour aider sa sœur, sur le point d’accoucher.
Romain Haas