La deuxième «manifestation nationale pour l’accès au logement digne et abordable» se déroulera ce samedi après-midi dans la capitale.
Le samedi 10 octobre dernier, plusieurs centaines de personnes manifestaient dans les rues de Luxembourg pour le droit au logement. Une première au Grand-Duché. Six mois plus tard, «rien n’a changé, au contraire, la crise du logement ne fait que s’aggraver… », estiment les organisations nationales et mouvements citoyens membres de la plateforme pour l’accès à un logement digne et abordable, qui se nomme la «coalition Wunnrecht». Un nouvel appel à manifester ce samedi a été lancé par le collectif. Le rendez-vous est fixé à 15h, place de la Gare à Luxembourg, et le cortège se rendra ensuite jusqu’à la place d’Armes.
Les revendications de cette deuxième «manifestation nationale pour l’accès au logement digne et abordable» sont nombreuses : l’inscription du droit au logement dans la Constitution; construire et aménager 30 000 logements abordables, accessibles aux personnes à revenu modeste; construire ou aménager d’urgence 3 000 à 4 000 logements sociaux nécessaires à court terme; mettre en place un outil efficace de contrôle du plafonnement des loyers; taxer les logements vides; lutter activement contre toutes discriminations relatives à l’accès au logement; mettre un terme aux avantages fiscaux dans le domaine de l’immobilier qui alimentent la spéculation…
Sans oublier qu’après le 31 mars, les déguerpissements pourront reprendre. «Le gouvernement a décidé de mettre un terme au moratoire sur les déguerpissements (NDLR : qui avait été mis en place en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19) avec des arguments qui méritent une médaille d’or du cynisme», avancent les organisateurs. «La reprise des déguerpissements, c’est demain, se désole Jean Larock, membre de Save Co-housing in Esch et du Collectif monoparental, et l’un des porte-parole de la coalition «Wunnrecht». Cette décision sans solution alternative est un mauvais signal.»
«Les gens n’y arrivent plus»
La vice-présidente de l’ASBL Mieterschutz Lëtzebuerg/l’association de défense des locataires, Aldina Ganeto, complète : «Aujourd’hui avec la crise sanitaire, trouver un logement est devenu de plus en plus difficile. Nous rencontrons des familles où les deux parents ont perdu leurs emplois. Certaines familles qui vivent dans une chambre avec leurs enfants seront expulsables à partir du 1er avril. Que vont-ils faire? Cette réalité est dure et terrible. Et la situation s’aggrave de jour en jour.»
Jean Larock poursuit en soulignant qu’«on sent un climat de ras-le-bol de cette crise du logement. Ces derniers jours quand on distribuait nos flyers pour la manifestation de samedi, les gens nous disaient qu’ils n’en peuvent plus, qu’ils n’y arrivent plus». Il ajoute : «Ces dernières semaines, nous avons enquêté et trouvé de nombreux logements vides. Il y a un potentiel énorme. Il y aurait des solutions pour répondre à l’urgence. Mais il y a surtout urgence de mettre en œuvre une véritable politique du logement répondant aux besoins de la population.»
De son côté, Aldina Ganeto a «le sentiment que le gouvernement n’a pas conscience de la réalité de la situation. Le message ne semble pas être arrivé jusqu’à lui, car sa réponse n’est pas conforme à la réalité dramatique de la situation. Il est grand temps que le gouvernement engage des moyens conséquents pour répondre à cette crise du logement».
Jean Larock estime également que «ce combat concerne aussi les frontaliers, car la fièvre immobilière luxembourgeoise est contagieuse et les prix montent aussi au-delà des frontières du Grand-Duché». Cette crise du logement est même européenne. La manifestation de ce samedi à Luxembourg s’inscrit d’ailleurs aussi dans le cadre d’une journée européenne d’action pour le droit au logement. Dans plus de 60 villes à travers une vingtaine de pays européens, il y aura des manifestations et des actions pour le droit au logement.
Guillaume Chassaing
En raison de la situation sanitaire, le port du masque et le respect de la distanciation sociale sont obligatoires.
Les membres de la «coalition Wunnrecht»
La manifestation de ce samedi (15 h) pour le droit au logement est organisée par la «coalition Wunnrecht». On y retrouve des associations et des syndicats comme Mieterschutz Lëtzebuerg/l’association de défense des locataires; Life WG; Save Co-housing in Esch; CLAE; l’ASTI; l’OGBL; le LCGB; le Réseau luxembourgeois de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale; Lëtz Rise Up; l’ASBL Femmes en détresse; Ryse; Time for Equality; l’ASBL Passerell; Rise for Climate; Open House! Oppent Haus; ATD Quart Monde; Finkapé; JIF Luxembourg; l’Union nationale des étudiants du Luxembourg ou encore le Collectif monoparental.