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Canal de Suez : l’Égypte fière de sa nouvelle voie économique royale


Ouvert en 1869, le canal de Suez relie la mer Rouge et la Méditerranée. C'est l'une des routes essentielles du commerce mondial et une source financière précieuse pour l’Égypte, qui cherche à relancer son économie. (Photo AFP)

A la tête d’une fastueuse parade navale et en présence de nombreux chefs d’État, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi inaugurait jeudi l’élargissement du canal de Suez. Une nouvelle voie royale sur la route du commerce mondial, qui doit permettre de relancer l’économie du pays.

Ouvert en 1869, le canal de Suez relie la mer Rouge et la Méditerranée. C’est l’une des routes essentielles du commerce mondial et une source financière précieuse pour l’Égypte, qui cherche à relancer son économie en crise depuis la révolte de 2011.

L’expansion du canal représente l’un des travaux phares du président Sissi qui, à peine élu en 2014, avait lancé en grande pompe ce projet comprenant l’ouverture d’une nouvelle voie doublant sur 35 km le célèbre canal long de 193 km, ainsi que l’élargissement et l’approfondissement d’un tronçon sur 37 autres kilomètres.

Un projet pharaonique et express, qui a duré un an. (Photo AFP)

Un projet pharaonique et express, qui a duré un an. (Photo AFP)

Flotte de Rafale et F16 pour l’événement

Le président égyptien avait donné un an pour réaliser ce projet pharaonique. Pari tenu, grâce à une souscription de quelque 9 milliards de dollars qui a attiré de nombreux Égyptiens. Sissi, dans son uniforme de maréchal à la retraite, a embarqué en début d’après-midi à Ismaïlia, au beau milieu du canal, pour conduire la parade à bord d’un élégant yacht qui avait transporté l’impératrice française Eugénie, l’épouse de Napoléon III, lors de l’inauguration du canal en 1869.

« Invité d’honneur » de la cérémonie, le chef de l’État français François Hollande devrait admirer en vol les trois premiers avions de combat français Rafale vendus à l’étranger, que l’Égypte vient d’acheter (24 ont été commandés, NDLR). Ces appareils vont ouvrir un défilé aérien, entourés par une flotte de huit F16 récemment livrés par le grand allié américain. La frégate multi-missions FREMM également récemment achetée à la France, devrait être l’un des clous du spectacle.

L’émir du Koweït et le roi de Bahreïn figurent parmi les personnalités attendues, comme les présidents palestinien, soudanais et yéménite, ou encore les Premiers ministres russe Dmitri Medvedev et grec Alexis Tsipras.

LeQuotidien.lu avec AFP

Plus rapide, mais pas moins cher
La nouvelle voie doit permettre de doubler le trafic à l’horizon 2023, assure le Caire, promettant quelque 97 navires par jour sur le canal contre 49 actuellement. La nouvelle artère permettra la circulation dans les deux sens, réduisant de 18 à 11 heures l’attente des bateaux, et doit faire passer les revenus du canal de 5,3 milliards de dollars (environ 4,7 milliards d’euros) attendus en 2015 à 13,2 milliards de dollars (11,7 milliards d’euros) en 2023.
Mais pour des experts du commerce international, il s’agit d’un très coûteux « vœu pieux », voire d’un gaspillage, au moment où la croissance du commerce mondial marque sensiblement le pas. « La priorité pour les armateurs c’est de réduire les coûts du transport, pas d’accroître sa vitesse », commente Ralph Leszczynski, directeur des recherches de la compagnie de courtage maritime italienne Branchero Costa. « La tendance récente est de réduire la vitesse des navires pour réduire la consommation de carburants », explique-t-il, concluant : « Au bout du compte, tout le monde est content de faire la queue » pour passer le canal de Suez, « pourvu que l’on paye moins cher ».
Pour Sissi, ce « nouveau canal » vise aussi à assoir sa légitimité sur la scène internationale. Il présente ainsi la nouvelle artère comme « le cadeau de l’Égypte au Monde ».