C’est la fin d’un long feuilleton administratif. Dans quelques mois, Patrick Andriollo, agriculteur à Audun-le-Tiche, devra se séparer de ses cochons. L’élevage, constitué de quelque 1 000 animaux, est devenu indésirable.
Sa ferme qui fait partie du Gaec des carrières se situe dans le périmètre de protection rapproché de l’exhaure Saint-Michel. Cette source est exploitée par la commune d’Audun-le-Tiche et par le syndicat des eaux Fensch Lorraine (Seaff) pour l’adduction d’eau potable. Ce périmètre de protection fait l’objet d’une demande de déclaration d’utilité publique depuis 2011, sur la base de deux avis rendus par un hydrogéologue agréé.
Le lisier mis en cause
Après dix ans de procédure et malgré les multiples propositions formulées par l’éleveur pour sauvegarder son cheptel, l’expropriation a été prononcée. Le lisier stocké dans une fosse pourrait contaminer les eaux souterraines en cas de mouvement de terrain. Or, les galeries creusées au moment de l’exploitation minière augmentent le facteur de risque. Dans ces conditions, la poursuite de l’élevage s’avère impossible.
En octobre 2019, un comité de pilotage mis en place par le sous-préfet de Thionville a, sur la base d’une étude de la chambre de l’Agriculture de la Moselle, évalué le préjudice à 800 248,20 € pour le Gaec des carrières. Cette somme servira pour moitié à dépolluer et démolir la fosse à lisier. Une autre partie de cet argent sera investie dans la construction obligatoire d’une fumière couverte pour l’élevage de bovins, qui cohabite avec l’élevage porcin. Le reste constitue l’indemnisation financière perçue par l’éleveur et son associé, calculée sur la base de six années d’exploitation.
Qui paye quoi ?
Reste désormais à la commune d’Audun-le-Tiche et au Seaff à trouver la clé de répartition pour l’indemnisation. Les élus audunois espèrent négocier un montant au prorata du volume d’eau exploité, soit 10 %, contre 90 % pour le Seaff. Cette clé de répartition fera l’objet de discussions ces prochains mois.
Ironie du sort, cette déclaration d’utilité publique ne devrait pas remettre en cause l’exploitation de la nouvelle carrière d’Audun-le-Tiche , dont l’emprise se situe de quelques mètres à peine à l’extérieur du périmètre de protection.
Damien Golini (Le Républicain Lorrain)