Le triathlète luxembourgeois est très motivé pour reprendre… mais il ne sait pas quand ce sera possible.
Il y a un an pratiquement jour pour jour se déroulait la dernière épreuve «normale» du calendrier. Alors que l’épreuve de Sarasota, une semaine plus tôt, avait été annulée, celle de Mooloolaba, en Australie, a pu se dérouler, puisque la pandémie de coronavirus n’avait pas encore atteint les antipodes. C’est la dernière fois que Bob Haller a terminé un rendez-vous international. Alors que son compatriote Stefan Zachäus se hissait à une superbe 13e place, qui lui permettait d’intégrer une place virtuelle pour les JO, le triathlète d’Imbringen se classait lui 21e à 1’19″ du Néo-Zélandais Ryan Sissons… avant que la fédération internationale (ITU) décide finalement de ne pas compter ces points.
La suite ? Un retour précipité au Luxembourg avant que toutes les frontières se referment. Et le début d’une période très particulière, au cours de laquelle Bob Haller va prendre une décision lourde de conséquences : après s’être entraîné en rejoignant ponctuellement des groupes aux quatre coins de la planète et s’être installé au Portugal plusieurs années, il a choisi de rentrer au pays et de s’entraîner avec Thomas Andreos, l’entraîneur national.
Et même s’il a dû composer avec un souci à la hanche et qu’il a abandonné lors de sa seule apparition post-confinement, lors des championnats du monde un peu improvisés à Hambourg au sortir de l’été, le sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise se montre très satisfait de cette collaboration avec le technicien français : «Je suis super content de la manière dont ça se passe. Thomas réagit à tout ce que je dis, il est à l’écoute.»
Avec la Coque, le LIPHS, le HPTRC, j’ai tout ce dont j’ai besoin
Et pour Bob Haller, régulièrement en proie à des pépins physiques, tout se passe pour le mieux depuis de longs mois : «Après Hambourg, comme j’avais encore mal à la hanche, on a décidé de faire une pause. J’ai repris après deux semaines de vacances et depuis je n’ai pas raté une seule séance importante. J’ai peut-être été malade trois ou quatre jours.»
S’il a décidé de rentrer au pays, c’est également parce qu’il sait qu’il dispose de conditions d’entraînement et surtout d’infrastructures de très haut niveau : «Avec la Coque, le LIHPS, le HPTRC, j’ai tout ce dont j’ai besoin», confirme-t-il. Seul manque peut-être un peu de soleil. Et de chaleur.
C’est pour cela qu’au mois de décembre dernier, triathlète et entraîneur se sont envolés à destination de Fuerteventura, en emmenant dans leurs bagages les cyclistes Colin Heiderscheid et Arthur Kluckers. Pendant plusieurs semaines, Bob Haller a pu s’entraîner sous le soleil, même s’il a eu du mal avec la piscine : «Il y a un truc que je n’ai pas trop aimé. Mais au bout de deux semaines, j’ai retrouvé mes sensations et j’ai même fait un nouveau meilleur chrono sur le 400 m.»
Après deux semaines en décembre, il a enchaîné avec trois autres en février, toujours aux Canaries. Faute de mieux : «J’étais content de pouvoir participer aux championnats nationaux de cross, mais tout a été annulé au dernier moment. Les grandes nations parviennent à organiser des compétitions et pas nous, alors qu’on est trente au départ. Maintenant, c’est facile de critiquer et de juger et je ne veux pas le faire, car je ne connais pas les tenants et les aboutissants, mais c’est dommage pour les athlètes et pour les gens…»
À 28 ans, le triathlète grand-ducal sait que la récupération est une phase au moins aussi importante que l’entraînement. C’est ainsi qu’avec son entraîneur, ils recherchent les meilleures solutions pour réaliser de bons blocs d’entraînement «sans être en sur-fatigue».
L’entraînement, c’est bien. Mais évidemment, la finalité d’un entraînement, c’est la compétition. C’est d’ailleurs en fonction du calendrier de l’ITU qu’a été décidé ce stage de trois semaines à Fuerteventura : «L’idée était de faire le stage, rentrer deux semaines à la maison et prendre l’avion afin de partir pour le Japon, où devait se dérouler la première Coupe du monde, le 20 mars. Mais l’ITU l’a annulée en indiquant que le ranking mondial et olympique ne reprendrait qu’au mois de mai», peste le Luxembourgeois.
Résultat, un horizon des plus incertains. Et une capacité d’adaptation obligatoire : «Pour le moment, le prochain rendez-vous, c’est une Coupe d’Europe en Espagne à Melilla. Ce serait bien, ça nous permettrait d’avoir une compétition avant le mois de mai pour savoir où on en est et pour reprendre un rythme de course.» Bob Haller est en effet lancé dans une course contre la montre un peu désespérée. Actuel 94e du classement olympique, il lui sera très compliqué d’aller à Tokyo. Pour rappel, le dernier concurrent actuellement qualifié est l’Irlandais Russel White, qui pointe au 58e rang, juste devant le meilleur Luxembourgeois, Stefan Zachäus, qui paraît clairement le mieux placé pour briguer une place au Japon.
Pour remonter au classement, Bob Haller doit faire des résultats dans les épreuves les plus cotées, à savoir les World Triathlon Series (WTS). Problème : son classement actuel ne lui permet pas de figurer sur la liste de départ de ces courses. Au mieux, il peut prendre le départ des Coupes du monde… qui se réduisent comme peau de chagrin : «Yokohama (16 mai) est maintenu, tout comme Leeds (6 juin). En revanche, Montréal, prévu au mois de juin, est reporté au mois d’août (NDLR : donc, après les JO). S’ils commencent à enlever les courses, ça devient de plus en plus compliqué.»
Je m’entraîne chaque jour et je ne sais même pas si je pourrai faire une compétition
Avec son classement, il n’est même pas certain de pouvoir intégrer les Coupes du monde. En effet, avec le très peu de courses au programme, les places seront chères. D’où un certain fatalisme de Bob Haller : «On s’est préparés tout l’hiver pour être prêts au mois de mars. Là, on repousse la première course. Je suis là, je m’entraîne chaque jour et je ne sais même pas si je pourrai faire une compétition.»
Bien sûr, il ne va rien lâcher. Mais sait que Tokyo, ça risque d’être très, très compliqué. Du coup, il a d’ores et déjà le regard tourné vers Paris. Qui devrait être son dernier défi : «C’est le prochain but. D’abord je me concentre sur cette année, mais clairement, sur le long terme, je regarde vers Paris. Dès le moi de mai 2022, c’est le début des qualifications et deux ans plus tard, on y sera.»
Avant de se focaliser sur Paris, Bob Haller, qui se dit en pleine forme, attend une communication de l’ITU qui devrait dévoiler dans les tout prochains jours le calendrier définitif (pour le moment du moins) pour cette année. Histoire de savoir sur quel pied danser. Et de savoir enfin pour quoi il s’entraîne.
Romain Haas
18 avril : Melilla (Esp/Coupe d’Europe) 23 mai : Lisbonne (Por/Coupe du monde) 30 mai : Arzachena (Ita/Coupe du monde) 13 juin : Huatulco (Mex/Coupe du monde) 20 juin : Kitzbühel (Aut/Championnat d’Europe)Son programme (provisoire)