Dans la famille Thill, l’aîné va-t-il prendre la même épaisseur que ses frangins, cette semaine ?
Sébastien Thill va-t-il se payer un nouveau costard, en cette fin de mois de mars ? Un beau, plus large aux épaules… Lui qui a regoûté en novembre dernier contre l’Azerbaïdjan et l’espace de dix petites minutes aux joies de la sélection pour la première fois depuis le 9 juin 2017 et une claque à Rotterdam face aux Pays-Bas a bien changé. Holtz l’a rappelé en fin d’année 2020 seulement après que l’attaquant s’est décidé à tuer l’amateur d’apparence laxiste qu’il était, dans le but d’embrasser une tardive carrière pro, dans l’obscure club de Tambov. Mais c’est en conquérant bien plus armé qu’il revient, en ce début d’année 2021.
L’ancien Niederkornois s’est tellement fait violence en quelques mois, a tellement changé, qu’il a décidé de casser son contrat en D1 russe pour épouser une logique du jusqu’au-boutisme : bienvenue au Sheriff Tiraspol, équipe tellement installée dans la culture de la victoire (même si c’est «seulement» en Moldavie) que le choix semblait le mettre en danger sportivement. Or non : il est devenu titulaire en puissance chez un futur champion et donc un futur concurrent des éliminatoires de la Ligue des champions. Il reste dix matches, Tiraspol a neuf points d’avance, c’est comme si c’était fait : «On est trop forts pour ce championnat, admet Thill. Mais ce n’est pas qu’on s’ennuie. Nos adversaires sont acharnés. Ils luttent énormément… jusqu’à ce qu’on mette le premier but.»
Lui en a déjà inscrit deux en matches officiels, dont un élu but de la semaine, un lob de 45 mètres. Une quinzaine de jours plus tard, on lui en parle encore alors qu’il avait mis le même, en plus excentré, le long de la ligne de touche, un soir de match de DN contre Pétange. «Je m’étais retourné, j’avais vu le gardien avancé. Je m’étais dit que si je recevais le ballon maintenant, alors je regarderais une deuxième fois et que s’il était encore avancé, je tenterais ma chance. J’ai reçu le ballon, il était toujours avancé…» La vie sur un terrain est extrêmement simple quand on a une main à la place du pied.
Les kinés ont demandé le maillot de Kiev de Gerson
Mais elle commence à vraiment prendre du relief quand le physique commence à suivre. Et c’est dans ce domaine que «Séba», comme Vincent et Olivier, venus au grand monde bien avant lui, a le plus progressé, s’achetant une qualité qu’on ne l’imaginait pas posséder un jour : du volume physique. «J’ai bien progressé, effectivement. Les séances sont plus physiques et intenses qu’à Tambov, on fait beaucoup plus de fitness aussi. J’ai appris à mieux me servir de mon corps dans les duels et à tout faire plus vite.»
Avant qu’il ne rejoigne les Roud Léiwen, Sébastien s’est fait coincer par les kinés du club, qui œuvraient déjà à l’époque de Gerson Rodrigues en 2018. Ils lui ont commandé un maillot du Dynamo Kiev. «J’espère qu’il l’a apporté», sourit, taquin, Sébastien Thill, qui semble se mettre au niveau de l’héritage laissé en Moldavie par le divin rasta, auteur d’un titre et de performances qui l’ont construit pour aller voir plus haut. Lui et «Séba» partagent le même agent. Ce serait un très bon signe d’apprendre, dans trois ans, que les kinés du Sheriff ont réclamé le maillot de l’aîné des Thill. Ce serait un encore meilleur signe que de le voir nous prouver cette semaine l’énorme différence qui existe désormais entre sa version de 2017, seulement élégante, et celle de 2021, qu’on espère devenue impressionnante.
Julien Mollereau, à Debrecen